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Il y a 150 ans : la Commune de Paris
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Le 21 mai 1871, 70 000 soldats versaillais entrent dans Paris par le bastion du Point-du-Jour, laissé sans surveillance. Les Communards ont beau dresser des barricades et se défendre de manière acharnée, ils n’arrivent qu’à retarder l’avancée inéluctable des Versaillais, plus nombreux, plus organisés, mieux équipés. Mais l’armée versaillaise ne se contente pas de reprendre possession militairement de la capitale : elle met la ville à feu et à sang pendant une semaine. Commence la « semaine sanglante ».
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(Article paru dans Convergences révolutionnaires no 137. ) L’expérience de la Commune de Paris, c’est celle des exploités arrivés au pouvoir pour la première fois.
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72 petits jours qui ont fait couler beaucoup d’encre et pour cause : ce n’est pas – encore – tous les jours que le prolétariat est au pouvoir !
L’encre, trempée dans le sang des communards, est surtout versaillaise dans un premier temps : de Zola à George Sand, la littérature anti-communarde est un genre à part entière. À lire sur le sujet, le livre de Paul Lidsky, Les écrivains contre la commune.
Au fur à mesure, s’accumulent les souvenirs de communards qui apportent un démenti frontal aux inventions -
1860
Rattachement de Belleville, Montmartre et Charonne à Paris. De 1860 à 1870, la population parisienne double, atteignant presque deux millions d’habitants.
25 mai 1864
Le droit de grève est toléré sous certaines conditions. Les coopératives et les mutuelles ouvrières se multiplient ainsi que les grèves.
29 septembre 1864
Fondation de l’Association internationale des travailleurs à Londres.
6 juin 1868
Autorisation des réunions publiques (sous stricte surveillance).
12 janvier 1870
Obsèques de -
(Élisabeth Dmitrieff en 1871)
Sous le titre Élisabeth Dmitrieff, aristocrate et pétroleuse, est paru aux éditions Belfond, en 1993, l’ouvrage de la journaliste et historienne Sylvie Braibant sur cette femme russe souvent présentée comme « égérie » de la Commune de Paris. Cette biographie d’Élisabeth Koucheleva (c’était son vrai nom, Dmitrieff étant un nom d’emprunt), ne dit pas énormément de choses sur la participation du personnage aux événements révolutionnaires ni sur ses idées. Élisabeth est arrivée à -
Consultable sur Internet : https://gallica.bnf.fr/ark :/12148/bpt6k36518g/f4.item.texteImage
Un témoignage. L’auteur se définissait comme « républicain socialiste ». Le 18 mars, il vint à Paris où il continua l’activité journalistique qui lui avait valu de la prison sous le Second Empire. Il publia les six numéros de L’Action (4 au 9 avril) et plus tard Le Tribun du Peuple (17 au 24 mai). Il prit part du 25 au 28 mai, à la bataille de rue, d’abord sur les barricades du XIe arrondissement puis sur -
L’Insurgé est le troisième et dernier tome d’une trilogie (avec L’Enfant et Le Bachelier) à la fois romanesque et largement autobiographique. Le personnage principal et narrateur Jacques Vingtras n’est autre que le double littéraire de Jules Vallès.
Vingtras est journaliste. Enfin, il essaie de l’être, à l’heure où le Second Empire décrépit tente de se refaire une popularité par une politique en apparence plus libérale, mais toujours aussi autoritaire. Or, Vingtras a le tort d’avoir une plume et surtout des -
Victorine Brocher est déclarée officiellement morte par l’état-civil en mai 1871. Si l’armée versaillaise crut fusiller plusieurs « Victorine B. », la « vraie » réussit en réalité à s’enfuir de Paris après la Semaine sanglante. Ses souvenirs, publiés en Suisse en 1909, sont à ce titre celles d’une « morte vivante ».
Ce livre est tout à fait différent des souvenirs de communards illustres – qui ont souvent occupé des postes de responsables – ou des ouvrages d’historiens. Victorine B. est une femme du peuple qui -
C’est la nuit surtout que le combat devient furieux, écrits d’Alix Payen rassemblés et présentés par Michèle Audin
Libertalia, 2020, 128 p., 8 €
Par un formidable travail d’archives, la romancière Michèle Audin reconstitue le quotidien « à chaud » de la famille Millet à travers les correspondances familiales de décembre 1870 à fin mai 1871. Alix Payen, une des filles de cette famille petite-bourgeoise et fouriériste, s’engage comme infirmière dans un bataillon de la garde nationale pour défendre Paris et suivre son mari. À travers les relations épistolaires familiales, on voit, dans la continuité de la guerre contre la Prusse, s’aiguiser une -
Dans son histoire de la Commune, Louise Michel nous fait découvrir, à travers ses yeux, les yeux d’une militante révolutionnaire, l’expérience communarde de 1871.
