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Cheminots : quatre mois de lutte malgré tous les obstacles

Inter-gares en région parisienne : ou chacun chez soi ?

Mis en ligne le 29 juin 2016 Convergences Entreprises

La SNCF est une grosse entreprise, mais très cloisonnée en nombreux secteurs professionnels comme territoires syndicaux (pour ne pas dire chasses gardées) et il est bien normal qu’en période de lutte d’ampleur, plus encore qu’à l’ordinaire, les militants qui ont à cœur de défendre les intérêts généraux des travailleurs cherchent à bousculer les barrières. Donc à trouver des formes d’organisation de la lutte qui fédèrent, permettent de discuter et décider le plus démocratiquement possible.

C’est la préoccupation première des révolutionnaires, qui ont pour credo que « l’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes » selon la formule de Karl Marx. Et sauf à postuler que des intersyndicales cheminotes nationale, régionales voire locales, remplissent cette fonction et mènent au mieux la lutte (voilà belle lurette qu’il n’en est plus rien), les militants dévoués à leur classe doivent obstinément chercher les moyens d’y parvenir. Comités de mobilisation, comités d’organisation de la grève, comités de grève, même à petite échelle, puis coordinations de ceux-ci… Certes aujourd’hui, on en est resté loin quant au résultat, mais pas quant aux efforts, et comment décider à l’avance, dans quelle boule de cristal, que rien ne sera possible ?

Il faut donc essayer et c’est ce qui a conduit, dans la région parisienne, à l’émergence d’une petite « inter-gares » qui a été le lieu de débats intéressants et d’initiatives heureuses. Un premier avril, genre poisson, elle a commencé à trois ou quatre ! Mais elle est passée à la vingtaine quelques jours plus tard. Puis, dans la foulée de la manifestation nationale du 10 mai, elle a grossi avec l’apport de camarades de province. Ensuite, à plusieurs reprises, le 27 avril, le 19 mai, de 60 à 80 cheminots grévistes et militants de la grève de la région parisienne, auxquels se sont joints quelques-uns de leurs soutiens, se sont retrouvés sur les vieux bancs de bois, et sous les dorures, de l’illustre grande salle de la Bourse du travail à Paris. Pas si moche ! Tour des secteurs et des gares. De Paris-Est par exemple sont venus des grévistes des bureaux d’études, des conducteurs, agents de départ et ouvriers de chantiers plus excentrés. Idem de Paris-Austerlitz, et Juvisy proche ; de Saint-Lazare et sa zone de Mantes ou d’Achères ; de Paris-Nord et ses ateliers du Landy. Ceux de la gare de Lyon ou de Montparnasse ont été plus rares, gares où il est moins habituel de sortir des carcans syndicaux… ou de l’isolement pur et simple ! Ce ne sont pas toujours les mêmes qui sont venus.

On n’en est pas arrivé à un organe de direction du mouvement constitué de représentants dûment élus. On en était loin. Mais le tout est de le savoir et de ne pas se prendre pour ce qu’on n’est pas ! Ceux qui étaient là pouvaient être non syndiqués (il y en a bien plus qu’on ne croit tant les syndicats aujourd’hui rebutent !) ou syndiqués, appartenant pour l’essentiel à la mouvance CGT ou Sud, contestataires par rapport aux appareils, connus certains pour leurs idées révolutionnaires, et ils ont pris des initiatives grâce auxquelles le mouvement a gagné en dynamisme et en lien avec les autres secteurs en lutte contre la loi Travail, en particulier les jeunes et les étudiants autour des Nuits debout. D’abord en réaffirmant dans chacun de ses appels ou tracts le lien entre la lutte contre la loi El Khomri et celle contre le décret-socle cheminots, ce que les directions syndicales ont fait de moins en moins au fil du temps. En s’encourageant à renforcer la grève de façon militante, à aller à la rencontre d’autres entreprises, à organiser des rendez-vous festifs et des débats, à regrouper les banderoles de gares (dont parfois l’initiative a été prise par l’inter-gares) à un même point du cortège – en tête avec les coordinations de la jeunesse, surtout lors des manifestations intermédiaires qui n’étaient pas les « grandes dates » du calendrier syndical. Ce qui n’a certes pas toujours été de tout repos, car quelques dizaines de cagoulés menant leur guéguerre aux flics – et vice-versa – ont pu perturber le cortège cheminots qui a pourtant gardé son cap, sa cohésion et sa fierté en scandant à leur endroit : « L’arme des travailleurs, c’est la grève ». À noter que les camarades qui sont venus aux rendez-vous de l’inter-gares étaient ceux qui, localement, ont cherché à organiser les grévistes en comités divers. Non sans points notables marqués. De la plus haute importance pour l’avenir.

Quelques comités ou une petite inter-gares ne suffiront certainement pas à changer le cours d’un mouvement national, mais ils peuvent faire des petits (y compris dans les têtes), et si une minorité seulement prenait goût et métier à aider systématiquement les travailleurs en lutte, quelles que soient la taille et la portée de ces luttes, à faire qu’elles leur échappent le moins possible, ce serait précieux pour les combats qui nous attendent ! 

Correspondants

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Numéro 106, juin-juillet-août 2016