« Dieselgate » à PSA
Bienvenue au bal des hypocrites
Mis en ligne le 5 octobre 2017 Convergences Entreprises
Le PDG de PSA, Carlos Tavarès, s’est empressé de dénoncer comme une « diffamation » la parution dans le journal Le Monde du 8 septembre d’un article sur la « stratégie » de PSA concernant la pollution de ses véhicules. Une « stratégie globale visant à fabriquer des moteurs frauduleux », titrait le journal. Mais ce titre, comme les informations sur les tricheries du constructeur masquant les dépassements des normes de pollution, étaient tout simplement tirés du rapport de l’enquête sur les voitures produites par PSA faite par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes.
Depuis l’affaire Volkswagen dite du « Dieselgate », tous les constructeurs poussent des cris d’orfraies lorsqu’ils sont mis en cause. C’était Renault en 2016, PSA aujourd’hui. Mais ce n’est pas une grande révélation : il est de notoriété publique que les pseudo-homologations de laboratoire sur les émissions de polluants sont au mieux complètement bidon, au pire un vaste mensonge organisé par les industriels avec la complicité des États européens sous couvert de fameuses – ou plutôt fumeuses – normes européennes.
Un cycle pas très carré
Car le cycle d’homologation lui-même, NEDC (Nouveau cycle européen de conduite, en place depuis 1973), est à dix-mille lieues d’une mesure dans le cadre d’un fonctionnement ordinaire des véhicules. La vitesse moyenne requise par l’homologation est ridiculement basse. Les accélérations sont celles d’escargots, comme on n’en croise sur aucune route. Tout le monde le sait depuis des années. Ce sont les gros constructeurs automobiles européens appuyés par leurs États qui ont imposé cette arnaque à la Commission européenne.
Ajoutez à cela des logiciels réglés pour réduire la pollution et la consommation dans les conditions spécifiques des tests, tout en les laissant exploser les normes dans les conditions normales de circulation, et le tour est joué.
Les mesures lors des tests sont même optimisées jusqu’au ridicule : scotch aux portières, pneus sur-gonflés, lubrifiant spécifique, voiture allégée, etc. Résultat : des consommations affichées irréalisables, des clients pris pour des gogos et une pollution dont tout le monde fait les frais !
Le pot d’échappement et le pot aux roses
En attendant, les salariés ont quelques raisons d’être méfiants. C’est le cas à l’usine de Poissy où certains expriment la crainte que l’amende de cinq milliards d’euros, dont pourrait être passible PSA pour sa fraude, soit encore un nouveau prétexte pour supprimer des postes, des primes ou même fermer des sites.
Quant aux salariés des sites de R&D, ils se demandent à quoi a bien pu servir tout le boulot qu’on leur a demandé, ces milliers d’heures de travail, juste pour permettre aux véhicules de passer au travers de tests bidon et les présenter aux acheteurs sous leur moins mauvais jour écologique.
Mais personne n’est dupe des pleurnicheries d’un Tavares : les salariés savent bien qu’avec les bénéfices empochés sur la production, et embellis grâce à la fraude sur les normes de pollution, les vrais responsables ont de quoi payer l’amende, à commencer par la richissime famille Peugeot. Si tout ça ne se termine pas, une fois de plus, par l’enlisement du scandale, la classique amnistie pour les patrons… et de nouvelles promesses de profits dans la bagnole électrique !
Correspondants
La voiture électrique, vraiment écolo ?
Les constructeurs automobiles s’orientent de plus en plus vers la fabrication de véhicules hybrides ou 100 % électriques. Ils peuvent ainsi se faire passer pour de fervents écolos tout en profitant des subventions allouées par l’État à ces « véhicules propres ».
En regardant sous le capot de ces voitures, la réalité est nettement moins verte. Sans même aborder la production d’électricité, les batteries électriques utilisent des métaux appelés « terres rares » dont l’extraction, presque exclusivement réalisée en Chine, rejette dans la nature des quantités considérables de substances toxiques et d’éléments radioactifs. À Baotou, le plus grand site d’extraction de ces minéraux, la situation environnementale et sanitaire est catastrophique : les légumes et le riz ne poussent plus, les poissons meurent et les cancers se sont multipliés.
Boris LETHO
PSA : après nous le déluge
Carlos Tavarès affirmait le 12 septembre au salon de l’auto de Francfort, à propos des voitures électriques, que PSA s’y lançait « à fond », puisqu’on l’y incitait. Mais, ajoutait-il : « Je ne voudrais pas qu’on nous reproche dans trente ans de ne pas avoir prévu des problèmes de recyclage de batteries ou autres. » Car, comme il le dit lui-même, on n’est sûr de rien sur la viabilité écologique de l’électrique, et il tient à décliner par avance toute responsabilité.
C’est que le groupe PSA a une expérience de la chose, puisqu’il y a 30 ans, précisément, c’était à l’instigation du PDG de PSA de l’époque, Jacques Calvet, que le gouvernement adoptait une augmentation des avantages fiscaux du Diesel permettant aux constructeurs français d’être les champions du développement de la voiture Diesel (motorisation plutôt réservée jusque-là aux véhicules utilitaires et aux taxis).
Une chose est sûre : les constructeurs automobiles se fichent de produire des voitures à l’essence, au gasoil ou électriques, du moment que ça rapporte. Mais qu’on n’aille pas leur faire des procès : la pollution, ce n’est pas leur problème.