Aller au contenu de la page

Attention : Votre navigateur web est trop ancien pour afficher correctement ce site internet.

Nous vous recommandons une mise à niveau ou d'utiliser un autre navigateur.

Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 118, mars-avril 2018

« Never again » : quand les jeunes s’organisent contre les fusillades de masse aux États-Unis

Mis en ligne le 23 mars 2018 Convergences Monde

Le 14 février, une énième fusillade dans un établissement scolaire à Parkland, en Floride, faisait 17 morts et 21 blessés. Depuis la fusillade de masse à Sandy Hook en 2012, 239 fusillades dans des écoles se sont produites, faisant 138 morts. Mais cette fois-ci, les lycéens ont décidé de ne pas s’en tenir aux larmes et aux prières, auxquelles on voudrait les cantonner, et sont sortis protester en masse dans les rues de nombreuses villes.

La proposition de Donald Trump d’armer les enseignants a semblé grotesque pour beaucoup de personnes, même si d’autres se sont rapprochés des groupes pro-armes. Mais à mesure que le nombre de fusillade augmente, la colère grossit : toutes situations confondues, 2490 personnes sont mortes aux États-Unis depuis le 1er janvier 2018, à cause d’une arme [1].

Il ne s’agit pas d’un manque de sécurité dans les établissements scolaires puisque le lycée en question de Parkland avait à sa disposition un policier, chargé d’assurer la sécurité des lycéens et personnels. Mais celui-ci n’est pas intervenu à l’intérieur du bâtiment où la fusillade avait lieu car il pensait que cela venait de l’extérieur – sa bonne foi reste à démontrer. La présence de policiers dans les établissements scolaires s’est généralisée après la fusillade à Columbine en 1999 mais le seul effet tangible est qu’un jeune garçon noir a trois fois plus de chances qu’un jeune garçon blanc d’être arrêté dans son école [2].

De nombreux groupes et individus en appellent à de nouvelles lois : rehausser l’âge légal de port d’arme à 21 ans, généraliser les vérifications d’antécédents, interdire de posséder un certain type d’armes, comme le AR-15, fusil d’assaut utilisé en Floride. Cela serait un début. Mais quand on considère que la NRA (National rifle association), lobby défendant le port d’armes, a financé à hauteur de 30 millions d’euros la campagne de Trump, ou qu’elle a de nombreuses accointances avec les différents élus, surtout républicains mais aussi démocrates, on peut douter de la bonne volonté des élus de limiter les ventes d’armes. Pourtant, cette fois-ci, les jeunes entendent enrayer la machine bien huilée de la NRA et des politiciens. Près de 5000 personnes se sont réunies le 21 février à Tallahassee, la capitale de la Floride, une semaine après la fusillade pour protester à coups de « Enough is enough » (Trop, c’est trop) et « Am I next ? » (Suis-je le prochain ?). Partout aux États-Unis, les lycéens et les lycéennes sont sortis de classe pour manifester, et prévoient de continuer le 14 puis le 24 mars Le mouvement lycéen pourrait permettre ce que tous les divers élus, juges et autres personnalités n’ont pas réussi à faire : mettre sur le devant de la scène médiatique cette question et imposer un changement.

Pour autant, le problème de la violence ne se règlera pas seulement pas une quelconque législation. Et elle ne se règlera pas non plus en ne traitant que les fusillades de masse dans des établissements publics. Car les armes sont d’abord utilisées dans des tentatives de suicides, ainsi que des meurtres conjugaux ou familiaux. Sans même parler des violences policières que le mouvement Black Lives Matter a dénoncé sans relâche. Réduire la question de la violence à l’accès aux armes, c’est négliger le malaise général que la société américaine créée : il est plus facile d’acheter un fusil d’assaut que d’avoir accès à une aide psychologique. Les divers services sociaux sont vidés de leur personnel et moyens. Les dettes, notamment étudiantes, sont vertigineuses. Les écoles, censées être un havre de paix pour de nombreux jeunes dans des quartiers délaissés par les services publics, sont devenues aussi dangereuses qu’à l’extérieur, sans que les politiciens ne changent réellement quoi que ce soit. Les lycéens de Parkland montrent la voie : pour ne pas retourner à la normale après cette fusillade, il va falloir protester et ne pas se laisser endormir par les belles promesses ! 

Selma TIMIS


[1En date du 5 mars, d’après le groupe Gun Violence Archive, qui recense la totalité des morts liées aux armes.

[2D’après cette étude : https://www.edweek.org/ew/articles/2017/01/25/black-students-more-likely-to-be-arrested.html

Mots-clés :

Imprimer Imprimer cet article

Abonnez-vous à Convergences révolutionnaires !

Numéro 118, mars-avril 2018

Mots-clés