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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 13, janvier-février 2001 > DOSSIER : La vache folle et les dérives de l’agriculture capitaliste

DOSSIER : La vache folle et les dérives de l’agriculture capitaliste

La technique OGM (n’arrangera pas la tête du capitalisme agraire)

Mis en ligne le 1er février 2001 Convergences Société

« Du poisson dans les fraises », « du scorpion dans le coton », « du hamster dans le tabac », et « de l’homme dans la tomate, la patate, la brebis » ? Les Organismes Génétiquement Modifiés (OGM) suscitent des craintes assez compréhensibles.

Depuis quelques années, les biologistes ont développé des techniques permettant de modifier le programme génétique de végétaux et d’animaux, en remplaçant certains gènes par ceux d’autres espèces, dans l’espoir que l’individu « transgénique » soit doté de caractères « plus intéressants ». Ces techniques, très impressionnantes, ne créent cependant pas de chimères : le gène qu’on implante n’est après tout qu’une suite de bases codant la production de protéines particulières, et les « souris humanisées » n’ont rien de plus humain que les autres. Cela ne signifie pas que la transgénèse ne pose pas des problèmes nouveaux, et les conséquences globales qu’aurait son développement massif sont encore inconnues.

Des nouvelles possibilités et des risques d’une technique…

La transgénèse pourrait pourtant donner des résultats très intéressants. Pour ne citer que ces exemples : on fait produire depuis quelques années à des bactéries transgéniques de l’insuline ou des hormones de croissance humaines, plus sûres que celles qu’on extrayait autrefois du pancréas des porcs ou des cadavres humains. Les animaux génétiquement mmdifiés pourraient fournir des organes à greffer beaucoup mieux tolérés par l’homme (le manque d’organes entraîne la mort de 3000 personnes par an en France). Et les OGM pourraient être d’intéressants « alicaments » (aliments enrichis en substances bénéfiques pour la santé).

Mais il y a aussi des risques. Certes, les OGM ne modifieront pas le génome de leurs consommateurs ! Mais on ne peut pas écarter l’hypothèse que l’ingestion d’OGM ait finalement des effet indésirables sur la santé. Même s’il semble que rien de grave n’ait été signalé jusqu’à présent, le principe de précaution devrait prévaloir. Et c’est là que se pose la question du contrôle : comme pour toutes les avancées technologiques majeures, le vrai problème ne réside pas dans la technique en soi, mais dans l’utilisation qu’en font en l’occurrence les firmes biotechnologiques, comme un moyen d’augmenter leurs profits colossaux (les semis OGM sont vendus beaucoup plus cher), au mépris des mesures de prudence les plus élémentaires.

… entre les mains des trusts biotechnologiques

Les risques ne concernent d’ailleurs pas uniquement la santé humaine. On craint le développement de parasites des végétaux plus résistants. Certains maïs par exemple sont dotés d’un gène qui leur fait produire eux-mêmes le pesticide détruisant leur principal parasite, la pyrale. Aux Etats-Unis, on a observé l’apparition de nouvelles pyrales, résistantes à ce pesticide. Là encore, l’aspect technique du « problème OGM » n’est pas simple : les variétés résistantes sont aussi sélectionnées par le traitement classique (par épandages de ces pesticides) ; et de ces épandages les OGM pourraient peut-être permettre de faire l’économie, ce qui serait un plus environnemental (le fait n’est cependant pas encore clairement établi). Mais le problème se pose ensuite de contrôler la prolifération des gènes de résistance : certaines plantes, tel le colza, ont des cousins sauvages suffisamment proches pour pouvoir les polluer génétiquement, risquant ainsi de développer des espèces nuisibles plus difficiles à détruire. Ce qui n’a pas beaucoup fait hésiter les groupes semenciers, qui ont vendu des champs entiers de colza transgénique…

Contrôle des semences

Pour les firmes agroalimentaires, les OGM permettent non seulement un accroissement des profits du fait de leur coût élevé, mais aussi un contrôle encore plus étroit de l’agriculture et ses travailleurs. Ainsi la firme Monsanto a-t-elle breveté un gène (dit « Terminator ») empêchant les plantes adultes de se reproduire, ce qui oblige les agriculteurs à racheter leurs semis tous les ans [1]. Ce gène représente donc une sérieuse menace pour les agriculteurs du tiers monde : au contraire de la propagande cynique des grosses firmes, qui osent prétendre que la productivité supérieure de leurs OGM pourrait faire reculer la famine, les OGM risquent de priver encore un peu plus les agriculteurs des pays pauvres du contrôle de leurs éventuelles agricultures vivrières.

Les firmes biotechnologiques investissent des sommes énormes dans la recherche génétique, souvent avec l’aide conséquente des Etats (en France le programme BioAvenir, sous la responsabilité exclusive de Rhône-Poulenc, est doté d’un milliard de francs, dont 600 millions de fonds publics !). Cela montre assez l’ampleur des retombées qu’elles en attendent. Et la légitimité des craintes tant de certains agriculteurs que des consommateurs.

Benoît Marchand


[1A noter quand même, du point de vue technique, que ce gène est le moyen (fourni par la transgénèse elle-même) de contrôler la diffusion des OGM ! Quant au problème de la reproduction, le phénomène n’est pas nouveau avec les hybrides. Mais il risque de prendre une ampleur sans précédent.

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