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Santé

L’emploi à l’hosto : la pénurie comme choix politique

Mis en ligne le 4 octobre 2020 Convergences

Recruter : un gros mot ?

En 2019, la somme des heures supplémentaires effectuées équivaut à 1539 équivalents temps plein (ETP) manquant à l’AP-HP, auxquels s’ajoutent les 781 ETP d’intérimaires. Des chiffres qui parlent d’eux-mêmes sur la pénurie de personnel. Au Centre hospitalier de Saint-Denis (93), qui ne fait pas partie du regroupement hospitalier de l’AP-HP et qui ne compte que 2300 salariés hors médecins, ce sont 224 275 heures, appelées « vacations », qui ont été effectuées en 2018 (parfois des heures supplémentaires ou des contrats de personnes « extérieures », en fait embauchées à la journée mais pas en contrat pérenne !) : soit 123 ETP. Et 249 320 heures en 2019, soit 137 ETP ! Ces heures de vacation concernent les postes infirmiers, mais aussi aides-soignants et agents des services hospitaliers (ASH).

Dans plusieurs régions du territoire, les directions se « plaignent » d’une difficulté de recrutement au niveau infirmier. Des infirmières embauchées ne restent pas : le turn over infirmier était de 11,9 % en 2019 à l’AP-HP. Beaucoup, à peine arrivées, partent : mauvaises conditions de travail, salaires insuffisants ! Il faut ajouter qu’elles trop souvent embauchées en contrats à durée déterminée. Aux Hôpitaux universitaires de Strasbourg, qui comptent plus de 150 postes vacants d’IDE (infirmier diplômé d’État), et donc quasiment autant de services fonctionnant de facto en sous-effectif, les IDE doivent être contractuels en enchaînant trois CDD pendant un an, stagiaire une autre année, avant de pouvoir enfin devenir titulaires de la fonction publique.

Au niveau des aides-soignants et agents des services hospitaliers, il y a également de nombreux postes vacants. Les demandes d’embauche sont importantes et les directions ne recrutent pas. Au Centre hospitalier de Saint-Denis, des aides-soignantes cumulent des CDD sur un période de deux ans avant d’espérer un emploi pérenne, pendant que d’autres cumulent les vacations sans réponse à leur CV pour un emploi fixe, et qu’elles continuent à être appelées pour des embauches à la journée. Les agents des services hospitaliers, ceux qui effectuent de nombreuses tâches logistiques primordiales pour le fonctionnement d’un service comme les « courses » (aller chercher le matériel, déposer les examens aux laboratoires…), le brancardage des personnes hospitalisées, le bio-nettoyage, quand ce dernier n’a pas été « délégué » à une société privée (dont on n’explicitera pas ici les conditions de travail…), eux aussi cumulent les CDD. À Strasbourg, selon la direction, plus aucune titularisation n’est possible pour les ASH, contraints d’enchainer les CDD d’un mois et de vivre dans la peur de ne pas le voir renouvelé le mois suivant. La direction n’a évidemment aucune justification à donner quant à la non-reconduction des contrats…

Former : une prochaine fois ?

De nombreuses aides-soignantes souhaiteraient poursuivre leurs études pour devenir infirmières. Où sont les fonds pour leur assurer une formation ? Même là où manquent des infirmières, les places en promotion professionnelle sont très limitées et difficiles à obtenir. Et quand elles arrivent à être financées pour entrer en école, elles doivent revenir travailler sur une partie des congés. À l’AP-HP, faute de financement public, ce sont même des dons du privé qui ont financé certaines formations professionnelles.

Idem pour la formation aides-soignantes. On peut encore citer l’exemple du Centre hospitalier de Saint-Denis, où la précédente direction a « promu » nombre d’ASH en « faisant-fonction d’aides-soignantes »… Restant au grade d’ASH elles touchent un salaire inférieur. Une ASH titulaire qui a trois ans d’ancienneté touchera 1323 euros net, une aide-soignante titulaire avec la même ancienneté 1477 euros net. Cette situation perdure pour la plupart, sans accès à une formation pour toutes et tous, ni une validation des acquis d’expérience (VAE), très difficile à obtenir.

La peur de perdre son emploi, un salaire qui stagne au minimum, des conditions de travail déterminées par le manque d’effectif, voilà la réalité de l’emploi à l’hôpital. Asservies et méprisées dans les faits malgré les hommages de façade, c’est en ce début septembre, alors qu’il manque plus que jamais du personnel, que le gouvernement publie un décret « relatif aux mesures d’accompagnement en cas de suppression d’emploi dans la fonction publique hospitalière ».

La santé de la population, des travailleurs, ce n’est pas ce qui intéresse les politiciens au pouvoir. N’attendons rien d’eux, exigeons ! Pour de meilleures conditions de travail et de vie !

26 septembre 2020, correspondant(e)s

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Numéro 132, septembre-octobre 2020