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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 100, juin-juillet-août 2015 > Films et livres

Films et livres

Film : La loi du marché

Mis en ligne le 27 juin 2015 Convergences Culture



La loi du marché

de Stéphane Brizé


Le film était en compétition à Cannes en 2015 et son acteur vedette, Vincent Lindon, y a obtenu le prix d’interprétation masculine.

Thierry, la cinquantaine, est ouvrier au chômage en fin de droits. Il navigue entre la maison, où, avec son épouse, il s’occupe de son enfant handicapé, les rendez-vous à Pôle emploi et ses stages de formation inutiles, les visites à la banque et les « rendez-vous » pour un entretien d’embauche… sur Skype.

Une fois versées, les prestations pour lesquelles on a cotisé pendant des années ne sont plus un droit mais deviennent une faveur faite à un importun, certainement un profiteur du système… C’est bien ce qui suinte des crétineries ordinaires que se doivent de débiter ceux qui ne sont eux-mêmes que des salariés – de Pôle Emploi, d’une banque, d’une entreprise industrielle ou du système éducatif. Petites humiliations de la vie quotidienne, autant pour ceux qui les profèrent que pour ceux à qui elles sont destinées.

Ouvrier qualifié, Thierry retrouve du travail comme vigile dans un supermarché de banlieue bourré de caméras montées sur rail, permettant de surveiller les clients… et les caissières. Les prises effectuées ? On vous laisse deviner quelle sorte de grands bandits est traquée…

Le ton des protagonistes sonne d’autant plus juste qu’il ne s’agit pas d’acteurs professionnels. Le film donne l’impression d’être un documentaire. Il l’est, d’ailleurs, dans la mesure où il concentre dans une fiction une masse de faits de la vie ordinaire. Tout passe par l’œil de Thierry, un regard qui ne manque rien, qui montre des personnages un peu humiliés ou un peu honteux. Chacun est contraint d’abandonner, par petits bouts, sa réserve de compassion, d’égarer son humanité par bribes. La loi du marché… À noter la participation de Xavier Mathieu qui joue… le rôle du copain syndicaliste essayant de convaincre Thierry de continuer à poursuivre en justice leur ancien patron. Il n’y parvient pas… ce qui n’est pas la scène la moins réaliste.

La révolte finale de Thierry est individuelle et muette. Mais le cinéma ne peut pas inventer les révoltes sociales. Aux militants d’en bâtir le cadre. Les conditions, elles, les capitalistes s’en chargent.

J.-J.F.

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