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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 89, septembre-octobre 2013

La Poste : le bâton sans la carotte

Mis en ligne le 29 septembre 2013 Convergences Entreprises

Exploitation sans vergogne

Le vendredi, 28 juin 2013, Mahamadou, 57 ans, terminait son 7e CDD sur un site postal de la Défense (Hauts-de-Seine). Ses collègues, attentifs à sa situation, se demandaient s’il avait signé son contrat dans les règles. Ils contactèrent deux syndicalistes de Sud Poste 92 afin qu’ils interviennent sur le centre. Ceux-ci, arrivés sur place, se rendirent compte que le contrat avait été antidaté et que Mahamadou avait travaillé plus d’un mois sans contrat. Les postiers, révoltés par la situation, se réunirent en assemblée générale et débrayèrent spontanément à plus de 90 %. « Choqué » par cette « atteinte à la production » le directeur départemental de la Poste des Hauts-de-Seine, décidait de ne pas faire de CDI à Mahamadou alors que le Code du Travail exige de requalifier un contrat CDD s’il n’a pas été signé dans les 48 heures.

Après trois débrayages ultra-majoritaires et une grève en défense de leur camarade précaire, les postiers de la Défense obtenaient pour lui une promesse d’embauche au sein du groupe La Poste. Seulement le directeur départemental prit aussi un second engagement : il sanctionnerait Brahim et Yann, les deux militants de SUD, pour avoir « foutu le bordel ».

Répression : promesse tenue

Après avoir élégamment dit à l’un d’eux (qui sort d’une période d’exclusion de 18 mois) qu’il allait « re-goûter au RSA », le grand manitou du 92 passait aux actes.

Les 29 août et 11 septembre 2013, deux conseils de discipline se tenaient pour sanctionner Brahim et Yann. Bien que la direction de la Poste 92 ait manigancé ses sales coups en plein été, l’émotion suscitée a été forte et il s’est trouvé chaque fois plus d’une centaine de postiers sous les fenêtres des conseils de discipline ! À l’issue de ceux-ci la direction votait trois mois d’exclusion pour l’un et six mois d’exclusion (dont trois avec sursis) pour l’autre. Les motifs invoqués furent, entre autres, « prise de parole et visite non autorisées dans les établissement de la Poste » et « incitation à la grève illicite ».

Une volonté claire d’empêcher l’expression des travailleurs

À travers ces affaires disciplinaires, derniers opus d’une série déjà longue, la direction de la Poste exprime ouvertement sa volonté d’interdire l’expression d’un syndicalisme de lutte. Elle prétend imposer aux militants d’attendre « l’autorisation des chefs d’établissements » ainsi que la définition « des modalités d’intervention » sur l’ensemble des sites du 92 pour pouvoir y mettre un pied. En d’autres termes, elle veut interdire tout ce qui sort du cadre de ce qu’elle appelle « le dialogue social normal ». Les assemblées générales, débrayages et délégations de masse, sont pour elle des pratiques condamnables.

Des rêves à la réalité

Ayant supprimé plus de 80 000 emplois en 10 ans et comptant en liquider 50 000 d’ici 2018, on comprend que la direction du groupe La Poste soit à l’offensive. Pourtant, ses fantasmes quant au dialogue social se heurtent au dur principe de réalité. Les postiers réagissent souvent par la grève et l’action collective, il n’est jamais un moment sans un bureau ou une entité en lutte. À force de précariser, d’augmenter les charges de travail, de tirer les salaires vers le bas et de réprimer, les patrons du groupe préparent les conditions de la révolte. Le mouvement sur la Défense et la solidarité qui s’y est exprimée sont un ferment autrement prometteur que les petites manœuvres répressives mises à l’œuvre dans les Hauts-de-Seine.

Le 15 septembre 2013

Erwan PIAM

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Numéro 89, septembre-octobre 2013

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