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Grèce

Syriza se voit déjà gouverner ?

Mis en ligne le 29 septembre 2013 Convergences Monde

Aux élections législatives de mai et juin 2012, Syriza – coalition composée de quatorze organisations politiques de gauche et d’extrême gauche – s’est distinguée par un ton tranchant à l’égard des créanciers de la Grèce : les gouvernements européens et le FMI. Et ceux-ci se sont inquiétés de sa percée électorale qui exprimait le rejet massif de l’application des mémorandums (ou consignes de la Troïka) qui étranglaient les couches populaires grecques depuis 2009. Syriza est actuellement créditée de 27 % d’intentions de vote, et 23 000 nouveaux adhérents l’ont rejointe depuis un an. La coalition gagne aussi des militants et de l’audience dans le monde syndical ; en juin dernier, au congrès de la centrale syndicale du privé d’Athènes auquel ont participé près de 1 300 délégués, la fraction syndicale de Syriza a obtenu 6 élus sur 30 à la direction du syndicat. Elle talonne de près la fraction syndicale du Parti communiste grec, historiquement très implantée dans le monde du travail.

Syriza pourrait donc être bientôt en situation de gouverner. Dans cette optique, son leader, Alexis Tsipras, n’a cessé d’infléchir son discours.

Quand son auditoire est composé de militants, il parle d’ « annulation » de la dette grecque, mais seulement de « renégociation des accords de prêts » quand il rend visite au ministre des Finances allemand. Sur les plateaux des télévisions étrangères Alexis Tsipras se veut responsable et fréquentable pour les bourgeoisies européennes : il ne reproche plus au Pasok et à la Nouvelle Démocratie d’avoir traité avec Merkel et Lagarde, il leur reproche de ne pas avoir réellement négocié les mémorandums, de les avoir acceptés sans broncher.

Quant au programme social : « restructurer l’économie grecque sur une base socialement juste » en mettant en place « un plan de stabilisation des finances dans lequel les plus riches s’acquitteraient de leur impôt », il évacue les mesures d’urgence sociales indispensables au monde du travail, dont ceux qui luttent pourraient s’emparer en vue de les imposer. La réponse devrait descendre des salons ministériels.

Il reste toutefois difficile d’être crédible aux yeux de la bourgeoisie quand on dirige une coalition qui abrite trois organisations d’extrême gauche, bien moins domptables que Synaspismos (l’organisation de Tsipras). Médias et politiciens enjoignent d’ailleurs à Alexis Tsipras de « couper des têtes » et de « faire le ménage » dans Syriza. Pour accéder à leur requête, au congrès de juillet dernier, Tsipras a voulu unifier la coalition en un seul parti au sein duquel se dissoudraient les quatorze organisations. Se heurtant au vote des militants, l’unification a été reportée.

A.K.


Selon Alexis Tsipras : « Nous avons besoin d’un printemps méditerranéen »... enfoui dans les urnes ?

Pour Syriza, les grèves et les manifestations doivent converger vers une unique perspective : une coalition gouvernementale sous sa direction. En mai dernier, près de 35 000 enseignants du public se sont réunis en assemblées générales. Ils ont voté la grève contre un plan de suppressions de postes. Et ce, malgré un « ordre de réquisition militaire » du gouvernement à leur encontre, sous prétexte de période d’examens. Après une journée de grève, la fraction syndicale de Syriza a appelé à la reprise, jugeant la grève trop risquée. À quelques heures de la grève, Tsipras, en bon sophiste, avait promis au gouvernement que la grève n’aurait pas lieu si ce dernier retirait son « ordre de réquisition » !

Syriza apparaît certes comme une formation qui encourage les luttes. Mais, comme toute organisation de gauche qui s’appuie sur les luttes plutôt qu’elle ne les appuie, et s’en sert à ses propres fins politiques, il lui arrive de les saborder !

A.S.

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Numéro 89, septembre-octobre 2013

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