Documents à l’appui, elle dresse le portrait lamentable d’un Empire en décomposition qui s’écroule sur lui-même, et celui, magnifique, des internationalistes qui organisent les masses malgré la répression impériale.
Quand en septembre la foule parisienne impose aux puissants une République qu’ils craignent, la militante anarchiste nous montre -
Mes cahiers rouges au temps de la Commune, de Maxime Vuillaume
Actes Sud, 1998, 533 p., 10,70 €
Maxime Vuillaume est un journaliste de la Commune. Un de ceux qui ont fait renaître le Père Duchêne, le mythique « marchand de fourneaux » créé par un autre révolutionnaire, Hébert, d’une autre révolution, celle de 1793. Le ton consensuel de Vuillaume tranche d’ailleurs avec la gouaille, un chouïa vulgaire, de son journal. Mais la restitution qu’il fait des évènements et de l’ambiance est précieuse.
Il revient longuement sur l’épisode des « otages », à peine plus de 70 « bougres » massacrés durant la Semaine -
Jean Allemane est une figure un peu à part dans l’histoire du mouvement socialiste d’avant 1914. La petite organisation qu’il dirige avant la fusion de tous les groupes socialistes dans la SFIO en 1905 se classe plutôt dans l’aile réformiste. En ce début du 20e siècle – la première édition du livre date de 1906 –, Allemane est déjà un vétéran âgé d’une soixantaine d’années, dont les deux tiers au moins de vie militante. Il est créateur et administrateur de coopératives de production, quelqu’un pour qui le
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Eugène Varlin, ouvrier relieur 1839-1871, textes présentés par Michèle Audin
Libertalia, 2019, 488 p., 18 €
En rassemblant tous les écrits d’Eugène Varlin, sans doute le plus célèbre militant français de la Première Internationale des années 1860, Michèle Audin livre « comme une autobiographie de l’Internationale en France ». La succession de textes de toute nature – lettres, comptes-rendus d’interventions orales, longs articles et proclamations officielles – donne à sentir, à travers le parcours de Varlin, la force d’une classe ouvrière en éveil ainsi que sa vie politique et militante.
Ce recueil de textes nous -
Début avril, à la première séance du Conseil de la Commune, un cas pose question : les électeurs parisiens ont porté leurs suffrages sur un ouvrier de l’orfèvrerie qui n’a pas la nationalité française… Que faire ? La Commune finit par valider à l’unanimité son élection. Un acte internationaliste souligné par Karl Marx.
Le jeune ouvrier hongrois ainsi élu se nomme Léo Frankel. C’est à ce « communard sans frontières » que Julien Chuzeville consacre une biographie, la première en français. L’action de Frankel -
Consultable et téléchargeable gratuitement sur Internet : https://www.marxists.org/francais/ait/1871/05/km18710530.htm
Un texte écrit à chaud (13 juin 1871) par Karl Marx moins d’un mois après la Semaine sanglante, qui vit les troupes versaillaises massacrer entre 20 000 et 30 000 communards, hommes, femmes et enfants. Au nom du conseil général de l’Association internationale des travailleurs (AIT, la Première Internationale), il prend vigoureusement la défense des communards alors que toute la -
Édité en mars 1924 à la « Librairie du Travail », proche du Parti communiste. Talès était un militant syndicaliste révolutionnaire qui avait rejoint le Parti communiste au Congrès de Tours et devait le quitter quelques années plus tard lors de la stalinisation. Son livre souligne les hésitations, les querelles et les erreurs des dirigeants de la Commune. Car, expliquait-il dans une lettre à Jean Maîtron le 28 juin 1971, « les défaites du prolétariat font toujours penser à la Commune qui a montré […] la
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1871. La Commune et la question militaire, textes de Cluseret et Rosset rassemblés et présentés par Patrick Kessel
10-18, 1971, 381 p.
Ce recueil constitué et présenté par un militant maoïste des années 60-70, Patrick Kessel, compile des textes sur les aspects militaires de la Commune de Paris, tout particulièrement ceux écrits par deux acteurs des évènements, tous deux délégués à la guerre de la Commune, tous deux anciens soldats de l’armée régulière.
À votre gauche, Gustave Cluseret, délégué au mois d’avril, passant à la postérité comme étant louche et peu recommandable et qui se révèle à la lecture des textes un esprit un peu schématique, -
Où l’on découvre que, à leur grande majorité, les écrivains et journalistes de l’époque de la Commune s’y sont montrés hostiles et souvent haineux.
Seuls Rimbaud et Verlaine, les poètes, ont sympathisé avec la Commune, quand Victor Hugo, opposant à Napoléon III devenu républicain, est resté neutre, refusant les « excès » de la Commune mais accueillant les exilés.
