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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 76, juin-juillet 2011

Editorial

L’extension de la colère

Mis en ligne le 15 juin 2011 Convergences Monde

Cela a commencé par les révolutions tunisienne et égyptienne, qui ont fait chuter deux dictateurs. Des révolutions loin d’être achevées, où la jeunesse et les travailleurs en grève continuent de se mobiliser contre tous ceux prêts à rétablir l’ancien régime. De profonds mouvements dont les acteurs les plus déterminés en appellent à « la révolution permanente », en se référant aux illustres précédents de 1789 et 1917.

Puis il y a eu la Libye, où malheureusement l’intervention militaire très intéressée de l’OTAN a gelé sous les bombes l’effervescence révolutionnaire en la transformant en guerre civile de tribus concurrentes. Ce qui, en dépit des calculs des grandes puissances, n’a toutefois en rien congelé la contestation populaire ailleurs.

Cela a continué par les révoltes au long cours au Yémen, au Bahreïn... puis en Syrie où la population continue d’affronter la répression la plus sanglante avec un courage inouï. Sans faiblir. Sans renoncer. Comme un signal aux peuples du monde entier, de la part de ceux qui n’ont rien à perdre. Que leurs chaînes.

De façon moins saisissante, du moins jusque-là, le vent de la colère s’est propagé par moult grèves et manifestations en Algérie, puis au Maroc, où depuis février la jeunesse multiplie les mobilisations en dépit des interdictions et premières mesures répressives.

Puis, cette année, l’avis de turbulences a touché l’Europe. À commencer par l’Espagne. Ah, pas contre « la dictature », certes, mais à la veille précisément… de ces élections si chères à nos prétendues démocraties occidentales ! Ces élections grâce auxquelles la gauche et la droite se relaient presque mécaniquement au pouvoir pour imposer leurs plans d’austérité aux classes populaires. Cette démocratie de façade que conteste la jeunesse « indignée », mais qui a fait dire à notre ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, interrogé sur l’occupation de la Puerta del Sol, qu’il ne croyait pas à « un été européen qui ferait suite au printemps arabe ». Sans s’aventurer toutefois au-delà de l’été ! Car la question se pose, justement. Et sérieusement.

Dans la semaine même, c’est la jeunesse grecque qui se remettait à manifester chaque jour contre le nouveau plan scélérat imposé par les usuriers de l’Europe et du FMI. Mais aussi contre ce gouvernement socialiste qui accepte de vendre toute la Grèce à l’encan (ports du Pirée et de Salonique, services publics, chemin de fer, aéroports, patrimoine immobilier… jusqu’aux monuments !), pour rembourser ce si mal nommé « plan de sauvetage » qui étranglera le peuple grec et ne sauvera que les financiers des pays « préteurs ».

Non, les « indignés » d’Espagne, du Portugal et de Grèce ne croient plus à cette drôle de démocratie qui impose, derrière la façade des élections, la « dictature des marchés ». Certes, comme dirait Juppé, il n’y a pas eu en Europe de vendeur ambulant de 26 ans qui s’est immolé comme à Sidi Bouzid. Mais si la misère y est moins terrible, rappelons que la « démocratie » à l’occidentale s’arrête à la porte des entreprises. Ces grandes entreprises qui pour mieux faire pression sur les effectifs et rémunérer leurs actionnaires, font régner chez elles cette ambiance totalitaire qui a conduit de trop nombreux désespérés, techniciens, cadres ou ouvriers, à s’immoler sur leur lieu de travail.

En Tunisie, en Égypte, ces gestes prémonitoires ont conduit à la révolution. Pour l’heure, en Europe, des désespoirs analogues n’ont conduit qu’à « l’indignation ». Ne minimisons pas. Pour peu que la classe ouvrière, d’Espagne, de Grèce, du Portugal… ou de France rejoigne sa jeunesse, ceux qui tiennent aujourd’hui le bon bout du manche auraient du souci à se faire. Comme disait le jeune Karl Marx, à 25 ans, «  La critique » (de la société doit être) « une arme de guerre . (…) Son pathos essentiel est l’indignation et son travail essentiel la dénonciation. (…) Il faut rendre l’oppression réelle plus dure encore en lui ajoutant la conscience de l’oppression (…)  » Et c’est ainsi que lui-même passa de l’indignation à la révolution… et au Manifeste communiste !

5 juin 2011

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Numéro 76, juin-juillet 2011