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À Paris, les facteurs de La Chapelle tiennent tête à la direction

Mis en ligne le 13 novembre 2018 Convergences Entreprises

Au printemps dernier, la direction de La Poste a annoncé le transfert de la distribution des imprimés publicitaires aux facteurs dans l’ensemble des bureaux parisiens. Jusqu’à présent, celle-ci est réalisée par des salariés d’une filiale de La Poste, Mediapost. Pour les facteurs, cela représente une énorme masse de travail en plus de ce qu’ils font déjà et qui s’ajoute aux multiples réorganisations en cours. Pour les salariés de Mediapost, c’est une menace directe sur leur emploi.

Salariés de Mediapost en sursis

Les salariés de Mediapost ont déjà des conditions de travail parmi les pires du groupe, des salaires au Smic, des temps partiels qui masquent des heures effectuées et pas payées. Ils distribuent souvent avec leur voiture personnelle et des indemnités kilométriques inférieures aux indemnités légales. Comme aux facteurs, la direction leur donne de plus en plus de secteurs à distribuer, tâche souvent impossible. Ils risquent à présent de se retrouver mis à la porte, quoique la direction de La Poste s’en défende en invoquant un accord de reclassement discuté avec les représentants des syndicats. Elle prétend aussi que le secteur des prospectus publicitaires est en croissance et que ce n’est pas le travail qui manquerait pour ces collègues en banlieue parisienne !

Les restructurations incessantes pour les facteurs

Dans le même temps, La Poste impose encore des restructurations dans les centres où travaillent les facteurs, toujours avec des suppressions de postes à la clef. Notamment, elle cherche maintenant à faire distribuer le courrier matin et après-midi, ce qui signifie faire deux tournées au lieu d’une. La Poste appelle cela faire la « méridienne ». Un travail bien souvent harassant et qui chamboule la vie des collègues travaillant depuis des années en horaires matinaux, de 6h30 à 13h30.

Depuis des années, La Poste réorganise et désorganise le travail pour supprimer du personnel, bureau par bureau et même service par service pour éviter les réactions collectives. À présent, elle isole les facteurs par groupes de dix sur des « ilots » dans des conditions précaires. Un vrai rouleau compresseur ! Elle invoque la baisse du courrier, mais la réalité c’est une baisse encore plus drastique des effectifs, divisés par deux en 20 ans, et un personnel débordé par la multiplication des tâches.

Quatre jours de grève à Paris La Chapelle

L’arrivée des imprimés publicitaires en plus du reste est prise comme un coup de bambou par les facteurs parisiens. Alors, le 9 octobre, profitant de la journée interprofessionnelle, les collègues de Paris La Chapelle, qui distribuent dans les 10e et 19e arrondissements, se sont mis en grève. Depuis trois semaines, ils étaient confrontés aux conséquences désastreuses d’une restructuration qui a supprimé 45 tournées et 18 autres emplois aux services arrière, rendant impossible de distribuer le courrier sans empiéter sur les pauses repas ou de finir à l’heure. Et la direction s’apprêtait à instaurer la distribution des publicités en prime. Trop c’est trop ! Le 9 au matin, ils étaient 80 au piquet de grève et ont reconduit la grève pendant quatre jours. Comme d’habitude, la direction a déployé sa panoplie de cadres faisant le pied de grue pour intimider les grévistes. Mais elle a dû reculer partiellement et remettre son projet de distribution de la publicité à plus tard. Elle a également dû recruter des agents en CDD et entamer des embauches en CDI pour dix postes vacants.

Les collègues de Paris 10/19 étaient fiers de leur grève, ils ont accueilli avec enthousiasme des grévistes du 92 venus populariser la nécessité de faire la jonction entre les bureaux pour contrer la politique de La Poste. Dans d’autres plateformes, comme celles du centre de Paris (ancien centre de distribution du Louvre) ou de Paris 11/20, les collègues se sont rassemblés dernièrement en délégation pour dire à la direction leur refus des restructurations en cours. Ils protestent contre le chamboulement de leurs horaires, les suppressions de postes ou le fait de reprendre le travail des mediapostiers qui, eux, risquent de perdre le leur. Beaucoup sont conscients qu’il leur faudra se battre et être nombreux pour faire reculer la direction.

2 novembre 2018, Anne HANSEN

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Numéro 122, novembre 2018

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