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Hôpitaux lyonnais

La colère gronde aux urgences… et dans tous les services !

Mis en ligne le 23 mars 2018 Convergences Entreprises

Depuis vingt ans que les réformes se succèdent dans les hôpitaux, la logique est toujours la même : faire des économies sur le dos du personnel et des patients. Les vagues de suppressions de postes se succèdent au point qu’on en vient à se demander comment les hôpitaux arrivent encore à tourner. Mais les réactions collectives existent, et semblent même se multiplier, comme à Lyon depuis plus d’un mois.

Trop plein

Les Hospices civils de Lyon (HCL) ne sont pas étrangers aux politiques générales de santé. Course à la rentabilité, tarification à l’activité, lean management, développement de l’ambulatoire, fusions et regroupements : depuis dix ans, ce sont plus de 1 000 postes qui ont été supprimés sur l’ensemble des hôpitaux lyonnais. Et pour 2018, la direction annonce officiellement 159 nouvelles suppressions de postes. Plus en réalité, car elle a écarté de son calcul les postes effectivement supprimés mais externalisés. Par exemple, dans le Groupement hospitalier sud, la direction annonce 20 suppressions de postes, quand ce sont en réalité 41 équivalents temps plein qui sont supprimés si on prend en compte l’externalisation de l’entretien et de la sécurité sur certains services.

Le 22 janvier, grève aux urgences de Lyon-Sud

Dans ce contexte déjà tendu, le surcroît d’activité lié aux maladies hivernales a fait déborder le vase, d’abord aux urgences du Centre hospitalier Lyon-Sud. Ce service est calibré pour 10 000 passages par an, mais on en compte en réalité 33 000. Alors, quand la grippe s’en mêle, les équipes sont vite débordées, l’attente devient interminable pour les patients (de 6 à 9 heures en moyenne début janvier), les malades contagieux en côtoient d’autres immunodéprimés, et comme on ne peut pas pousser les murs, les couloirs sont saturés de brancards.

Début janvier, le personnel des urgences a exprimé dans une lettre ouverte à la direction leur souffrance, leur sentiment d’insécurité et leur incapacité à prendre en charge correctement les patients dans ces conditions. La direction n’a rien trouvé de mieux que de renvoyer les agents à une future réorganisation des urgences… dans trois ans. Une preuve de mépris qui n’a fait que précipiter la grève, le 22 janvier. Depuis, la direction reste sourde. Alors que les grévistes exigent des créations de postes pour renforcer les équipes, après la première semaine de grève, la direction ne proposait que des brancards supplémentaires, et deux marchepieds pour atteindre le haut des armoires… de quoi renforcer la colère !

À l’hôpital Édouard-Herriot (HEH), le personnel des urgences fait face au même type de problèmes. Une fois la grève lancée à Lyon-Sud, l’idée de les rejoindre a circulé d’autant plus rapidement que certains collègues des deux hôpitaux se connaissaient déjà : il était presque naturel de rejoindre le mouvement.

Comme une tache d’huile, la grève s’étend d’hôpital en hôpital

Les grévistes de Lyon-Sud ont tout de suite eu le souci d’étendre leur grève. Alors qu’ils peinaient à toucher les autres services de leur hôpital, c’est dans les autres hôpitaux lyonnais qu’ils ont trouvé des relais. Dès le 25 janvier était organisé un rassemblement en commun avec le personnel de l’hôpital de la Croix-Rousse, mobilisé sur des revendications locales (transfert du service des greffes hépatiques sur HEH). Fin janvier, ce sont donc les personnels des deux services d’urgences d’HEH ainsi qu’un service de post-urgences et de médecine interne qui décident de se solidariser avec la grève de Lyon-Sud. Le 30 janvier, un cortège rejoignait la manifestation des Ehpad en solidarité.

Après des hésitations liées au problème des assignations (la plupart des grévistes doivent continuer à travailler pour assurer le service minimum, ils continuent également de toucher leur salaire dans ce cas là), les urgentistes s’organisent et formulent leurs propres revendications. Celles-ci concernent notamment le manque de brancardiers.

À Lyon-Sud comme à HEH, la grève (votée chaque semaine en assemblée générale) a tenu malgré les assignations : il n’est pas rare de voir une infirmière ou une aide-soignante se rendre aux AG ou aux manifestations après une nuit de travail de douze heures. Soucieux de rendre visible leur lutte, les grévistes ont mené une action chaque semaine : manifestation avec les salariés des Ehpad, rassemblements et délégations auprès des directions locales, avec une petite manifestation dans l’enceinte de l’hôpital, rassemblements devant la direction des HCL et devant l’ARS (agence régionale de santé), diffusions de tracts et pétitions destinées aux patients et à la population. Cette mobilisation a eu également un écho dans d’autres hôpitaux de l’agglomération : les urgentistes de l’hôpital de la Croix-Rousse ont profité de l’ambiance pour se déclarer en grève le 21 février, en soutien aux autres hôpitaux, et pour manifester des inquiétudes locales. Le 5 mars, la grève est sortie du périmètre des HCL puisque ce sont les urgentistes de l’hôpital Saint-Joseph Saint-Luc qui les ont rejoints. Un premier pas vers un mouvement d’ensemble ? 

6 mars 2018, Sabine BELTRAND et Dino BATTAGLIA

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