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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 106, juin-juillet-août 2016 > Loi travail, dégage !

Loi travail, dégage !

Chronologie

Plus de trois mois de mobilisations contre la loi Travail

Mis en ligne le 29 juin 2016 Convergences Politique

Mars : Étudiants et lycéens, moteurs de la mobilisation

La mobilisation a vraiment commencé le 9 mars. Ces manifestations, dans tout le pays, avaient été appelées initialement sur les réseaux sociaux et par les organisations de jeunesse. Mais devant une mobilisation qui s’annonçait forte, s’étaient jointes les organisations syndicales hostiles au projet de loi.

Dès le départ du mouvement, il y avait une forte présence de salariés dans les manifestations. Mais le plus frappant était la mobilisation des jeunes : un mouvement s’est étendu dans les universités et a gagné les lycées, dynamique qui a été pendant les premières semaines des mobilisations un élément moteur du mouvement, avec au moins une manifestation par semaine jusqu’au 31 mars, la journée choisie par les confédérations.

Avril : Nuit debout maintient la flamme

Le 31 mars, malgré la pluie battante sur une bonne partie du pays, a été probablement la plus grosse journée de manifestations de ce mouvement.

C’est après la manifestation parisienne qu’a commencé Nuit debout, avec l’occupation de la place de la République. Le mouvement Nuit debout se développera au cours des semaines dans différentes villes, parfois moyennes comme Nogent-le-Rotrou, Chambéry ou Agen. Avec des caractères divers d’un endroit à l’autre. À noter que certains participants à Nuit debout ont cherché à s’adresser aux salariés. Ainsi le 19 avril au matin, en particulier à l’impulsion de sa commission « grève générale », les Nuit debout sont venus au Technocentre Renault Guyancourt, site dont un salarié prestataire avait été viré car il avait proposé aux syndicats de Renault d’organiser une projection du film Merci patron ! À Lyon, autre exemple parmi bien d’autres, des participants à Nuit debout sont allés à l’usine Bosch de Vénissieux et devant d’autres entreprises.

Après le jeudi 31 mars, l’intersyndicale avait fixé comme suite une manifestation le samedi 9 avril, puis une autre le jeudi 28 avril. Mais dans bien des villes, à l’impulsion des étudiants, de Nuit debout ou de certaines structures syndicales locales, se sont tenues d’autres manifestations pour maintenir le mouvement vivant, comme le 5 avril et le 9 avril.

Du 18 au 22 avril, congrès de la CGT à Marseille : une partie des congressistes expriment leur volonté de combattre et mettent plus ou moins ouvertement en cause la politique de la confédération. Finalement, une déclaration du congrès fait mention de la nécessité de grèves et de leur reconduction, mais dans des termes très mesurés.

L’occupation du théâtre de l’Odéon le dimanche 24 avril marque l’entrée en scène des intermittents, qui luttent contre la loi Travail, mais aussi au sujet du statut de l’intermittence qui se renégociait dans le cadre des discussions sur l’assurance chômage. L’occupation d’autres théâtres les jours suivants, de Paris et de province, fait craindre au gouvernement une montée en puissance de la mobilisation des intermittents. Sa stratégie, qu’il appliquera à d’autres secteurs, sera de déminer le conflit pour diviser les fronts en favorisant un accord avec le seul patronat du spectacle, en promettant que l’État mettrait de l’argent sur la table.

Mardi 26 avril : journée de grève des cheminots, volontairement fixée un jour différent de la journée de grève et de manifestations du jeudi 28 avril.

Cette journée de manifestation du 28 avril sera marquée par une sévère répression policière, un jeune manifestant rennais a perdu un œil d’un tir de flash-ball.

Le soir du 28 avril, après la manifestation, la place de la République accueille une rencontre entre Nuit Debout et les syndicats : plusieurs milliers de personnes sont venues écouter. S’expriment des militants de différentes grèves, luttes ou des syndicalistes locaux (des cheminots parisiens, un postier, des représentants des coordinations nationales étudiante et lycéenne, etc.) mais aussi des représentants de confédérations. Pour la CGT, Philippe Martinez prend la parole : devant un public qui est bien convaincu que la grève générale pourrait seule permettre de gagner, il explique que la grève générale ne se décrète pas mais que la CGT y œuvrerait. Ce qui ne convainc pas tous les présents.

