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Un livre, deux films

Detroit

de Kathryn Bigelow

Mis en ligne le 7 novembre 2017 Convergences Culture

Detroit

de Kathryn Bigelow


La maison de disque Motown, matrice de la soul et du funk, tire son nom de la contraction de Motor Town, le surnom de Détroit, où se situait son siège. Détroit a construit sa prospérité sur l’exploitation par les trusts General Motors, Ford ou Chrysler des noirs du Sud du pays. Ceux-ci ont trouvé des emplois, mais la ségrégation les a suivis. Leurs quartiers sont des taudis. Les écoles de leurs enfants sont dépourvues de tout. En ce mois de juillet 1967, les noirs relèvent la tête. Ils n’acceptent plus les descentes d’une police ouvertement raciste.

Le film restitue d’abord comme une fresque cette situation, et la montée lente mais inexorable de l’émeute qui embrase bientôt la ville. Puis il s’attarde sur l’affaire de l’Algiers Motel. De ce motel, un émeutier a fait feu. Du moins, les flics et les militaires de la Garde nationale en sont persuadés. Ils investissent alors le lieu. Le lendemain, on compte trois morts [1]. La dernière partie du film retrace le procès des flics assassins… et leur acquittement.

Les précédents films de Kathryn Bigelow – Démineurs, ou Zero Dark Thirty sur l’élimination de Ben Laden – revendiquaient déjà une approche quasi documentaire. Pour ce faire, la réalisatrice a noué des relations de confiance avec des officiers de la CIA ou de l’armée. On sent dans Detroit une certaine volonté, au prétexte d’éviter l’écueil du manichéisme, de dédouaner l’institution policière : celle-ci aurait failli à empêcher le dérapage meurtrier d’une minorité de racistes. À cette réserve près, Detroit sonne comme une charge d’autant plus implacable qu’elle reconstitue les faits le plus rigoureusement possible, que les émotions portées à l’écran apparaissent comme celles qui ont vraiment saisi les protagonistes de ce drame.

Mathieu PARANT


[1Les émeutes de Détroit font 43 morts et 1 189 blessés. La police a arrêté 7 200 personnes. Sur l’histoire de la ville après « la Grande Rébellion », on peut lire « Detroit : pas d’accord pour crever », de Dan Georgakas et Marvin Surkin, éd. Agone, 2015, 24 €.

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Numéro 115, novembre 2017

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