Aller au contenu de la page

Attention : Votre navigateur web est trop ancien pour afficher correctement ce site internet.

Nous vous recommandons une mise à niveau ou d'utiliser un autre navigateur.

Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 65, septembre-octobre 2009

Non à la privatisation de la Poste

Mis en ligne le 4 octobre 2009 Convergences Entreprises

Le parlement doit débattre prochainement de la transformation de la Poste en « Société anonyme à capitaux publics ». Il est évident qu’il ne s’agit là que de la dernière étape avant sa privatisation.

Bien sûr le gouvernement affirme, promis juré, que la Poste restera 100% publique (…comme on l’avait aussi promis à EDF, GDF ou France Télécom à l’époque !). Mais personne n’y croit.

La privatisation de la Poste est une vieille idée des différents gouvernements. En 1990, la réforme des PTT, engagée sous le gouvernement Rocard par le ministre Paul Quilès, avait ouvert la voie en séparant la Poste et France Télécom et en changeant leur statut juridique. La Poste était donc passée d’Administration à Établissement Public Industriel et Commercial.

Depuis, d’autres étapes ont été franchies comme la séparation des activités en différentes branches, dont la création de la Banque Postale, au 1er janvier 2006.

La Poste doit être assez rentable pour intéresser d’éventuels futurs actionnaires. Pour préparer cela, depuis des années ce ne sont que réorganisations en cascade, emplois supprimés, intensification des rythmes de travail pour le personnel… et augmentation des tarifs pour un service de moindre qualité, du moins en ce qui concerne les usagers les plus modestes.

Des réductions d’emplois par dizaines de milliers

Si les dirigeants se plaisent à discourir sur le prétendu « rôle social » de l’entreprise, ils contribuent largement au développement du chômage. Certes, la Poste ne connaît pas encore de plans dits « sociaux », mais la destruction d’emplois y est continue. Au cours de six dernières années, ce sont plus de 50 000 emplois qui ont été supprimés.

Rien qu’au cours des 6 premiers mois de l’année 2009, 7416 emplois ont disparus, soit autant que pour toute l’année 2008 !

Au courrier, il a été annoncé que désormais seulement un départ sur cinq serait remplacé. Dans les centres de tri, dont bon nombre vont fermer et se restructurer, le turnover est très fort chez les nouveaux qui laissent tomber parce que le boulot est trop dur, sans compter les sanctions disciplinaires et les incitations au départ.

Sur les 270 000 postiers, il reste encore un peu plus de la moitié de fonctionnaires, mais aujourd’hui déjà 105 000 sont des contractuels, sous statut de droit privé (la Poste a supprimé tout recrutement de fonctionnaires depuis 2000).

Plus de précarité

Nombreux sont ceux qui en entrant à la Poste, ont enchaîné, pendant des années, des dizaines de contrats de 2 ou 3 mois, avant d’être « remerciés ».

Si la direction s’est engagée à diminuer le nombre de travailleurs en Contrats à Durée Déterminée (en grande partie du fait des nombreux procès perdus par la Poste), il y a toujours 12 000 CDD et le recours à l’intérim se développe, représentant l’équivalent de 3400 postes de travail à temps plein en 2008.

La Poste recrute aujourd’hui des stagiaires en alternance, sans leur offrir aucune perspective d’embauche à l’issue de leur formation.

Des réorganisations permanentes au détriment du personnel…

Sous différents noms : « CAP courrier », « Facteurs d’avenir », « Développement et Compétitivité des Centres »... ces réorganisations visent toutes à la même chose : augmenter la « compétitivité », en supprimant du personnel. Évidemment, pour ceux qui restent, c’est plus de charge de travail, de pressions et de stress…

…et des usagers

Cette réorganisation se fait aussi sur le dos des usagers. La Poste se retire des zones rurales et des quartiers jugés les moins rentables. Les horaires d’ouvertures de certains bureaux ont été diminués. 6 200 bureaux de Poste (un sur trois) ont déjà disparu, transformés en agences postales laissées à la charge des communes, ou en points-poste chez des commerçants qui n’offrent qu’un service réduit. Pendant que dans les quartiers populaires des banlieues, les files d’attentes s’allongent de plus en plus.

Une pression est faite sur les agents pour qu’ils se transforment en vendeurs et proposent aux usagers les services à « plus grande valeur ajoutée », (c’est-à-dire les plus chers) même quand ils n’en ont pas besoin, par exemple un colissimo au lieu d’un colis ordinaire.

Les tarifs augmentent tous les ans, de façon parfois déguisée. Ainsi, la Banque Postale ne commercialise plus la Carte Bleue Nationale, mais uniquement la carte bleue Visa. On paye ainsi plus cher, même si l’on ne se rend jamais à l’étranger !

D’ailleurs, il n’est plus question d’usagers (un gros mot que les postiers sont invités à bannir de leur langage), mais de clients. Et si les usagers étaient réputés égaux, les clients, eux, sont bons ou mauvais, selon qu’ils font la queue pour retirer quelques euros pour manger à la fin du mois, ou qu’ils font partie des clients « à patrimoine ».

Toutes ces attaques seraient encore aggravées par la privatisation

La Poste, comme les transports, l’éducation, la santé, la distribution de l’énergie… sont des services publics nécessaires à la collectivité. Ils doivent être organisés pour répondre aux besoins de la population et non pour rapporter du profit aux actionnaires. Les privatiser est un recul social.

Contre les attaques dont ils sont victimes depuis des années, les postiers mènent localement des luttes dures, mais qui restent isolées secteur par secteur, quand ce n’est pas bureau par bureau. Il faut dire que les dirigeants des principales fédérations syndicales se gardent bien de « fédérer » quoi que ce soit (ne serait-ce qu’au niveau de l’information !) et entretiennent délibérément cette dispersion. Cela dit, certains postiers en lutte commencent à se poser le problème de l’extension des mouvements locaux, comme ça a été le cas avec la grève des postiers du 92 aux mois de février-mars derniers, qui sont allés de bureau en bureau et ont étendu leur grève sur tout le département. Une première tentative qui espérons-le fera école.

Tout dernièrement les guichetiers des bureaux parisiens ont fait grève plusieurs jours pour s’opposer aux suppressions d’emplois et au projet de restructuration baptisé « Bienvenue à la Poste » qui supprime en fait des guichets, remplacés par des automates, et qui dégrade les conditions de travail et d’accueil des usagers les plus modestes.

La journée de grève du 22 septembre, à l’appel de l’ensemble des fédérations syndicales, a été bien suivie, malgré le scepticisme du personnel sur les journées sans lendemain. Pour arrêter la privatisation, chacun est bien conscient qu’il faut une lutte d’une toute autre ampleur.

24 septembre 2009

Thierry FLAMAND


Ils s’y voient déjà !

Certain n’ont pas eu la patience d’attendre la privatisation.

Trente des plus hauts cadres de La Poste ont été dotés d’une nouvelle voiture de fonction. Ceux-ci roulent désormais en BMW série 5 avec intérieur cuir. Coût de la facture 900 000 euros.

La direction s’est défendue en prétextant que, dans cette gamme de véhicules, c’était la BMW qui émettait le moins de CO2.

Si l’environnement leur tient tellement à coeur, pourquoi nos grands directeurs n’organisent-ils pas leur covoiturage en Clio ?

Mots-clés :

Imprimer Imprimer cet article

Abonnez-vous à Convergences révolutionnaires !

Numéro 65, septembre-octobre 2009

Mots-clés