Enseignants : le sale air de nos salaires
Mis en ligne le 29 septembre 2022 Convergences Politique

Alors qu’en 1980, un prof titulaire du Capes, le concours pour enseigner au collège, touchait pour premier salaire 2,3 Smic, en 1997 ce n’était plus qu’1,55, et en 2020 1,14. De quoi expliquer le manque d’engouement pour le métier ! Ce ne sont en effet pas les smicards qui gagnent moins mal leur vie, mais le gel des salaires de la fonction publique qui a d’autant plus laminé les payes des enseignants qu’elles comportent peu de primes.
Dès sa première interview en juin, Pap Ndiaye a promis qu’aucun prof ne commencerait sous les 2 000 euros mensuels. Mais il n’a pas dit quand, et il n’y a pas de raison qu’il mente moins que ses prédécesseurs.
À moins de comprimer les salaires en n’augmentant que les débuts de carrière, ou seulement les profs des matières les plus en panne de recrutement comme les maths – le Sénat y réfléchit, mais bute sur les statuts qui interdisent de payer différemment deux profs pour un même travail : enseigner – le passage de l’État à la caisse pour chacun des 866 500 enseignants de la maternelle au lycée risque de lui coûter un « pognon de dingue » qu’il préfère réserver à ses amis les riches. Ou bien de produire une aumône ridicule, à même de susciter la colère des destinataires plus que leur satisfaction. Aussi, le ministère voudrait imposer de nouvelles charges de travail en contrepartie de la hausse des salaires. Sauf qu’à extorquer du travail sous-payé, le ministère pourrait bien s’aliéner celui, pas vraiment rémunéré, que les enseignants effectuent déjà par intérêt pour les élèves ou pour leur métier… Mais avec 6 % d’inflation, il se pourrait que les enseignants ne laissent pas trop au ministre le temps de les entourlouper.
M.P.
Mots-clés : Enseignement | Salaires