Aller au contenu de la page

Attention : Votre navigateur web est trop ancien pour afficher correctement ce site internet.

Nous vous recommandons une mise à niveau ou d'utiliser un autre navigateur.

Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 147, septembre 2022 > Ukraine

Ukraine

Tribune : Ne cédons pas à la propagande belliciste !

Mis en ligne le 5 juillet 2022 Convergences Monde

Le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, vient de déclarer que la guerre d’Ukraine pourrait durer des années. Au lieu de la guerre éclair imaginée par Poutine, c’est une interminable boucherie qui ravage ce pays. Une guerre de fronts, de tranchées où des hommes meurent par centaines tous les jours pour avancer de quelques kilomètres, voire centaines de mètres. Si c’est Poutine qui a pris l’initiative de déclencher le conflit, celui-ci est la conséquence des rivalités entre les grandes puissances impérialistes pour le contrôle de cette partie du monde. Le partage de l’Europe effectué à la fin de la Seconde Guerre mondiale, qui assurait une paix précaire, chacun respectant provisoirement la chasse gardée de l’autre, a été remis en cause par l’effondrement de l’URSS. Depuis 1991, l’impérialisme russe n’a cessé de perdre du terrain et l’Otan d’en gagner. Poutine a tenté avec cette aventure sanglante de reconquérir une partie de la zone d’influence de la Russie. Cette guerre ne peut être comprise que dans le cadre de ces rivalités exacerbées par une crise économique latente.

Le niveau d’engagement des États impérialistes occidentaux – livraisons massives d’armes, formation des militaires ukrainiens, appui logistique, présence sur le terrain de divers personnels « spéciaux » – fait aujourd’hui de ce conflit une guerre entre les impérialismes occidentaux et russe par Ukrainiens interposés. Les combats sont sous-traités à la chair à canon ukrainienne. De son côté, Poutine recrute la sienne parmi les couches les plus défavorisées de la jeunesse russe.

Dans l’Hexagone comme dans tous les États occidentaux, nous subissons une propagande belliciste qui cherche à nous convaincre que l’intervention occidentale en Ukraine aurait pour objectif de défendre la population ukrainienne, son droit à disposer d’elle-même, voire de nous défendre contre de futures attaques de la Russie. Ce rouleau compresseur de la propagande a conduit différents courants qui se revendiquent du marxisme révolutionnaire à s’aligner à des degrés divers sur l’impérialisme tricolore et occidental en revendiquant, soutenant ou cautionnant la livraison d’armes en quantités toujours plus grandes à l’armée de Zelensky au nom de la solidarité avec le peuple ukrainien.

L’objectif revendiqué par plusieurs dirigeants américains est de faire durer la guerre le plus longtemps possible, pour affaiblir, non seulement l’impérialisme russe rival, mais les impérialismes européens et les amener à renforcer l’Otan à leurs frais. Cette situation est une véritable aubaine pour les fabricants d’armes : les budgets militaires explosent. Les gouvernements martèlent l’idée qu’il faut se préparer à l’éventualité d’une guerre pour justifier ce rebond du militarisme. Bien entendu, même si la guerre ne s’étend pas en dehors des frontières de l’Ukraine, les classes populaires en seront les victimes collatérales. Les dépenses militaires se feront aux dépens des services publics et contribueront à booster l’inflation qui ronge les salaires et les pensions.

Mais comment serait-il possible de s’opposer à cette course aux armements tout en réclamant de livrer toujours davantage d’armes à l’armée de Zelensky ?

L’opposition au militarisme est indissociable de l’opposition à une guerre dans laquelle il n’y a pas de « bon camp » à défendre. La solidarité avec le peuple ukrainien, même si notre voix est faible, ne consiste pas à défendre une solution militaire. Celle-ci, après un carnage, ne permettrait aux Ukrainiens que de changer de maître impérialiste tout en renforçant le pouvoir de la bourgeoisie ukrainienne. Déjà d’ailleurs, cette bourgeoisie profite de la situation pour réduire les libertés et augmenter l’exploitation des travailleurs, avec parfois l’aide d’organisations syndicales qui prêchent de renoncer, au moins provisoirement, à défendre des intérêts de classe au nom de l’union sacrée. Il n’existe aucune organisation de classe indépendante de l’armée ukrainienne susceptible à la fois de défendre la population contre des exactions de l’armée russe et de s’adresser aux soldats de façon internationaliste. Les armes livrées par les impérialismes occidentaux pourront d’ailleurs, le cas échéant, être utilisées contre les classes populaires si celles-ci viennent à contester les privilèges et le pouvoir des oligarques.

La véritable solidarité avec le peuple ukrainien consiste donc à défendre la seule issue qui lui soit favorable : la révolte générale contre la guerre, en Ukraine comme en Russie, et la fraternisation des soldats et des peuples, contre Poutine et Zelensky. Le droit du peuple ukrainien à disposer de lui-même, comme celui des diverses minorités présentes dans ce pays, ne pourra s’exercer que dans le cadre d’une Ukraine libre, démocratique et socialiste. Un objectif beaucoup moins utopique que celui d’une victoire militaire qui, quel que soit le vainqueur, ne laisserait que des champs de ruines.

4 juillet 2022, Gérard Delteil

Mots-clés : |

Imprimer Imprimer cet article

Abonnez-vous à Convergences révolutionnaires !

Numéro 147, septembre 2022