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Syrie

Les Assad père et fils : dictatoriaux pour leurs peuples, conciliants avec l’impérialisme

Mis en ligne le 29 septembre 2013 Convergences Monde

Soutenu par la Russie et la Chine, alors qu’USA, France et Angleterre voudraient sa peau, le régime d’Assad serait-il un résidu de l’époque de la guerre froide ? Son alliance avec l’Iran, grand Satan de la région aux yeux des USA et d’Israël, lui conférerait-elle un zeste d’anti-impérialisme ? Ce qui expliquerait d’un côté les jeux diplomatiques de la Russie et la Chine, de l’autre le fait que dans les pays arabes une partie de la gauche nationaliste en pincerait encore pour Assad, contre ces fichus islamistes de la rébellion. Sans parler du Parti communiste syrien qui a toujours été lié à la dictature des Assad père et fils.

L’histoire est un peu moins tranchée. Les menus services rendus par les Assad père et fils n’ont pas manqué. Leur rôle pour le maintien de l’ordre dans la région a bien souvent arrangé les grandes puissances, de l’ouest comme de l’est.

Petit retour sur le passé de la dictature nationaliste syrienne

  • De 1958 à 1961 : Dix ans après la fin du mandat français sur la Syrie (le rôle colonial « historique » dont Hollande se dit encore fier), une éphémère République Arabe Unie avait été créée joignant la Syrie à l’Égypte de Nasser, au nom de l’anti-impérialisme et du panarabisme.
  • 1963 : Arrivée au pouvoir du parti Baas, actuel parti d’Assad, qui se proclamait « parti de la résurrection arabe et socialiste », un socialisme des plus flous fait de vagues promesses aux couches populaires. La même année un parti frère, également nommé Baas (parti dont Saddam Hussein allait devenir le chef), prenait le pouvoir en Irak.
  • 1970 : Deux coups d’État plus tard, c’est Hafez el-Assad, ancien chef d’état-major formé en URSS et devenu ministre de la Défense, qui prenait le pouvoir, liquidant au passage l’aile la plus radicale du parti Baas. Afin d’assurer son emprise, il avait réduit toute résistance, ne tolérant qu’une opposition factice regroupée avec le Baas au sein du Front National Progressiste (FNP), coalition de soutien à sa personne dans laquelle entrèrent de petits groupes nasséristes et le PC syrien. Les militants communistes qui refusèrent cette union furent jetés en prison.
  • 1976 : L’armée syrienne intervenait au Liban. Non pour voler au secours des réfugiés palestiniens avec qui les quartiers pauvres de Beyrouth avait fait cause commune, face aux Phalanges chrétiennes d’extrême droite. Mais, au contraire, pour sauver ces Phalanges de la défaite, en connivence avec les États-Unis qui n’avaient pas envie d’intervenir eux-mêmes. Et au soulagement d’Israël.
  • 1982 : En décembre, alors que l’armée israélienne avait envahi le Sud-Liban et bombardait les quartiers pauvres de Beyrouth, l’armée syrienne, aidée de milices palestiniennes pro-syriennes, attaquait dans le Nord-Liban les bases de l’OLP et les populations encerclées à Tripoli. Dix mois plus tôt, en février 1982 en Syrie, l’armée avait massacré la ville de Hama pour écraser une rébellion conduite par les Frères musulmans (15 000 morts). C’était une affaire intérieure, qui s’en souciait ?
  • 1991 : Oubliant définitivement ses idéaux panarabistes, Assad rejoignait la coalition dirigée par les États-Unis contre l’Irak de Saddam Hussein.
  • 2000 : À sa mort, Hafez el-Assad recevait les éloges des dirigeants impérialistes : les socialistes Lionel Jospin et Tony Blair, au pouvoir en France et en Angleterre, y allèrent chacun de leur larme.
  • Assad fils : Succédant à papa, Bachar el-Assad fut à nouveau en froid avec les pays impérialistes, pour la responsabilité des services secrets syriens dans l’assassinat de l’homme d’affaire Hariri, ami de Chirac, et ancien Premier ministre libanais. En avril 2005, les troupes syriennes étaient contraintes de se retirer du Liban après 30 ans d’occupation d’une partie du pays.
  • 2008-2009-2010 : Mais pas de rancune, la France et les États-Unis s’étaient familiarisées avec le clan Assad, et vice-versa. Reçu trois années successives à l’Elysée, Bachar el-Assad en était devenu hôte de choix.

Voilà pourquoi les grandes puissances l’ont laissé pendant deux ans bombarder son peuple. Et pourquoi Hollande explique que les frappes qu’il envisage pour lui « donner une leçon » (en bombardant des Syriens !) ne sont pas destinées à le faire partir. Juste à renouer le dialogue avec lui !

M.D.

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Numéro 89, septembre-octobre 2013

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