21 janvier et 4 février : tous ensemble pour défendre nos emplois et le service public
Michelin, Renault, Bridgestone, Total, Sanofi, TUI… Pas une journée ne se passe sans une annonce de suppressions d’emplois. La faute au covid, à la transition énergétique, à la concurrence étrangère ? Des prétextes qui masquent la rapacité patronale. Il n’y a aucune fatalité : la mobilisation collective du monde du travail pourrait stopper les suppressions d’emplois.
« Zéro licenciements » ? Mais 1 million de chômeurs supplémentaires !
La liste des suppressions de postes s’allonge mais, à les entendre, aucun grand groupe ne licencie. Immaculée conception de chômeurs baptisée « zéro licenciements » par Total, qui s’apprête à supprimer 700 emplois à la raffinerie de Grandpuits (77). Les combines ne manquent pas pour licencier sans licencier, sans payer le coût associé d’un plan dit social : départs au volontariat forcé, ruptures conventionnelles, restructurations qui poussent à la démission, licenciements sous prétexte disciplinaires, fin de mission d’intérim, fin de CDD, etc. Une hécatombe dont les effets se cumulent avec les vraies faillites de petites entreprises et les coupes incessantes dans des services publics : les suppressions d’emplois à la SNCF, c’est trois Bridgestone chaque année depuis vingt ans !
Un crime social subventionné par l’État
Ce chômage de masse est une opportunité pour imposer baisses de salaires et dégradations des conditions de travail à l’ensemble des salariés. C’est une arme pour faire pencher le rapport de forces en faveur du patronat. Et qu’importent ses effets dévastateurs : les queues qui s’allongent devant les soupes populaires, le désespoir de la jeune « génération covid » ou la montée des idées réactionnaires qui fleurissent sur le terreau de la misère. Le gouvernement accompagne, justifie et subventionne ce crime social. Aides publiques, baisse des impôts sur les sociétés, prêts garantis et crédits d’impôts (notamment à Total et Renault pour la prétendue « transition énergétique »), et quasi rien pour les services publics. Sa politique consiste à faire payer au contribuable les licenciements dans les grands groupes ! Mais les ministres jouent la comédie du « nationalisme économique ». Bruno Le Maire se vante d’avoir repoussé l’envahisseur Québécois qui voulait racheter Carrefour – et alors ? Ce carrefour bien français qui touche des millions de l’État a supprimé 3000 emplois en 2019. Son concurrent Auchan, bleu-blanc-rouge aussi, a supprimé 1500 postes cette année, tombés pour enrichir la famille Mulliez… Qui n’est pas québécoise ! La lutte pour l’emploi est une lutte de classe, salariés contre patronat et gouvernement, la nationalité des uns ou des autres n’y change rien.
Du travail décent pour tous plutôt que la course au profit et la casse du service public
Il n’y a aucune fatalité. Records en bourse, record de milliardaires : de l’argent, il y en a. C’est une affaire de choix politiques. Les travailleurs ont les moyens d’imposer les leurs, même en pleine pandémie. Sans attendre après les promesses électorales qui commencent déjà, sans croire aux mensonges nationalistes, sans illusions sur la « tactique » prônée par tant de dirigeants syndicaux, qui ne proposent que de négocier, entreprise par entreprise, des sacrifices pour les travailleurs contre quelques vagues promesses : en bref, jouer aux moutons pour calmer l’appétit des loups. Si la pandémie a montré une urgence, c’est celle d’embauches massives dans les services utiles à la population, dans tous les secteurs essentiels, notamment la santé et l’éducation. Cela passe par le partage du travail entre tous sans perte de salaire, l’interdiction des licenciements et des suppressions de postes pour en finir avec le chômage. Un programme pour les luttes de l’ensemble du monde du travail. Des syndicats appellent à une journée de grève interprofessionnelle le 4 février. Une occasion à saisir pour poser un jalon d’une telle riposte.
Une voix d’ensemble le 21 janvier 2021 à 14h à Hôtel-Dieu
Depuis le début de la crise sanitaire, les travailleurs de la santé dans leur ensemble ont exprimé leur ras-le-bol à plusieurs reprises et à différents endroits. Comme rarement, nos conditions de travail ont été sous l’œil de la population et des médias et la gestion calamiteuse de l’austérité dans l’hôpital était vue au grand jour, dénoncée par tous. La situation nous permet à tous de mettre un frein à leurs logiques austéritaires criminelles. Regroupons-nous entre les différents services avec nos collègues des différents hôpitaux, cliniques et des autres villes. Montrons ce jeudi dans la rue que le retour à l’anormal est devenu impossible pour nous tous et imposons 300 euros pour tous, des embauches massives, la titularisation des collègues en CDD et l’ouverture conséquente de lits. Seule une réponse d’ensemble fera reculer ces logiques d’asphyxie de l’hôpital et jeudi peut être un point d’appui pour celle-ci. Retrouvons-nous dans la rue, discutons et préparons ce « tous ensemble ».
De nos préoccupations à l’occupation du bloc
Il aura suffi d’une seule journée de grève pour que les infirmières et les aide-soignantes du bloc pédiatrique du CHU de Toulouse obtiennent satisfaction auprès de leur direction. En occupant le bloc pédiatrique lundi 11 janvier, elles ont montré leur détermination et dit leur ras-le-bol. Comme dans tous les hôpitaux en France, elles dénonçaient des conditions de travail impossibles : remaniements constants des plannings, augmentation de la durée des services, sous-effectif devenu ingérable, salaires au rabais lors des week-ends travaillés. Surtout dans une période de crise sanitaire comme celle-ci, le personnel soignant est si nécessaire que lorsqu’on s’arrête tous ensemble, la direction ne peut que se plier à nos exigences. Avant que leur colère ne fasse tâche d’huile dans tous les autres services, la direction a cédé et annoncé le recrutement de 10 infirmières, la stagiairisation de 9 collègues en CDD ou CDI et le paiement des heures supplémentaires des week-ends travaillés. Cette victoire en appellera d’autres, à voir si c’est dans le même service, dans un autre, ou dans d’autres villes ?
D’Argentine à la France : des soignants toujours maltraités
Le directeur du Posadas, plus grand hôpital public du pays situé dans la province de Buenos Aires, continue de relayer le discours gouvernemental : « Nous n’avons jamais saturé, nous n’avons eu à refuser aucun malade ». Pourtant au mois de novembre 2020, l’Argentine est arrivée à occuper la quatrième place des États enregistrant le plus grand nombre de morts par million d’habitants. Les femmes précaires sont surreprésentées parmi les soignants. Et le personnel doit souvent cumuler deux emplois pour en tirer de quoi vivre. Si la situation des travailleurs de la santé argentins lésés par un gouvernement irresponsable fait écho à ce que vit le personnel soignant en France, on ne serait pas surpris que l’exaspération laisse place à la colère et la rue.
La détermination totale des grévistes contre Total
Si l’entreprise de Total pensait continuer à empocher les dividendes, les aides de l’État et supprimer 700 postes à la raffinerie Total de Grandpuits sans faire de vague, c’est raté. Plus de deux semaines de grèves ont passé et la dynamique semble encore montante : 95% des salariés en grève, raffinerie à l’arrêt, une grève sous le contrôle des grévistes et des soutiens extérieurs en nombre. On peut espérer que les efforts déjà entrepris pour renforcer les liens entre équipes militantes et la grève encourageante à Grandpuits, pourront entraîner les dizaines de milliers de travailleurs confrontés à la casse de leur emploi.

