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Éducation nationale

Les cordées de l’inégalité

Mis en ligne le 1er octobre 2020 Convergences

Les « cordées de la réussite », le retour. Ce machin si joliment intitulé, doit « être étoffé » d’ici la fin du quinquennat, annonce le gouvernement. En allongeant un peu la corde. Depuis 2008, un dispositif des « cordées de la réussite » permet d’accompagner, sur la base du volontariat, des jeunes de milieux modestes, « des talents », des « pépites » (selon les textes officiels !) pour leur faire découvrir des grandes écoles et autres classes prépas post-bac où leur nombre est encore plus faible que dans l’enseignement supérieur en général.

L’objectif est, en les sortant de leur milieu, de les « pousser » et de leur permettre d’accéder à « l’élite » de la nation. Bref une mise en œuvre de l’ascenseur social…

Ce dispositif ne concernant que 80 000 jeunes aujourd’hui serait donc élargi à 200 000. Il toucherait à terme 30 % des collégiens et lycéens des quartiers défavorisés contre 12 %.

Pour les autres, ceux qui n’ont pas la chance de briller, apprentissage et alternance sont la solution choisie pour lutter contre le chômage de masse et peu importe si leur formation se fait au rabais !

La solution miracle trouvée reprend une formule déjà connue : celle de la méritocratie et de l’individualisation ! La bourgeoisie au pouvoir a toujours aimé trier le bon grain de l’ivraie et distinguer les « méritants » parmi les pauvres.

Au bout de la corde, les oubliés

Le système éducatif français est réputé pour être l’un de ceux où les inégalités sociales ne sont pas rattrapées mais, au contraire, accentuées.

Ainsi, en 2020, 11,5 % des enfants d’ouvriers accèdent à l’enseignement supérieur, contre 34,4 % de ceux des cadres, alors que les ouvriers représentent 25 % de la population active contre 18 % pour les cadres.

Ces inégalités à l’œuvre à l’école ont même été un des arguments massue du gouvernement quand, en mai dernier, il a voulu faire revenir tout le monde à l’école. En cette rentrée, dans la même veine, il a avancé le fait que les mois d’école à la maison les avaient accentuées et qu’il fallait tout mettre en œuvre pour s’y attaquer !

Tout mettre en œuvre… sauf les moyens !

Si on veut, on peut ? Au pouvoir, ils peuvent, mais ne veulent pas

L’objectif n’est pas de permettre une vraie démocratisation par l’école, ni de former des citoyens critiques, ce qui signifierait des moyens bien plus importants pour avoir enfin une baisse significative du nombre d’élèves par classe notamment.

L’objectif est de faire croire que la solution est individuelle quand on est scolarisé dans un quartier défavorisé et que, si on « veut » (s’en sortir !), on peut.

Cette méritocratie, bien utile pour légitimer la position des dominants qui peuvent se targuer du fait qu’ils ont « mérité » leur sort par leurs efforts, et qui par définition est réservée à certains seulement, est à l’exact opposé de ce qu’il faudrait faire.

Cette idéologie n’est pas étonnante venant de Macron ou Blanquer avec leur côté paternaliste ou plutôt dame patronnesse (seuls les pauvres qui sont sages et font preuve d’ambition sociale sont dignes d’intérêt...), mais elle a été partagée par tous leurs prédécesseurs, de gauche comme de droite…

27 septembre 2020, Liliane Lafargue

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Numéro 132, septembre-octobre 2020