Tous les autres se sont déchainés, faisant corps avec la bourgeoisie menacée. Normal quand il s’agissait de royalistes ou conservateurs… Plus étonnant -
La Première Internationale et la Commune à Lyon, de Maurice Moissonnier
Éditions Sociales, 1972, 402 p.
Cette étude historique, écrite par un proche du Parti communiste français spécialiste du mouvement ouvrier lyonnais, est en deux parties.
D’abord, il porte sur la montée de l’Internationale dans la classe ouvrière durant les dernières années de l’Empire, parallèlement à l’affirmation de cette même classe ouvrière à l’occasion de grèves économiques de plus en plus nombreuses. Les ovalistes – ouvrières de la soie – qui adhèrent en bloc à l’Internationale en juillet 1869 en sont la meilleure illustration. -
Consultable sur Internet : https://gallica.bnf.fr/ark :/12148/bpt6k49744.image
Si l’auteur prend soigneusement soin dans son avant-propos de marquer son opposition à la Commune, il faut lui reconnaître un véritable talent d’observateur, qu’il utilise pour rendre compte de l’ébullition qui règne dans la capitale pendant le siège de Paris dans les clubs politiques.
Ces « clubs » sont nés dans le prolongement des réunions publiques autorisées sous étroite surveillance par Napoléon III en 1868 : elles -
Communes de province, Commune de Paris 1870-1871, de Jeanne Gaillard
Flammarion (Questions d’histoire), 1971, 183 p.
On trouve encore cet intéressant ouvrage chez les bons bouquinistes à un prix inférieur aux 15 euros demandés par Amazon. Depuis, d’autres historiens se sont penchés sur cette question, quelque peu tenue dans l’ombre de la Commune de Paris, des autres Communes en France (et même récemment de l’impact international de la lutte des communards). Mais l’intérêt du livre de Jeanne Gaillard est de poser de manière claire et synthétique une série de problèmes à la fois historiques – c’est une historienne – et -
La semaine sanglante : mai 1871, légendes et comptes, de Michèle Audin
Libertalia, 2021, 264 p., 10 €
Le fil rouge de ce nouvel ouvrage sur la Commune de Paris de Michèle Audin est une question simple : combien de communards l’armée versaillaise a-t-elle tuée pendant la Semaine sanglante ?
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On entre dans Belleville au milieu du mois d’août 1870 à bord d’une carriole de paysans qui fuient leur ferme devant l’arrivée des casques à pointe prussiens. On en repart à la fin du mois de mai – ou au début du mois de juin, tout se mélange –, en cachette, pour échapper aux baïonnettes de Versailles. Entre les deux, on suit à la trace le jeune Florent et les habitants de l’impasse du Guet, concentré du Paris révolutionnaire.
Rédigé au jour le jour, on vit à hauteur d’homme – et de femme – tous les -
Montmartre, janvier 1871. Au nom de l’effort de guerre, les travailleurs ont vu leurs conditions de vie se détériorer. Après tous les sacrifices endurés pendant le siège de Paris, l’armistice signé par Thiers avec la Prusse catalyse la colère des ouvriers. Paris a faim mais n’entend pas se rendre. Pascal, 15 ans, ouvre les yeux sur le monde en voyant la colère et la tristesse de son père, appelé familièrement père Clarisse, militant à l’Association internationale des travailleurs.
Dans ce roman pour la -
Ce roman d’aventures est celui de la vie de Maxime Lisbonne (1839-1905), « comédien et pourquoi pas saltimbanque » mais aussi soldat et révolutionnaire, ami de Louise Michel, qui a participé activement à la Commune, laissé pour mort sur la barricade du Château-d’Eau.
La partie consacrée à la Commune est vue à travers les yeux de Lisbonne, homme d’action nommé colonel d’un bataillon qui prend le nom des « Turcos de la Commune » à cause de la présence de zouaves parmi eux. Il est donc beaucoup question de la -
Ce roman noir se déroule pendant les dix derniers jours de la Commune de Paris en mai 1871.
Des jeunes femmes disparaissent, enlevées.
Antoine Roques, relieur de métier mais élu « délégué à la sureté » (policier donc !) car « sage, avisé et fiable » mène l’enquête.
Le rythme du récit est scandé par la violence des combats de l’assaut des Versaillais partout dans la ville.
L’ambiance de Paris pendant la Commune, fiévreuse et agitée, est parfaitement rendue.
L’intrigue policière est un peu glauque, mais elle -
26 mars 1871, la Commune est élue dans les arrondissements parisiens. Pour reprendre les mots de Jules Vallès, « quelle journée ! Ce soleil tiède et clair qui dore la gueule des canons, cette odeur de bouquets, le frisson des drapeaux ! le murmure de cette révolution qui passe tranquille et belle comme une rivière bleue… ».
