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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 133, novembre 2020 > École et laïcité

École et laïcité

Quand la laïcité devient le cache-sexe de l’islamophobie

Mis en ligne le 21 octobre 2020 Convergences Politique

Le principe de laïcité a été régulièrement instrumentalisé ces dernières années dans le but de diviser les classes populaires, mais aussi d’asséner les valeurs de la République bourgeoise comme des vérités indiscutables, sous peine de sanctions pour les élèves… comme pour les enseignants. Ainsi, la Charte de la laïcité à l’école adoptée en 2013 interdit aux élèves comme aux enseignants de manifester une quelconque opinion politique… en dehors de la doxa républicaine. L’école n’est pas conçue comme un lieu de débat pour que chaque élève puisse se forger ses propres convictions, loin de là… Le slogan « Liberté, Égalité, Fraternité », et maintenant « Laïcité », devient une vérité absolue qu’il ne convient pas d’interroger, en dépit du décalage que chacun peut constater dans la société réelle. Mettre au pas et diviser, telle semble bien être la vision de la laïcité dont les différents gouvernements, de droite comme de gauche, ont fait la promotion.

Quelques étapes récentes de la mise au pas

  • En 2012, par une circulaire, le ministre de l’Éducation, Luc Chatel, interdit aux mères voilées d’accompagner une sortie scolaire. Tenter de préserver les élèves des pressions religieuses est une chose. Exclure des adultes d’une sortie scolaire, alors qu’elles ne représentent pas officiellement l’institution scolaire, en est une autre. C’est d’ailleurs ce que dit le Conseil d’État en 2013, affirmant que les parents accompagnateurs ne sont pas soumis au principe de neutralité, n’exerçant pas une mission de service public de l’éducation.
  • En 2015, à la suite des attentats de janvier contre Charlie Hebdo, la ministre de l’Éducation, Najat Vallaud-Belkacem, transforme les cours d’éducation civique en « Enseignement Moral et Civique » et donne pour mission à l’école d’apprendre aux enfants les « rites de la République ». Bonjour le vocabulaire sacré ! L’enseignement moral cher à Jules Ferry revient au goût du jour et les principes de la république bourgeoise doivent être martelés de manière a-critique. Parler de rites évoque une nouvelle religion. En tout cas, la démarche n’encourage pas la réflexion…
  • En 2016, lors de « l’été burkini », l’atmosphère devient irrespirable, et pas uniquement sur les plages… Sous couvert de laïcité, qui s’imposerait partout dans l’espace public, jusque sur les plages, une campagne raciste se déroule tout l’été. Manuel Valls apporte son soutien aux maires interdisant le burkini. À la rentrée scolaire qui suit, de nombreux élèves se demandent, en toute bonne foi, si les impératifs de la laïcité concernent uniquement l’Islam, ou toutes les religions… Les polémiques s’enchaînent sur la « place de l’Islam de France » et sur la « communauté musulmane » en France. Cette expression englobe en fait tous ceux qui sont issus de l’immigration post-coloniale, africaine et nord-africaine, parmi lesquels se trouvent des musulmans… et des non musulmans. L’islamophobie actuelle s’impose alors comme une manière de raviver bien des stéréotypes racistes vis-à-vis de celles et ceux qui sont supposés… être musulmans du seul fait de leurs origines ! Le comble étant que ceux qui véhiculent ces clichés se prétendent défenseurs de la laïcité ! Dans la droite ligne de ces prétendus raisonnements, Marine Le Pen est devenue depuis quelques années une fervente défenseure de la laïcité… à condition qu’elle ne remette pas en cause la place de l’Église catholique de France.
  • En 2019, sous le gouvernement Macron, la polémique concernant le voile en sortie scolaire ressurgit : face à un élu RN qui a pris à partie une mère voilée lors d’une sortie scolaire au conseil général de Bourgogne, l’actuel ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, déclare que la loi permet certes le port du voile, mais que celui-ci n’est « pas souhaitable dans la société ». Il s’en prend ensuite à la FCPE, une fédération de parents d’élèves, pour son affiche « Oui, je vais en sortie scolaire, et alors ? » représentant une mère voilée, accusant l’affiche de ne pas respecter le principe de laïcité. Puis, en décembre, en plein mouvement contre la réforme des retraites, il suffit d’un article mensonger du réactionnaire l’Express, accusant les professeurs du lycée Angela Davis (Saint-Denis) de tolérer la présence d’élèves voilées en cours, pour que soit agitée par le ministère la menace de « mesures disciplinaires » sans prendre la peine de vérifier les faits.

C’est cette même campagne islamophobe qui continue depuis, avec les discours de Macron contre le « séparatisme » et son entreprise scélérate et politicienne (des élections, dont la présidentielle, sont en vue !) d’aboutir à une loi.

Sous couvert de défendre la laïcité et la liberté d’expression (quel cynisme, de la part d’un gouvernement qui fait décrocher les banderoles des balcons, et fait passer les enseignants en conseil de discipline dans le cadre de « l’école de la confiance » !), ce gouvernement sème bel et bien le racisme et la division, et tente ainsi de faire oublier l’aggravation des problèmes sociaux et sanitaires dont est responsable sa gestion pour le compte des faiseurs de fric.

Lydie Grimal

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