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Accueil > Il y a 150 ans : la Commune de Paris

Souvenirs d’une morte-vivante, de Victorine Brocher

Libertalia, 2017, 348 p., 10 €

Mis en ligne le 18 mars 2021 Culture

Victorine Brocher est déclarée officiellement morte par l’état-civil en mai 1871. Si l’armée versaillaise crut fusiller plusieurs « Victorine B. », la « vraie » réussit en réalité à s’enfuir de Paris après la Semaine sanglante. Ses souvenirs, publiés en Suisse en 1909, sont à ce titre celles d’une « morte vivante ».

Ce livre est tout à fait différent des souvenirs de communards illustres – qui ont souvent occupé des postes de responsables – ou des ouvrages d’historiens. Victorine B. est une femme du peuple qui traverse deux révolutions : celle, enfant, de 1848, puis la Commune de 1871 où elle s’engage comme ambulancière dans la Garde nationale.

Elle commence par relater la vie d’une famille républicaine après 1848, entre le harcèlement policier permanent sous le Second Empire et l’effervescence des réunions politiques dans les milieux républicains et internationalistes. Tout en essayant de survivre au quotidien.

Pendant la guerre franco-prussienne, une fois la République proclamée le 4 septembre, elle s’engage comme ambulancière pour pouvoir participer aux combats au sein de la Garde nationale. Si ses souvenirs prennent par moments des accents nationalistes, Victorine B. symbolise cette ambiguïté entre volonté de « défendre la France » et plaidoyer contre la guerre : « Maudits soient ceux qui ont inventé la guerre. Les héros de ces tristes épopées sont légions, ce sont nos fils, les inconnus. Pourquoi cette excitation, cette haine imbécile qu’on entretient, en tout pays, dans l’esprit des enfants et des hommes ? Ne serait-il pas mieux que tous les peuples aient le sentiment de l’amour et qu’ils eussent le respect de la vie humaine ? Assurément tout irait mieux. Un jour viendra, je l’espère, où nous aurons une société mieux organisée. […] Quand cet heureux temps viendra, nous toucherons au port, et nous serons prêts à atteindre l’idéal suprême, la paix universelle. »

La dernière partie du livre revient sur la Commune proprement dite que Victorine B. vit surtout au front qui oppose les Gardes nationaux fédérés et les armées versaillaises. Le courage et la détermination des communards sont entravés en permanence par la désorganisation, le manque d’équipements militaires, les ordres contradictoires… Le récit de la Semaine sanglante est poignant : on y suit Victorine B. errer dans Paris au milieu des exécutions sommaires réalisées par les Versaillais.

Des souvenirs qui nous permettent de vivre les années 1860 et la Commune à « hauteur de femme ».

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Il y a 150 ans : la Commune de Paris