Après l’élection présidentielle américaine
Trump viré, Biden embauché. Seules les luttes du monde du travail feront la différence
Mis en ligne le 30 novembre 2020 Convergences Monde
Trump est sur le départ. Bon débarras ! Personne ne regrettera le milliardaire raciste et sa démagogie souverainiste : ses cadeaux aux patrons américains n’ont pas fait reculer le chômage, mais exploser la précarité et les inégalités. Biden a un style différent. Pourtant ce n’est pas le programme de ce fidèle serviteur de la bourgeoisie depuis 50 ans qui débarrassera les États-Unis du racisme et de la pauvreté. La campagne électorale a polarisé la société entre démocrates et républicains. Mais la seule division qui vaille, c’est celle entre exploiteurs et exploités.
(Ci dessous l’éditorial des bulletins d’entreprise L’Étincelle du 9 novembre 2020)
Aux États-Unis, pour la plupart de ceux qui ont voté Joe Biden, c’est un soulagement de voir Trump évincé. Surtout pour ceux qui ont été la cible de ses attaques : immigrants, Afro-Américains, femmes, homosexuels, manifestants de Black Lives Matter et bien d’autres… Mais sans illusions. Trump a peut-être été éliminé, mais le racisme, la xénophobie, la paupérisation de la population au profit des 1 % les plus riches ne cesseront pas. Et il y a bien des raisons de se méfier des démocrates, également piliers de ce système érigeant la loi du profit et donc l’injustice sociale comme règle absolue.
La démocratie du dollar
D’ailleurs, qu’est-ce que cette démocratie où des électeurs, parmi les populations noires et pauvres notamment, sont souvent rejetés des listes électorales ? Qu’est-ce que cette démocratie où les frais de campagne cumulés des deux candidats s’élèvent à plus de quatorze milliards de dollars, réservant de fait l’élection aux millionnaires ou à leurs amis ? Les cris de Trump contre la fraude masquent le fait bien plus réel que c’est tout le système démocratique américain qui est illusoire et biaisé. C’est celui d’une démocratie bourgeoise qui, là-bas comme ici, empêche les travailleurs de décider de quoi que ce soit, si ce n’est le politicien qui dirigera pour le compte des milieux d’affaires.
Ne nous laissons pas « Trumper »
Trump se présente comme « anti-système », défendant les travailleurs du pays face à la crise. Mais au-delà de sa sale démagogie raciste et de ses mensonges, quel est son bilan ? La baisse massive du chômage ? Derrière les chiffres magouillés, la précarité a explosé. Des profs de lycée cumulent deux boulots pour s’en sortir. Des octogénaires doivent retourner au turbin. Des travailleurs dorment dans leur voiture, à cause du coût des loyers. On les appelle les « travailleurs-SDF » tellement le phénomène s’est répandu. Et depuis la crise de la Covid, plus de 36 millions de personnes ont perdu leur travail.
En réponse, Trump a choisi de subventionner les grands capitalistes en débloquant 669 milliards de dollars en plan de relance. Des deux côtés de l’Atlantique, les mêmes recettes s’appliquent pour restructurer, concentrer le capitalisme au détriment du reste de la société.
Avec Biden aussi, les capitalistes seront choyés
Biden, lui aussi millionnaire, est l’homme de la grande bourgeoisie. Sa carrière politique débute comme sénateur du Delaware en 1973. Il a fait de ce petit « État-entreprise » le plus vaste paradis fiscal intérieur américain. Ce lobbyiste des banques et va-t-en-guerre a voté pour toutes les interventions militaires, le Patriot Act, les lois anti-pauvres, etc. Il a les qualités nécessaires pour gérer les intérêts capitalistes et présenter la facture aux classes populaires.
Des faux choix pour les travailleurs
Le cirque électoral terminé, les États-Unis seront toujours le pays où les trois Américains les plus fortunés (Jeff Bezos, Bill Gates et Warren Buffet) possèdent autant de richesses que plus de la moitié de la population.
Les divisions des classes populaires entre démocrates et républicains, entre Blancs, Noirs et Latinos, ou entre nationaux et immigrés, visent à masquer la seule division qui vaille vraiment : celle entre les exploiteurs et les exploités. Le sort de ces derniers ne peut se résoudre dans une élection opposant des Trump à des Biden, ou des Macron à des Le Pen. L’avenir appartient aux luttes communes des exploités, des oubliés, des exclus, des stigmatisés. Les jeunes et les travailleurs de toutes origines descendus dans la rue, à l’occasion du mouvement Black Lives Matter entre autres, parviendront-ils à s’émanciper d’un Parti démocrate qui a toujours été un pilier du système ? Une perspective politique de classe, indépendante des grands appareils politiques, démocrate comme républicain, pourrait-elle surgir ? L’espoir de jours meilleurs pour les travailleurs aux États-Unis comme en France est à chercher de ce côté-là.
Mots-clés : Donald Trump | Joe Biden | USA