Cette terre promise
D’Erich Maria Remarque
Stock, 486 pages, 23 euros (se trouve facilement d’occasion autour de 6 euros).
C’est le dernier roman (inachevé) d’Erich Maria Remarque, écrit peu avant sa mort en 1970, traduit pour la première fois en français en janvier 2017, publié à titre posthume en allemand en 1998 (Das gelobte Land). Ce roman de l’auteur de À l’Ouest rien de nouveau (1929) a pour fond cette partie de sa vie qui s’est déroulée dans sa condition de migrant, fuyant à travers différents pays européens le nazisme ainsi que les gouvernements qui poursuivaient sa sale besogne, pour se retrouver finalement aux États-Unis, en passant par le centre de tri d’Ellis Island. D’où un grand nombre des désespérés qui attendaient un refuge furent par ailleurs renvoyés, pour finir en grand nombre dans les camps nazis. Les autres entamant alors pour la plupart une vie de clandestins dans cette « terre promise ». Une situation qui n’est pas sans rappeler ce qui passe aujourd’hui avec les migrants essayant d’échapper aux guerres et à la misère, toujours bien actuels.
« Plus jamais ça ! » fut-il proclamé après les terribles destructions et les millions de victimes de la seconde guerre mondiale, et pourtant… Ce que l’auteur décrit, c’est avant tout le désespoir – son désespoir – de cette condition de migrants, parmi lesquels un grand nombre de juifs. Lui-même, pour les besoins de sa fuite et plus tard son intégration, a vécu sous une fausse identité le classant dans cette catégorie. Dans ce milieu de clandestins, des intellectuels pour un certain nombre, on boit beaucoup, on se suicide beaucoup…
Terrible récit. Indispensable.
Louis GUILBERT
Mots-clés : Livre