Liban : la révolution nait des entrailles du chagrin, documentaire de Sarah Claux, Arthur Sarradin et Charbel El-Cherif
LCP, 2021, 52 min, replay sur la chaîne

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LCP, 2021, 52 min, replay sur la chaîne
Liban
Le 4 août 2020, une explosion détruisait le port de Beyrouth et dévastait des quartiers entiers de la capitale. L’énorme déflagration avait été déclenchée par un incendie dans un entrepôt qui abritait 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium stockées « sans mesures de précaution », de l’aveu même des autorités. La tragédie faisait plus de 200 morts, 6 500 blessés et 300 000 sans abris. Selon l’ONU 73 000 appartements, 163 écoles et 6 hôpitaux avaient été détruits ou endommagés.
Convergences Monde 1er octobre 2020
Alors que Macron paradait à Beyrouth, plusieurs rassemblements ont eu lieu, à Beyrouth et à Paris, pour rappeler à sa mémoire le sort du militant Georges Ibrahim Abdallah, enfermé dans les prisons françaises depuis 1984, et exiger sa libération.
Georges Abdallah, militant du Parti communiste libanais a été arrêté en France en 1984, et condamné à perpétuité pour un crime qu’il n’avait pas commis. Mais, tout en en niant sa participation, il s’était dit solidaire des Fractions armées révolutionnaires libanaises (FARL, dont il était membre), un groupe de résistants libanais communistes qui avaient assassiné en 1982, en pleine guerre d’Israël au Liban, l’attaché militaire de l’ambassade américaine à Paris, ainsi qu’un agent du Mossad (services secrets israéliens).
Pour la deuxième fois en trois semaines, Emmanuel Macron s’est rendu à Beyrouth le mardi 1er septembre, se présentant désormais en sauveur du Liban. Arrivée en grande pompe, puisqu’il avait choisi pour date de sa visite le 1er septembre, soit l’anniversaire des 100 ans de la création de l’État libanais, il n’a pas lésiné sur les références au passé commun. Oubliant de préciser qu’il s’agit d’un passé colonial puisque ce Liban-là, appelé alors Grand Liban, avait été créé à la suite du partage de l’empire ottoman entre les grandes puissances après la Première Guerre mondiale, et mis sous mandat français. Macron a même posé avec l’ancien premier ministre Saad Hariri (chassé du pouvoir il y a plusieurs mois par la mobilisation populaire) devant un tableau représentant la proclamation du Grand Liban en 1920, avant d’aller admirer la patrouille de France qui avait repeint le ciel de Beyrouth en bleu-blanc-rouge… Sans oublier, dans le tableau, les grenades de gaz lacrymogènes made in France dont des manifestants, en pleine virée de Macron sur place, ont subi des averses.
200 morts, 6 000 blessés et près de 300 000 sans-abri, voilà le bilan de l’explosion du port de Beyrouth par négligence des autorités. Tout comme l’explosion de l’usine AZF à Toulouse en 2001, par la faute du groupe Total. La population libanaise ne décolère pas et a raison d’accuser tous les clans dirigeants du pays, occupés qu’ils sont depuis trente ans à se bâtir des fortunes sur le dos des classes populaires.
Elle n’a rien à attendre non plus de « l’aide » de Macron débarqué dès le 6 août pour se poser en organisateur de l’aide internationale. Quelques jours plus tôt et avant la tragique explosion, le ministre français des affaires étrangères, Le Drian, était venu faire la morale à cette population libanaise, lui reprocher de ne pas être prête à de nouveaux sacrifices pour mériter une aide financière du FMI, sur le ton de celui qui se croit encore au temps des colonies !
L’explosion géante a soufflé tout le centre-ville, les silos qui contenaient 85% de la réserve de céréales du pays, et la moitié des hôpitaux.
Convergences Monde 21 janvier 2020
Monde 11 octobre 2006