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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 65, septembre-octobre 2009 > La lutte contre les licenciements

La lutte contre les licenciements

Collectifs, coordinations, comités… Quand les boîtes en lutte entreprennent de se coordonner

Mis en ligne le 4 octobre 2009 Convergences Politique

« Un tous ensemble inédit » , « Les New Fabris font l’unité autour d’eux » , « Un collectif contre les patrons voyous » , c’est ce que titre la presse au lendemain de la manifestation du 30 juillet à Châtellerault appelée par les « Fabris ». Et pour cause : pas moins de 43 entreprises représentées, en plein milieu des vacances scolaires, 26 venues de toute la France, le reste de Châtellerault et de la Vienne.

Dès le 23 juillet, jour où ils lancent leur appel à toutes les entreprises concernées par des licenciements, les « Fabris » décident de mettre en place une équipe qui fera des contacts avec les autres entreprises sa priorité. Il reste 6 jours pour établir ces contacts en vue de la manifestation du 30 juillet et pour jeter les premières bases d’un «  Collectif contre les patrons voyous et licencieurs  ». L’équipe des salariés de New Fabris et des militants extérieurs à la boîte venus en soutien multiplient les appels, par téléphone et par mails aux quatre coins de la France. Et rend chaque jour des comptes aux salariés de New Fabris sur les résultats de la journée.

Très vite, la nouvelle notoriété des New Fabris aidant, les premières réponses arrivent : de Freescale, Philips, Ford, Merlin Gérin, Continental, Molex, Renault, PSA, Michelin, SKF, jusqu’au Club Med et bien d’autres, mais aussi d’organisations syndicales, politiques, ou de simples militants qui proposent d’adhérer au collectif, de venir à la manifestation ou simplement expriment leur soutien. Les messages et les mails de soutien sont affichés et recouvrent bientôt les murs d’un des couloirs de l’usine.

En effet, malgré le refus délibéré des fédérations syndicales à relayer l’appel des « Fabris », ce seront de 80 à 90 entreprises déjà en lutte ou en tout cas menacées, qui seront contactées par New Fabris. Parmi elles, plus d’une dizaine apporteront leur adhésion au collectif, plus d’une quinzaine se diront intéressées, la majorité des autres gardera le contact. Pour l’écrasante majorité ce sont des militants syndicaux, CGT, CFDT, FO ou SUD, qui n’ont pas pu compter sur l’aide des confédérations. Leur constat est simple : « Ce serait aux Confédérations syndicales d’appeler à la coordination des luttes, vu qu’elles ne le font pas, c’est à nous de le faire. »

Parmi eux, il y a déjà d’autres collectifs constitués régionalement : notamment le Collectif de Résistance Ouvrière de la Haute-Marne et de la Meuse qui regroupe les entreprises Sodetal, Mc Cormick, Ellat, Ebrex, Rocamat et qui propose une adhésion mutuelle des deux collectifs. Certaines entreprises en lutte, c’est le cas en Bretagne, délaissées par les confédérations syndicales n’ont parfois pas d’autre choix que d’établir des liens entre elles et à leur propre initiative.

Le succès de la manifestation de Châtellerault contribuera ainsi à ce que les New Fabris partent la tête haute le lendemain 31 juillet lorsqu’ils décident malgré ce succès d’arrêter leur mouvement : « Au moins, on aura marqué le coup , dit un Fabris, on aura fichu la trouille aux patrons de toute la France » .

Mais tout reste bel et bien à faire. New Fabris définitivement fermée, le collectif pour exister réellement devra être repris par d’autres entreprises en lutte pour devenir réellement un instrument de coordination et de concertation de ceux qui se battent. Comme le disent certains salariés de New Fabris : « Nous avons posé la première pierre, aux autres de construire le château fort » . De fait, l’idée d’une coordination des boîtes en luttes avait tout autant pour objectif le soutien au New Fabris que de contribuer, ce faisant, à ce que plus un seul New Fabris, Continental, Molex, Goodyear ou JLG ne se retrouve seul face aux licenciements.

La rencontre du 5 septembre à Blanquefort à l’initiative de la CGT de Ford (devenu « First »), adhérente au Collectif, est une première occasion de donner une suite à l’appel des New Fabris, en cette rentrée. Près de 25 entreprises y sont représentées. Pourtant au même moment les pressions des différentes confédérations syndicales se multiplient sur leurs militants pour qu’ils abandonnent partout ces tentatives de coordination entre les militants de boîtes eux-mêmes. Selon elles, ces collectifs, comités ou coordination n’ont vocation qu’à court-circuiter les syndicats. C’est un prétexte, bien sûr, puisque tous ont non seulement dit clairement qu’ils souhaitaient le soutien et même la présence des syndicats, fédérations et confédérations largement invitées. Seul la direction nationale de Sud-Solidaires avait répondu fin juillet à l’appel des Fabris.

Depuis le 8 septembre les ouvriers de fabrication de l’entreprise Freescale à Toulouse, dont l’intersyndicale CGT-CFDT-CFTC avait donné sont adhésion au collectif des Fabris, sont en grève. Sentant comme eux l’importance de briser l’isolement, le comité de grève élu et composé de militants CFDT, CFTC, CGT et de non syndiqués a repris l’idée et l’appel des New Fabris le 14 septembre. Les « Freescale » proposent que celles des délégations en contact avec le collectif qui le souhaitent et qui le peuvent se rencontrent à l’occasion de la manifestation organisée à Paris à l’initiative de la CGT Goodyear et des fédérations de la métallurgie et de la chimie. Une rencontre organisée en hâte à la fin de cette manifestation le 17 septembre à la Bourse à Paris a réuni des salariés d’une petite vingtaine d’entreprises. Il en faut bien davantage pour mettre sur pied une véritable coordination des entreprises en lutte (ou celles qui veulent s’y mettre). Mais la nouvelle rencontre envisagée (sans doute au mois d’octobre) devrait permettre de continuer de faire grossir la boule de neige. C’est en tout cas le désir et le besoin exprimés par les participants à la réunion du 17 septembre, et pas seulement les Fabris ou les Freescale.

26 septembre 2009

Léo BASERLI

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Numéro 65, septembre-octobre 2009

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