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The Americans

Mis en ligne le 1er mai 2020 Culture

The Americans, Drame/Espionnage, 2013, États-Unis, terminée.

6 saisons, 75 épisodes de 42 minutes, Netflix.

The Americans suit le parcours de deux espions soviétiques vivant aux États-Unis. Sous de fausses identités, Philip et Elizabeth, installés dans une banlieue pavillonnaire avec leurs deux enfants, semblent vivre le rêve américain. Leur couverture doit être parfaite, car ils sont des illegals, c’est-à-dire des agents secrètement présents sur le sol américain qui n’ont pas de passeport diplomatique. Et ce, d’autant plus que leur nouveau voisin, Stan, se trouve être un agent du FBI.

The Americans est, en premier lieu, une excellente série d’espionnage. Si l’on peut regretter quelques longueurs, l’intrigue est bien développée et les personnages complexes. Elle donne aussi une idée des méthodes des services secrets : le recrutement de sources (y compris en développant des relations amoureuses et sexuelles), le chantage et, bien sûr, l’assassinat, ciblé ou lorsque la couverture risque d’être éventée. Les méthodes clandestines d’échange d’informations, comme les messages codés ou les rencontres incognito, sont dépeintes de manière très vivante.

C’est aussi une occasion de se plonger dans l’atmosphère de la guerre froide des années 1980 : l’anticommunisme viscéral de Reagan, alors président des États-Unis, a pour pendant la chape de plomb du stalinisme, la bureaucratie et ses luttes d’appareil, et la corruption qui gangrène l’URSS. On retrouve ce face-à-face dans la politique extérieure des deux super-puissances. Philip et Elizabeth effectuent ainsi une mission d’espionnage technologique afin que l’Union soviétique reste à niveau dans la course aux armements. Dans une saison suivante, ils s’efforcent de mettre en échec le financement et l’entraînement militaire des Contras [1] par les États-Unis. La loyauté de Philip est par ailleurs mise à l’épreuve par l’invasion de l’Afghanistan par l’URSS, qui s’enlise alors dans une guerre qui durera 10 ans.

Cette série interroge le rapport à l’engagement politique. Les deux espions estiment agir au nom du communisme et d’un avenir meilleur, même lorsque leurs actions mettent en danger leur famille ou lorsqu’elles s’opposent à leurs valeurs morales. Ils sont de plus aux prises avec l’État soviétique qui, rappelons-le, n’a plus grand-chose à voir avec les idéaux de la Révolution d’octobre, et même avec ce qu’il était avant le triomphe du stalinisme. La défense de la « patrie du prolétariat » est devenue une simple défense des intérêts diplomatiques de l’URSS, voire de certaines fractions de son appareil d’État. Ce qui n’empêche pas, comme l’ont d’ailleurs fait les partis communistes dans tous les pays où ils existaient, les responsables du KGB de cultiver les références à la révolution émancipatrice pour recruter parmi les opprimés, comme les Noirs américains.

La série se conclut en apothéose par une sixième saison haletante qui montre les débuts ambigus de la perestroïka [2], nous recommandons donc de la regarder jusqu’au bout !

Martin Castillan


[1Les Contras étaient des milices d’extrême-droite actives de 1979 à 1990 et mises sur pied pour faire échec à la révolution sandiniste au Nicaragua.

[2La Perestroïka et la Glasnost désignent un ensemble de réformes de « libéralisation » économique menées par Gorbatchev à partir de 1985. Dans la réalité, ce fut la réintroduction de l’appropriation privée, prélude d’un développement capitaliste dans les pays de l’ex-URSS : les infrastructures économiques furent pillées par les couches supérieures de la bureaucratie soviétique, pillage à l’origine des immenses fortunes qui s’y sont constituées.

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