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Films

Capharnaüm

de Nadine Labaki

Mis en ligne le 13 novembre 2018 Convergences Culture

Capharnaüm

de Nadine Labaki


Lors de la remise du prix du jury à Cannes, la réalisatrice Nadine Labaki signale l’absence d’une des actrices-enfants, occupée à travailler dans les rues de Beyrouth. C’est dire le contraste saisissant entre les paillettes de la Croisette et le sujet de Capharnaüm.

Le film suit le regard de Zain, un enfant de Beyrouth, sans papiers ni date de naissance, qui tente, avec toute la débrouillardise et la gouaille qui le caractérisent, de survivre et d’« être quelqu’un de bien », comme il dit, dans une société qui ne lui laisse aucune chance. Cet Oliver Twist libanais n’épargne aucune des tares engendrées par la misère sociale : la promiscuité et la violence familiale, l’oppression des femmes, la clandestinité, le trafic humain, le travail des enfants. Deux siècles après Dickens et Hugo, on n’en a pas fini avec les misérables, comme en témoigne cet épisode où la réfugiée qui recueille Zain vend ses cheveux pour s’acheter de faux papiers et pouvoir rester au Liban.

Alors qu’il travaille quotidiennement pour sa famille, Zain décide de fuir le foyer quand ses parents acceptent de marier leur fille au fils du proprio de leur taudis. Capharnaüm aurait pu glisser vers une culpabilisation des parents violents avec le procès qu’intente Zain aux siens pour l’avoir mis au monde. Mais le film offre quelques clés permettant d’éviter cette lecture univoque. Si Zain accuse surtout ses parents, le film illustre le déterminisme social clamé par les parents au procès, dans une société qui contraint certains de ses membres à une existence illégale et misérable. C’est un mélo, à n’en pas douter, qui, en resserrant l’intrigue sur des trajectoires personnelles donne à voir, plus qu’à comprendre, une situation alarmante où l’Histoire semble même régresser puisque ce n’est plus Charlot, adulte marginalisé, qui s’occupe d’un enfant comme dans Le Kid en 1921, mais un gosse de douze ans qui doit s’occuper d’un bébé !

Barbara Kazan

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Numéro 122, novembre 2018

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