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CHU Nantes

L’Antidote Anticapitaliste n°2

15 Novembre 2020

15 novembre 2020 Brèves d’entreprise

Et si on prenait nos affaires en main ?

Un monde à l’envers…

Le premier ministre Castex annonçait ce jeudi 12 novembre que tout allait continuer de manière aussi absurde que depuis le début. Rappelons le scénario imposé : un confinement qui n’en est pas un, de fausses mesures pour empêcher des faillites de milliers de petits indépendants, et des lycéens matraqués pour...avoir exigé des mesures sanitaires. On se croirait dans un mauvais film, condamnés à faire ce qu’on n’aime pas et à ne pas faire ce qu’on aime. Et la seconde saison du confinement a un goût amer avec la crise économique qui touche toutes les familles.

Mais à cette gêne se mêle un agacement persistant car tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. Si Macron rime avec pognon et patron depuis longtemps, on constate que la crise rime aujourd’hui avec grandes entreprises : la Bourse se porte bien, les aides aux grandes entreprises qui licencient sont énormes, et la multinationale du pneu Bridgestone à Béthune laisse sur le carreau des centaines de familles après avoir empoché les subventions publiques.

Qui indique quels sont nos choix et les leurs…

La crise sanitaire accélère les cadences, les heures sup’ et les licenciements. Les solutions du gouvernement se font au détriment de la raison et des intérêts de la majorité de la population. Dans tous les boulots bien souvent des solutions pratiques peuvent être trouvées en consultant les travailleurs qui ont la connaissance du terrain.

Un exemple ? Au lieu d’ouvrir des lits en réanimation pour les supprimer quelques jours plus tard par manque de personnel, les travailleurs sur le terrain ne pourraient-ils pas embaucher selon les besoins qu’ils identifient eux-mêmes ? Plus généralement, laisser la population décider permettrait d’éviter beaucoup d’impasses. Plutôt que de financer des entreprises qui licencient, on pourrait choisir après un vote entre travailleurs de mieux rémunérer les chômeurs, ou d’exproprier peut-être les profiteurs et garantir le plein emploi, ou de construire des respirateurs et d’améliorer les structures de soin ? Le problème central est bel et bien celui-là : qui décide ?

Les rêveurs ne sont pas ceux qu’on croit

Décider de nos vies et du fonctionnement de la société pour remettre ce monde à l’endroit : une utopie ? Les vrais rêveurs sont ceux qui croient que les choses s’arrangeront toutes seules, ou que l’on passera entre les gouttes. Il est impossible de croire que ceux qui sont à l’origine de la situation présente peuvent être à l’origine des solutions.

Les enseignants viennent de nous montrer qu’il est possible d’imposer nos choix. Après une rentrée difficile entre l’attentat contre Samuel Patty et l’intenable protocole sanitaire, les personnels de l’Éducation Nationale ont montré leur colère. Les assemblées générales ont été nombreuses, la grève a été visible et le gouvernement a reculé. Il fallait vite éviter que leur lutte serve d’exemple à d’autres secteurs.

Par la mobilisation, le dédoublement des classes a été obtenu pour assurer de vraies mesures sanitaires et un meilleur suivi des élèves. Il faudra encore des mobilisations pour imposer les embauches supplémentaires nécessaires mais enseignants et élèves - et aussi les familles - voient déjà la différence. Une autre organisation du travail est bel et bien possible, à condition de l’imposer en permettant que le choix revienne aux premiers concernés.

Un exemple à méditer et peut-être à suivre. Un hôpital dirigé par les hospitaliers, c’est bien plus qu’un rêve, c’est devenu une urgente nécessité.


Grève des cadres au CHU de Nantes

De tous les côtés, le personnel soignant est épuisé… même parmi les cadres. C’est en tout cas ce qu’a relayé le journal local Ouest France dans un article du 10 novembre. Certains cadres se disent à bout « de gérer l’absentéisme, en l’absence de moyens quantitatifs et qualitatifs suffisants ». En effet, sur un effectif total de près 10 000 personnes, près de 1 000 (soit 10 % !) sont absentes chaque jour en raison des conditions de travail extrêmement difficiles, du manque de moyens humains et matériels, des bas salaires, des horaires interminables, de l’épuisement, etc. Le syndicat CFE-CGC appelait à la grève ce vendredi 13 novembre en expliquant en avoir marre de gérer la pénurie : « L’encadrement responsable d’équipe ne peut plus assumer [de passer] son temps à trouver des solutions pour avoir des soignants au chevet des malades ». La crise de l’hôpital touche tout le personnel et pas simplement les cadres. Et si les aides-soignantes, les infirmières, les agents d’entretiens, les brancardiers et les ambulanciers se saisissaient de l’occasion pour faire entendre leur colère et leurs revendications ?


