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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 133, novembre 2020 > École et laïcité

École et laïcité

Macron et Blanquer, défenseurs des profs ? Une vaste blague !

Mis en ligne le 21 octobre 2020 Convergences Politique

Depuis le drame de Conflans-Sainte-Honorine, le gouvernement Macron fait mine de défendre corps et âme les profs. Mais une bonne partie d’entre eux n’a aucune illusion sur ce qui serait vécu comme un revirement, alors que le ministère de l’Éducation menait jusque-là une politique agressive vis-à-vis du corps enseignant. Et surtout, ces profs ne veulent pas jouer le rôle de caution morale justifiant les attaques à l’encontre des musulmans, et plus généralement de celles et ceux qui, de nationalité française ou pas, sont issus de l’immigration.

Le ministre de l’Éducation, Blanquer, est détesté par bon nombre d’enseignants. Son slogan, « l’École de la confiance », a été vécu comme une véritable provocation et un mensonge vis-à-vis des familles, promettant une école « inclusive », adaptée à tous les élèves… alors qu’il laisse cette école sans aucun moyen. Si ce n’est l’usage de la menace sur les enseignants : il utilise l’article 1, qui mentionne le devoir « d’exemplarité » des fonctionnaires, pour tenter d’empêcher toute libre expression des enseignants. La réforme du bac a cristallisé ce conflit : dans de nombreux lycées, profs, parents et élèves se sont mobilisés contre la fin d’un examen qui avait certainement ses défauts mais qui était véritablement national et se sont retrouvés en butte à la répression menée par le ministère. Le lundi précédant l’attentat, donc le 12 octobre, quatre enseignants du lycée de Melle, dans l’académie de Poitiers, passaient en conseil de discipline pour avoir participé à des actions contre le bac Blanquer l’hiver dernier… Beaucoup d’enseignants sont conscients que pour Blanquer, la liberté d’expression s’arrête là où commence sa politique : le voir clamer haut et fort son attachement aux libertés individuelles ne manque pas de sel, vu son autoritarisme !

Le corps enseignant est aussi parfaitement averti… du manque de soutien par sa hiérarchie face à tout conflit avec élèves et familles. Le premier réflexe des autorités est bien souvent de prendre le parti des familles et de leur permettre bien des commentaires sur le contenu des cours dispensés à l’école. La concurrence avec l’enseignement privé n’y est pas pour rien, il faut que les parents soient satisfaits de « l’offre éducative » proposée par les établissements publics. Nombre d’entre eux ont d’ailleurs remarqué que le drame de Conflans a commencé par une fronde de quelques parents, dont un père d’élève qui est allé jusqu’à faire une vidéo sur les réseaux sociaux contre le professeur « incriminé » alors que sa fille n’avait pas assisté au cours (c’est ce que révèlent les médias)… avec le résultat que l’on sait. Il est donc légitime de se demander ce qu’a fait la hiérarchie pour réagir à cette menace, et tenter de le protéger. Visiblement rien, selon les premiers témoignages.

Rappelons qu’en janvier 2015, un professeur d’arts plastiques ayant montré les caricatures de Charlie Hebdo en classe s’est vu sanctionné, avec quatre mois de suspension et une mutation d’office. Alors aujourd’hui, les profs n’ont ni illusions, ni naïveté, face à un gouvernement qui prétend prendre leur défense, mais qui veut les instrumentaliser pour marteler sa politique auprès des jeunes générations… Ils aiment leurs élèves, connaissent leur métier, et savent comment discuter avec leurs classes de toutes ces questions sensibles, avec dialogue et compréhension, car c’est la seule manière de lutter contre le poison de la division et du racisme.

Ils ont besoin de temps, de soutien (de leur administration) et de moyens pour faire leur métier… qui ne peut pas résoudre tous les problèmes dont souffre cette société !

L.G.

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