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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 29, septembre-octobre 2003

Les riches peuvent-ils payer les retraites ?

Mis en ligne le 26 septembre 2003 Convergences Société

C’est sous ce titre accrocheur que dans Le Monde du 11 juin 2003, Thomas Piketty, au beau milieu du mouvement du printemps dernier, prétendait rabattre le caquet une fois pour toutes au manifestants : certes, reconnaissait-il, « avant tout, le conflit sur les retraites est un conflit sur la répartition des richesses  », ce qui ne signifie pas selon lui qu’il « suffirait pour résoudre le problème du financement de ponctionner les nantis, les spéculateurs, les revenus financiers, les stock-options, etc ». « Les riches sont-ils effectivement assez riches pour payer les retraites ? La réponse à cette question est malheureusement négative » avançait-il avec assurance, avant d’asséner quelques chiffres : même en augmentant au maximum la tranche supérieure de l’impôt sur le revenu, on ne parviendrait pas à soutirer aux 250000 ménages les plus aisés plus de 7 milliards d’euros par an, soit 0,4% du PIB, alors qu’il en aurait fallu dix fois plus pour financer les retraites. « Et le fait d’avoir recours à d’autres prélèvements que l’impôt sur le revenu, comme une taxe sur les revenus boursiers, les profits, la valeur ajoutée, les transactions financières, etc., ne changerait rien à l’affaire. (…) quel que soit le prélèvement utilisé, le fait est que les ménages disposant de revenus supérieurs à 65 000 euros par an et par personne ne paieront jamais plus de 0,4 point de PIB. » « Les riches sont riches, mais il ne sont pas assez nombreux. », tel est le fin mot de l’affaire.

Dans son récent rapport sur « la fiscalité dérogatoire », le Conseil des impôts, une vénérable institution, s’intéresse pour la première fois aux « niches fiscales » dont regorge la fiscalité française : depuis les dégrèvements d’impôts pour l’emploi de personnel de maison jusqu’à la défiscalisation des investissements outre-mer (loi Pons, 26 130 bénéficaires) en passant par les zones franches, jusqu’à la ristourne pour la « souscription au capital des sociétés d’investissement régio nal » (un seul bénéficiaire en 2001), etc… La bourgeoisie et ses experts en « optimisation fiscale » sont maîtres dans l’art de jouer sur ces 418 « dispositifs dérogatoires » pour échapper en tout ou partie à l’impôt. On ne connaît le coût que de 234 de ces niches… et il serait d’au moins 50 milliards d’euros par an selon le Conseil des impôts !

Etonnant, M. Piketty ! Il serait impossible aux riches de contribuer pour plus de 7 milliards par an au financement des retraites… alors même qu’ils bénéficient, rien qu’en ristournes fiscales, d’un « bonus » au bas mot sept fois supérieur à ce montant (et on ne sait rien des 184 niches non estimées).

Alors oui, les riches peuvent payer les retraites… en revanche, monsieur Piketty ne pourra pas toujours se payer notre tête !

Julien FORGEAT

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