#Balancetonprotocole dans les écoles… et à l’Hôpital ?

C’est la campagne lancée par des syndicats d’enseignants pour dénoncer l’enfumage du « protocole renforcé » annoncé par Blanquer. Photos à l’appui, ils montrent la réalité des cantines, couloirs et salles de classe surpeuplés dans les établissements scolaires. De quoi motiver les parents d’élèves pour venir renforcer la mobilisation et obtenir un véritable protocole sanitaire dans les écoles.


De la course au vaccin à la course aux profits...

Le groupe pharmaceutique américain Pfizer a annoncé ce lundi 9 novembre qu’il sera bientôt capable de produire un vaccin contre le Covid-19 puisque leur prototype serait efficace à 90 %. S’il peut être réjouissant de disposer d’un vaccin performant et fiable pour lutter contre l’épidémie, le contexte de course aux profits dans lequel il s’inscrit a de quoi interroger. En effet, les jours qui suivent ont vu l’annonce d’un vaccin qui serait efficace à 92 % par les Russes. Les annonces d’autres concurrents, comme Moderna et Sanofi par exemple, se font également attendre. A chaque annonce, les envolées vertigineuses des actions des grands laboratoires pharmaceutiques sur le marché boursier nous rappellent que le combat scientifique est aussi un combat capitaliste entre bourgeoisies nationales. Au lieu de mettre en commun leurs savoirs et leurs talents dans le cadre d’une solidarité internationale face au Coronavirus, chaque groupe ne cherche qu’à augmenter ses dividendes.

Et concernant l’accès au vaccin, ce sont encore les pays pauvres qui en seront privés faute de finances nécessaires. En effet, tous les pays riches ont déjà passé commandes depuis plusieurs mois pour disposer d’une priorité sur l’accès au vaccin … qui n’existait pas encore. Soumettre l’urgence sanitaire aux lois du marché, c’est d’une absurdité insupportable.


Le renfort des étudiants infirmiers soumis à conditions

Si les conditions de travail dans l’hôpital sont mises en lumière par la crise sanitaire, les conditions de formation et de travail des Étudiants en Soins Infirmiers (ESI) restent invisibilisées.

D’un côté, la lutte des ESI sur Nantes et dans d’autres coins - comme à Paris- a permis d’imposer à leurs directions la suspension de leur formation et la rémunération de leur mobilisation en tant que renforts auprès des soignants.

De l’autre, nombreuses sont les raisons qui pourraient les pousser à reprendre le chemin de la contestation. Pour ceux qui sont envoyés sur le terrain en tant que stagiaires (les premières années), les professionnels, parce que toujours en sous-effectif, n’ont pas toujours le temps d’encadrer les étudiants infirmiers, de prendre le temps de leur montrer de nouveau soins, de les accompagner et de débriefer leur travail pour les faire progresser. Bien souvent, on fait faire à l’étudiant ce qu’il sait déjà faire, et il n’est pas rare qu’on entende dire au départ de l’étudiant « heureusement qu’il y avait l’étudiant, je ne sais pas comment on aurait fait sans lui ». Car s’ils sont payés des clopinettes (une vingtaine d’euros par semaine), les ESI remplacent souvent une collègue aide-soignante. Et lorsqu’ils sont mobilisés officiellement en tant qu’aide-soignant, leur salaire s’approche plus du SMIC que de celui d’un AS, les heures supplémentaires ne sont pas comptées, ni les heures de nuit ou les dimanches et jours fériés. De plus, sur le terrain, nombreux sont ceux qui ont vu pendant la première vague leur travail glisser vers des soins infirmiers sans que leurs rémunérations soient pour autant augmentées.

Appelés en renfort sur les deux vagues de l’épidémie, ils prennent conscience que les problèmes rencontrés sont très largement partagés et que ces derniers sont dus à des choix politiques qui vont à l’encontre de l’intérêt de tous. De quoi leur donner envie de rejoindre les rangs de la contestation hospitalière et de renouveler à leur tour les « mardis de la colère » du premier dé-confinement.

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