Chimie lyonnaise
Au-delà des postes et statuts, la solidarité toujours d’actualité chez Arkema
Mis en ligne le 13 novembre 2018 Convergences Entreprises
On a beau leur répéter qu’il faut être des premiers de cordée et que la réussite individuelle prime sur le collectif, chez les travailleurs du géant français de la chimie de spécialités, la solidarité ouvrière continue à s’exprimer.
Depuis des années, la politique du patron vise à diviser : sous-effectif dû à des réorganisations, recours aux CDD, à l’intérim. Tout cela participe depuis longtemps au fractionnement de l’unité ouvrière dans l’entreprise.
Mais les volontés patronales se cassent parfois les dents sur la conscience de classe des travailleurs. Le 21 septembre dernier, les travailleurs du laboratoire de l’atelier PF (Polymères fluorés) ont décidé de se mettre en grève pour dénoncer trois suppressions de postes actées en juin dernier. Pour ces salariés à la journée, cela signifiait des charges de travail alourdies et des astreintes qui s’accumulent. La coupe était pleine, la grève était lancée. La revendication centrale de leur mouvement portait sur la création de postes supplémentaires.
Dans les jours qui ont suivi, les grévistes ont multiplié les actions militantes comme la diffusion d’un tract devant l’entrée de l’usine ou la rédaction d’un cahier de revendications qui cherchait à faire des liens avec la grogne existante dans d’autres secteurs. La direction tentait de jouer la carte du pourrissement, ne proposant que la date du 10 octobre pour une réunion, quinze jours plus tard... Mal lui en a pris, la détermination des grévistes a contraint le directeur à les recevoir plus rapidement. Dans le même temps, les discussions avec les autres collègues – notamment postés – allaient bon train.
Depuis longtemps, un fossé s’était creusé entre collègues postés et à la journée, notamment à propos de l’implication de chacun lors des grèves précédentes. Mais les divisions n’ont pas fait longtemps le poids face à un ras-le-bol largement répandu sur le site à propos du sous-effectif et de ses corollaires : le manque de sécurité et la surcharge de travail. Après six jours d’une grève solitaire, déterminée et animée par des discussions fructueuses, les grévistes du laboratoire PF ont été rejoints par une majorité de leurs collègues postés. Dès le lendemain, face à une possible contagion du mouvement sur l’ensemble du site, le directeur s’engageait sur la création d’un poste.
La solidarité de classe reste donc bien vivace chez les salariés du site Arkema de Pierre-Bénite. Les différentes « réformes » (Travail, Macron, etc.) avaient pour but de faire baisser les têtes et de nous diviser ; dans la chimie, ces mêmes têtes se sont endurcies, les coudes se sont resserrés. Un « tous ensemble » local qui donne des envies de le rééditer à plus grande échelle.
Maya Palenke & Elias Baragan
Mots-clés : Arkema