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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 126, mai 2019

Urgences des hôpitaux : vers un tous ensemble ?

Mis en ligne le 14 mai 2019 Convergences Entreprises

Cela fait des années que, notamment dans les services d’urgence des hôpitaux, les personnels médicaux et non médicaux tirent le signal d’alarme. Des patients toujours plus nombreux, des conditions de travail qui se dégradent, des effectifs insuffisants, des petits managers arrogants, et des salaires à la traîne : le mélange est explosif.

À ce pot-pourri vient s’ajouter, pour les patients, une mauvaise prise en charge avec des heures d’attente sur des brancards dans les couloirs avant de voir un médecin, avant d’être hospitalisés. Parfois ce cauchemar tourne au drame comme cette patiente retrouvée décédée aux urgences de l’hôpital Lariboisière le lendemain matin.

Des établissements se sont mis en grève les uns après les autres : les hôpitaux de Lyon, celui de Saint-Malo, l’hôpital Henri Mondor à Créteil (94) pour n’en citer que quelques-uns. Avec toujours les mêmes revendications.

Le 18 mars, c’est au tour des urgences de l’hôpital Saint Antoine, à Paris, de déposer un préavis de grève. Le déclencheur du mouvement : les agressions du personnel. Le 13 janvier, deux infirmiers et une aide-soignante de l’hôpital étaient agressés par un patient : un arrêt de travail de huit jours pour chacun d’entre eux. Et quatre nouvelles agressions ont eu lieu par la suite. Dans cet établissement : 180 à 210 passages par jour et 64 000 personnes s’y rendent annuellement.

Les revendications mises en avant : « la sécurisation des locaux, la titularisation des CDD, la mise en place d’une procédure spécifique en cas d’agression et la reconnaissance de la spécificité de notre travail » explique une aide-soignante des urgences de Saint Antoine. Cette spécificité, c’est l’attribution d’une prime de trois cents euros par mois.

Cette grève s’est étendue. D’abord dans un premier temps au sein de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) : aux hôpitaux de Tenon, Lariboisière, Ambroise Paré, La Pitié Salpêtrière (six personnes agressées aux urgences dans la nuit du 10 au 11 avril), Robert Debré, Kremlin Bicêtre, etc. avec les mêmes revendications centrales plus des revendications locales.

La direction de l’AP-HP a proposé la création de 61 postes, une augmentation du personnel proportionnelle à l’activité, l’octroi d’une prime mensuelle de 65 €, une prime de fin de grève de 250 euros et des mesures de sécurité supplémentaires. Loin du compte quand on sait que les postes nécessaires à l’activité, en constante augmentation, sont estimés à 700. Loin du compte quand les grévistes réclament une prime mensuelle de 300 euros net.

Cette grève non seulement continue mais s’étend. Les urgences de Valence sont mobilisées depuis fin mars, celles de Nantes, Toulouse, Mantes la Jolie, Angers, Mulhouse, Strasbourg viennent d’entrer en lutte elles aussi. Une véritable épidémie. Contagieuse non seulement dans les urgences mais qui pourrait l’être aussi dans nombre d’autres services hospitaliers où les conditions de travail se détériorent, les effectifs sont insuffisants et les salaires bloqués depuis des années. Vive la fièvre jaune à l’hôpital !

24 avril 2019, Paul Galler


Élargir pour être efficace

Jeunes, souvent non syndiqués, et faisant leur première expérience de grève, les grévistes ont su être efficaces. Leur priorité était d’élargir à d’autres services d’urgences : 17 services d’urgence de la région parisienne sont maintenant dans le mouvement. Les grévistes ont pu s’organiser dans un collectif : l’Inter SAU (inter-urgences). [1] Certains craignent, à tort, que leurs revendications soient noyées dans d’autres trop générales si le mouvement venait à s’étendre plus. Mais la grève pourrait déborder dans d’autres services, car la colère est partout. Et, la direction de l’AP-HP n’a qu’une peur : c’est justement que le mouvement touche les 80 000 salariés des hôpitaux de la région parisienne. C’est bien cette contagion qui permettrait, entre autres, d’obtenir pour tous les 300 euros par mois.


[1 SAU : Service d’accueil des urgences.

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Numéro 126, mai 2019

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