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Accueil > Éditos de bulletins > 2020 > septembre > 28

L’occasion d’engager le bras de fer ?

Mercredi 16 septembre, à 9 h 30, la direction du groupe Bridgestone annonçait la fermeture de l’usine de Béthune, laissant 863 ouvriers sur le carreau, sans compter les emplois indirects. Les travailleurs l’apprenaient une demi-heure avant, coup de massue ! Depuis, la fermeture de Bridgestone fait la Une et résonne comme l’exemple emblématique de cette situation sociale où le patronat multiplie les plans de licenciements et les fermetures de sites.

Un scénario connu

Le prétexte à la fermeture est le manque de compétitivité. Les pneus produits à Béthune ne seraient plus adaptés au marché et les investissements nécessaires trop coûteux. Voilà pour la com’ patronale, car il faut bien trouver des prétextes moins choquants que la simple soif de profit des actionnaires. Ce n’est pas la première fois que les patrons de Bridgestone passent à l’attaque. Il y a quelques mois, les salariés avaient refusé à une majorité des deux tiers un APC (accord de performance collective), accord pourri qui leur était soumis par référendum. L’annonce de la fermeture de l’usine a donc un sale goût d’offensive politique contre ceux qui ont refusé de voir leurs conditions de travail dégradées et n’ont pas cédé au chantage à l’emploi. D’autant que le groupe Bridgestone aurait du mal à arracher une larme avec un résultat international de trois milliards de dollars en 2019, le plaçant devant Michelin et Goodyear.

La faute aux Japonais et aux Polonais ?

Le président LR de région Xavier Bertrand, la ministre Élisabeth Borne et même le Premier ministre Jean Castex ont donné de la voix… contre le groupe japonais. Entretemps, les patrons d’Air France, de Renault ou la famille Mulliez peuvent faire la même chose que Bridgestone – empocher des milliards de subventions au nom de la relance économique et licencier à tour de bras – mais loin de l’œil des caméras.

De leur côté, les responsables de la France insoumise et du PCF ont dénoncé les subventions européennes accordées aux usines d’Europe de l’Est, comme en Pologne, qui deviendraient plus compétitives que les usines françaises, disent-ils. Mais se situer sur le terrain du nationalisme économique et de la « relance industrielle », c’est se situer sur le terrain du patronat. C’est oublier que la compétitivité d’une usine n’a jamais sauvé personne. Les salariés de Renault-Maubeuge l’ont appris avant l’été. Leur usine était compétitive par excellence, mais menacée pourtant comme les autres. Et s’ils ont obtenu un relatif répit, c’est grâce à deux jours de grève et à une manifestation de plusieurs milliers de personnes.

Faire l’agneau n’a jamais calmé l’appétit des loups !

Le même manège se répète à chaque fermeture d’usine. Pourtant les quatre syndicats de Bridgestone à Béthune (CGT-CFDT-Sud-Unsa) ont signé un protocole avec le gouvernement pour… entamer des discussions de cinq mois ! La valse des « contre-expertises », des « solutions industrielles alternatives », des « plans de reclassement qui ne laisseront personne sur le carreau » peut commencer. Toutes celles et ceux qui ont vu leur usine fermer ces dernières années, chez PSA, Continental, Goodyear, GM&S, peuvent témoigner que de telles promesses n’ont pas été tenues.

La fermeture de Bridgestone pourrait bien être l’événement qui vient briser le plafond de verre de la situation. Au-delà des ouvriers de l’usine, des travailleurs en discutent dans la région, chez Cargill, chez les cheminots, dans la grande distribution. Des contacts se nouent, des clusters de résistance aux licenciements se forment. Comme dans la région toulousaine autour de sites menacés de l’aéronautique. Ces liens sont la première étape pour que les travailleurs de tout le pays reprennent l’offensive contre les attaques brutales du patronat. Le combat chacun de son côté, usine par usine, est voué à l’échec. C’est en coordonnant les forces de tous qu’il sera possible de sauvegarder l’emploi de chacun.

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