Peugeot-Citroën Aulnay-sous-Bois : la lutte continue !
Mis en ligne le 29 septembre 2013 Convergences Entreprises
À l’usine Peugeot-Citroën d’Aulnay-sous-Bois, nous avions suspendu la grève contre la fermeture en mai dernier, après quatre mois d’une lutte acharnée. 600 personnes environ, dont 150 appartenant au noyau dur de la lutte, ont finalement quitté l’usine selon les conditions de fin de grève évoquées ci-après. Mais ce n’est pas pour autant la fin de la contestation... qui a connu de nouveaux rebondissements. D’ici à mars 2014, date officielle de fermeture du site, il était clair que la direction aurait largement le temps d’accumuler les provocations (et réactions !)... et elle n’y manque pas !
Déjà à la fin mai, elle a dû affronter de « nouveaux grévistes » qui demandaient à toucher eux aussi les 19 700 € supplémentaires (en plus des indemnités de départ prévues par la direction), gagnés par ceux qui sortaient de quatre mois de grève. Elle leur avait accordé cette prime, à condition qu’ils obtiennent avant le 7 juin une promesse d’embauche en CDD ou CDI… comme si les travailleurs pouvaient trouver de l’emploi à chaque coin de rue ! Un tel cynisme a révolté de nombreux ouvriers, mais le SIA (Syndicat Indépendant de l’Automobile, majoritaire et pro-patronal) a fait miroiter la possibilité d’obtenir gain de cause par une action en justice, ce qui a abouti sur le moment à calmer le jeu et à détourner de la lutte collective. Le syndicat Sud prend actuellement le même chemin, préférant favoriser les actions en justice plutôt que mobiliser les travailleurs.
En juin et juillet, l’ambiance était à l’attente, voire à la démoralisation entretenue par PSA : n’ayant pas pu relancer la production, la direction n’en obligeait pas moins les salariés à venir pointer tous les jours, alors qu’il n’y avait rien, ou si peu, à faire. En septembre, elle a même inventé le « briefing » de fin de journée, en plus de celui du matin, de façon à ce que les chefs nous pointent à 6 h 46, puis à 14 h 00. À ce jour, ceux qui veulent partir sont inquiets car Pôle emploi parle de six mois de carence, au lieu de quatre mois, dans le cadre du congé de professionnalisation. En clair, il y aurait deux mois de plus sans salaire. Quant à ceux qui ont demandé une mutation sur un autre site, rien n’est acté par la direction, voire ils se heurtent à des refus.
C’est finalement le résultat de l’action en justice du SIA qui a remis de l’ambiance : le 10 septembre, jour de grève et de manifestation pour les retraites, le tribunal de Grande instance de Paris a annoncé qu’il n’était pas compétent pour décider si tout le monde devait toucher les 19 700 euros et renvoyé la balle... dans le camp de la direction. Les militants de la grève encore présents dans l’usine ont aussitôt réuni tous ceux que ce jugement mettait en colère : le 12 septembre, nous avons réuni 140 travailleurs au Montage, 50 au Ferrage, et 30 en Peinture. Le lendemain, une assemblée de tous ces secteurs a réuni 250 personnes, sur l’ancienne « place de la grève » dans l’usine. D’après la direction, 1 400 salariés seraient encore présents dans l’entreprise, mais en réalité il n’en resterait peut-être que 900.
Et mercredi 18 septembre, jour de mobilisation sur tous les sites PSA contre les accords de compétitivité, nous avons choisi d’aller manifester devant le siège de PSA, au 75 avenue de la Grande-Armée à Paris. Là, nous nous sommes retrouvés à une petite centaine pour dénoncer la fermeture de l’usine, mais aussi pour nous féliciter des débrayages qui ont marqué la journée sur nombre de sites : Vesoul, Mulhouse, Sochaux, Poissy, Saint-Ouen...
Dans le contexte des accords de compétitivité que PSA veut imposer, notre mobilisation peut trouver un nouveau souffle. Perte d’emplois et fermeture de sites, dégradation des conditions de travail et baisse des salaires pour ceux qui restent, tout est lié.
Le 20 septembre 2013
Pierre BECKER
Mots-clés : PSA