« Rivière bleue » qui donne donc son titre à ce livre à nul autre pareil. Le roman de Michèle Audin nous propulse au cœur de la Commune, au plus près de la vie des communards : leur -
Josée Meunier, 19, rue des Juifs, de Michèle Audin
Gallimard (l’Arbalète), 2021, 208 p., 17 €
Nous sommes en juillet 1871, à Paris, au petit matin, une perquisition a lieu dans un immeuble, le 19 de la rue des Juifs (4e arrondissement). Le commissaire de police, Victor Berlioz, et ses hommes, recherchent des criminels : trois communards.
En effet, la traque de tous ceux qui n’ont pas été fusillés ou arrêtés lors de la semaine sanglante continue, deux mois plus tard, aidée par les dénonciations anonymes. Ce jour-là, la police fait chou blanc et le roman commence avec une longue liste de -
Les damnés de la Commune, de Raphaël Meyssan
Delcourt, (t. 1) 2017, 145 p., 23,95 €, (t. 2) 2019, 144 p., 23,95 € (t. 3) 2019, 176 p., 23,95 €
Un roman graphique comme nul autre de par son procédé artistique : les dessins sont intégralement composés de gravures issues de journaux et de livres du XIXe siècle. Nous voilà pendant trois tomes captivés par le récit de l’auteur qui part sur les traces de son « voisin » bellevillois, un communard qui a habité son immeuble il y a un siècle et demi. Raphaël Meyssan se met en scène partant sur les traces d’un dénommé Lavalette, un ouvrier aux sympathies blanquistes, élu au comité central de la Garde -
Communardes ! de Wilfrid Lupano (scénario)
Vents d’Ouest, (t. 1) 2015, 56 p., 14,50 €, (t. 2) 2015, 56 p., 14,50 €, (t. 3) 2016, 56 p., 14,50 €
Cette série de trois BD a été écrite par Wilfrid Lupano et illustrée par des dessinateurs différents pour chaque volume.
Chacun aborde des aspects différents de la participation des femmes à la Commune de Paris et suit des femmes de différents milieux sociaux.
Le premier, Les Éléphants rouges, dessiné par Lucy Mazel, se déroule pendant le siège de Paris par les Prussiens, lors du terrible hiver 1870. On y suit Victorine, une enfant qui rêve d’une vie d’égalité avec les hommes, et sa mère qui l’élève -
Des graines sous la neige, de Laëticia Roussel et Rolan Michon
Locus Solus, 2017, 144 p., 20 €
Dans cette bande dessinée, les auteurs retracent la vie et les combats d’une communarde méconnue, Nathalie Lemel. Cette dernière grandit à Brest où ses parents tiennent une taverne. Elle s’y politise au contact des ouvriers des arsenaux et au gré de ses lectures. Devenue libraire à Quimper, elle participe au bouillonnement des idées révolutionnaires de l’époque sous le Second Empire. La misère la pousse à rejoindre Paris, comme bien des Bretons. On la retrouve alors en première ligne dans les grèves des -
Ni Dieu ni maître : Auguste Blanqui, l’enfermé, de Maximilien Le Roy et Loïc Locatelli Kournwsky
Casterman, 2014, 214 p., 23 €
Il est parfois bien difficile de se repérer parmi les 50 nuances politiques du mouvement ouvrier français pendant la Commune ! Parmi ces tendances, les « blanquistes » jouent un rôle de premier plan, même en l’absence de Blanqui. Et pour cause : le « vieux », de tous les combats de son siècle, s’est fait arrêter et emprisonner le 17 mars, un jour avant le début de la Commune. Celle-ci proposera pendant deux mois au gouvernement de Thiers d’échanger Blanqui contre 74 prisonniers pro-versaillais, dont -
Commune de Paris, Karambolage, Arte
https://www.arte.tv/fr/videos/088562-000-A/l-histoire-la-commune-de-paris/
Raconter en cinq minutes l’histoire de la Commune de Paris ? Un défi surmonté avec brio et clarté par l’historienne Laure Godineau, dont le récit s’appuie sur une infographie très bien réalisée ! À visionner pour se rappeler du déroulé des événements, depuis la guerre franco-prussienne jusqu’à la semaine sanglante en passant par les 72 jours de la Commune au pouvoir. Henri Guillemin, conférences -
Le blog de Michèle Audin
https://macommunedeparis.com
Michèle Audin est une mathématicienne retraitée qui s’est faite spécialiste de la Commune de Paris. On lui doit plusieurs ouvrages marquants qui se caractérisent tous par une érudition exceptionnelle sur les événements et une attention particulière portée aux anonymes et invisibles de la Commune : la « petite » histoire y côtoie en permanence la grande. Son blog est à ce titre une mine d’or pour tout amateur de la Commune qui y trouvera immanquablement