La multinationale Caterpillar annonce la fermeture de son site de Charleroi
Des engins de chantier pour terrains de luttes ?
Mis en ligne le 5 octobre 2016 Convergences Entreprises
La direction de l’entreprise multinationale Caterpillar, qui fabrique des engins de chantier, vient d’annoncer la fermeture de son site industriel près de Charleroi en Belgique. Ce sont 2 200 travailleurs de l’entreprise auxquels il faut ajouter 3 000 travailleurs des entreprises sous-traitantes qui vont se retrouver sans travail dans une région où le taux de chômage est de 13,4 % !
Ce n’est pas une petite entreprise en difficulté : près de 100 000 travailleurs dans le monde. C’est aussi une entreprise qui fait des bénéfices : en 2015, plus de 2 milliards de dollars, en baisse certes mais aussi parce que 900 millions de dollars ont été déduits pour financer les restructurations dans le monde. Cette entreprise aurait bénéficié, en plus des aides, d’une réduction d’impôts en Belgique, estimée à 150 millions d’euros.
Pour justifier la fermeture du site de Charleroi, la direction annonce que les ventes de ses engins ont diminué. On connaît ce refrain, c’est le même chanté par les patrons d’Alstom pour justifier la fermeture du site de Belfort. Les matériels se vendent moins… alors on licencie. En fait, si les engins se vendent moins, c’est le chiffre d’affaire qui va diminuer et les bénéfices de l’entreprise qui vont dans la poche des actionnaires qui vont baisser. Alors l’entreprise ferme les usines, licencie les ouvriers pour économiser 1,5 milliards de dollars par an et soigner ses actionnaires.
Les réactions à l’annonce de cette fermeture, du côté des hommes politiques, sont toujours les mêmes : il faut trouver un repreneur, il faut que la direction s’explique devant le Parlement, il faut que les terrains puissent être récupérés, il faut répartir le travail entre les entreprises du groupe, etc.
Tous dénoncent ce scandale d’une entreprise qui fait des bénéfices et licencie, mais personne ne propose une politique pour les travailleurs contre les licenciements.
10 000 manifestants à Charleroi le 16 septembre
Et pourtant. 10 000 personnes ont manifesté vendredi 16 septembre dans les rues de Charleroi, dont des délégations syndicales venant d’autres entreprises de Belgique, ainsi que celle de Caterpillar venue de Grenoble, pour protester contre cette fermeture. À ces milliers de manifestants pourraient s’ajouter ceux des entreprises qui, en Belgique, viennent aussi d’annoncer des mesures de licenciements. C’est le cas des salariés de Jacobs Dowe Egberts qui ferme son usine, de la chaîne de boutique MS Mode qui annonce sa faillite (200 emplois), dans les assurances avec AXA (650 emplois en moins en deux ans) et P&V (300 emplois en moins), fermeture de Halliburton (50 emplois), de Dana (40 emplois), d’Eurostation (40 emplois) et de CP Bourg (88 personnes licenciées). Au total, depuis début septembre 2016, 4 020 travailleurs sont menacés de chômage ! Sans compter, les salariés des entreprises sous-traitantes ! Regrouper ces travailleurs sur le terrain des luttes, un chantier nécessaire. Et Caterpillar, la plus grosse de ces entreprises, pourrait en être le moteur.
20 septembre 2016, Paul GALLER
Charleroi, ville musée ?
Quand on arrive à Charleroi, difficile de ne pas être frappé par le délabrement de certaines routes et l’impression se confirme au centre-ville à voir l’état de certains immeubles.
Mais certains bâtiments témoins du temps de l’expansion industrielle passée (fin du XIXe — début du XXe siècles) ont été restaurés. Et la « Maison des 8 heures », immense salle de brasserie et haut lieu du mouvement socialiste local, est toujours là, un peu désuète. Quant au site minier du bois du Cazier, à Marcinelle (où il y eut une très grande catastrophe minière qui fit 262 morts dont 136 italiens le 8 août 1956), il a été transformé en un très intéressant musée de la mine et du verre. Difficile donc d’ignorer le passé minier et verrier de la ville.
Les nombreux musées de la ville (dont un intéressant musée de la photographie) et la mise en valeur de sa tradition de la bande dessinée (les éditions Dupuis sont nées à Marcinelle) ne suffisent pas à rendre « attractive » l’agglomération.
Et si la population de l’agglomération reste stable, c’est plutôt à cause d’un coût du logement bien plus bas qu’à Bruxelles, distante de 60 km et où vont travailler chaque jour des milliers de Carolorégiens.
Depuis 2008, la municipalité a engagé des grands travaux pour « restructurer » et réanimer le centre-ville. Mais pas sûr que les projets aillent à leur terme dans une agglomération où le taux de chômage officiel reste supérieur à 13 %, où plus du quart des habitants ont un revenu annuel inférieur à 10 000 €, si Caterpillar massacre 5000 emplois.
Félix ROLIN
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