Une semaine bien remplie qui s’achève le dimanche, avec les manifestations du 1er mai. Pour la suite, seul un rassemblement aux Invalides, sans appel à la grève, pour interpeller les députés est prévu le 3 mai.

Mai-juin : après le 49-3, les grèves

Les débats de l’Assemblée nationale prennent vite fin lorsque Manuel Valls annonce dans l’après-midi du 10 mai qu’il aura recours au 49-3 pour faire passer la loi Travail. Dans l’après-midi, par SMS, par les réseaux sociaux, est improvisée une manifestation à Paris à proximité de l’Assemblée nationale. Rassemblant étudiants, Nuit debout, salariés, cette réaction rapide est signe que le mouvement, que certains croyaient enterré, est bien vivant. Et pas seulement à Paris. Le soir, à Toulouse, 3 000 manifestants : « Valls, Macron, c’est la loi des patrons, la vraie démocratie elle est ici », entend-on.

Deux jours plus tard, les manifestations du jeudi 12 mai sont massives. Surtout, c’est à ce moment que plusieurs secteurs se mettent en grève reconductible.

Le lundi 16 mai, commence la grève des routiers. Le 20 mai, pour désamorcer cette grève, le gouvernement garantit que pour les routiers, le taux de rémunération des heures supplémentaires ne pourra pas descendre du fait de la loi Travail.

Les raffineries partent également en grève reconductible. Des blocages de dépôts de pétrole se multiplient.

Le 18 mai à la SNCF : début d’une grève reconductible appelée par Sud et FO. Car du côté de la CGT-cheminots, on n’appelle qu’à deux jours de grève mercredi et jeudi.

Dans les Hauts-de-Seine, les postiers de plusieurs bureaux se sont mis en grève le 10 mai, et le sont toujours aujourd’hui.

Les actions de blocage se multiplient comme à l’aéroport de Toulouse-Blagnac, dans des zones industrielles, etc.

Le 24 mai au matin, le déblocage sans ménagement de la raffinerie de Fos-sur-Mer par la police est largement commenté. La grève s’étend à toutes les raffineries.

Les manifestations du jeudi 26 mai témoignent du nouveau souffle du mouvement. Avec, encore une fois, la répression policière : à Paris, un journaliste indépendant est sérieusement blessé par une grenade de désencerclement (il n’est sorti du coma que le 6 juin).

Dans le groupe PSA, plusieurs usines ont massivement débrayé : ce jeudi d’action contre la loi Travail coïncidait avec l’annonce du Nouveau Contrat Social 2 (le NCS2), plan d’attaque contre les salariés.

Le 31 mai, commence une grève reconductible à la SNCF appelée par CGT, Sud et Unsa qui durera deux semaines. Le 2 juin, une grève reconductible touchant surtout les bus commence à la RATP. Il faudrait aussi mentionner des grèves d’éboueurs, le blocage de Rungis organisé le 9 juin au matin, la mobilisation des dockers du Havre, le blocage d’usines de traitement des déchets en grève, etc.

Après le 26 mai, l’intersyndicale n’a donné qu’une échéance lointaine : une manifestation nationale 14 juin à Paris à l’occasion de l’ouverture des discussions au Sénat. Localement, quelques manifestations se tiennent avant cette date. À Paris, c’est surtout autour des manifestations de cheminots que peut s’exprimer la colère contre la loi Travail : des manifestations aux dimensions modestes mais décidées et combatives. Des contacts entre secteurs en grève auront lieu, avec les cheminots de Saint-Lazare venant au piquet du dépôt de bus de Gennevilliers, ou ceux d’Austerlitz se joignant au piquet de la déchetterie de la Tiru (XIIIe arrondissement de Paris) pour regarder le match d’ouverture de l’Euro.

Invoquant les inondations et l’image de la France à l’occasion du début de l’Euro, Hollande affirme le 6 juin qu’il faut « savoir cesser une grève ».

Le 14 juin, la manifestation nationale est importante, signe que la colère contre la loi Travail est toujours là, plus de trois mois après son début.

16 juin 2016, M.C.

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