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En France, l’interruption de grossesse en détresse

Mis en ligne le 8 mars 2014 Convergences Société

220 000 femmes avortent chaque année dans l’Hexagone, et plus d’un tiers au total y ont recours au moins une fois dans leur vie. L’IVG est donc un acte médical très pratiqué, répondant à un besoin incontestable... Mais il n’est pas rentable. Aussi, dans la pratique, l’accès à l’IVG est-il considérablement restreint par les politiques d’économies des hôpitaux publics. Il y a bien eu de timides progrès. Depuis mars 2013, l’IVG est en principe remboursée à 100 %. Et en janvier dernier, le Parlement a voté que l’IVG n’est plus réservée aux femmes « en situation de détresse  » mais tout simplement à celles qui « ne veulent pas poursuivre une grossesse ». À cette mesure symbolique s’ajoute l’extension du « délit d’entrave » à l’IVG aux opérations d’intimidation des anti-avortement devant les hôpitaux et à la création de sites Internet se présentant comme officiels mais hostiles à l’avortement. Une pilule difficile à avaler pour une partie de la droite et de l’extrême-droite, dénonçant la « banalisation » de l’IVG et « l’avortement de confort »... Certains députés UDI, UMP et FN allant jusqu’à proposer le déremboursement de l’IVG – au nom de la « responsabilisation des femmes », dixit Marion Maréchal-Le Pen [1], autrement dit de leur culpabilisation.

Le droit... et les faits

Mais le droit à l’IVG est d’ores et déjà menacé dans la pratique. D’abord parce que l’avortement n’est pas réellement remboursé à 100 % : la plupart des consultations et analyses complémentaires ne sont pas incluses dans le forfait. Dans tous les cas, il faut avancer la somme (entre 192 et 645 euros), à moins d’être couvert par l’Aide médicale d’État. Mais surtout, en ces temps d’austérité, l’IVG est une des premières victimes des économies budgétaires réalisées par les hôpitaux publics. Entre 2000 et 2008, le nombre de centres IVG est ainsi passé de 729 à 599 [2]. En 2012, le candidat Hollande promettait « un centre d’IVG dans chaque hôpital ». Depuis, les restructurations et fermetures de centres IVG n’ont pas cessé...

Résultat, les temps d’attente s’allongent et les femmes doivent courir contre la montre pour avorter dans des délais qui restent très courts. Les services hospitaliers sont contraints de gérer la pénurie en renvoyant les femmes d’un centre à l’autre au gré des places disponibles. Le Planning familial cite ainsi l’exemple de cette femme « habitant à Chelles (77), travaillant à Ivry (94), qui obtient un premier rendez-vous à Maisons-Alfort (94) pour finalement pouvoir faire son IVG à Saint-Denis (93) ». Enfin, les femmes ne peuvent pas toujours faire le choix de leur méthode d’interruption de grossesse (médicamenteuse ou chirurgicale), certains médecins leur imposant l’IVG médicamenteuse au-delà des délais légaux (5 à 7 semaines) pour des raisons d’économie, quand ce n’est pas pour des raisons moins avouables encore de collusion avec l’industrie pharmaceutique [3].

Détresse sans frontière

C’est cette situation qui conduit près de 5 000 femmes à se rendre chaque année à l’étranger pour avorter, sans parler de celles qui se rendent dans des cliniques privées pour être prises en charge dans les délais. Et cela ne risque pas de s’améliorer si la loi espagnole passe. À présent, ce sont les femmes espagnoles qui devront avorter en France ou ailleurs. Régression au-delà des Pyrénées, régression en deçà... ■

M. K.


La situation aux Hospices civils de Lyon, comme ailleurs…

En région lyonnaise par exemple, si la direction des Hospices civils de Lyon s’est réjouie du remboursement à 100 % permettant de réduire son déficit, ça ne l’a pas empêchée de restructurer le centre IVG de Lyon Sud, puis celui de la Croix-Rousse en avril dernier. Les services d’orthogénie, qui prennent en charge l’IVG, ont ainsi été fusionnés avec la gynécologie au nom de la « mutualisation des compétences », en réalité pour réaliser des économies. Les services fonctionnent à flux tendu, avec un personnel débordé qui n’a pas forcément été formé ; à la Croix-Rousse, une seule infirmière travaille à plein temps au CIVG. Les échographies n’étant plus faites en même temps que les consultations, les femmes sont obligées de revenir un autre jour... Il en va de même en région parisienne où, l’été dernier, 8 centres ont fermé un ou deux mois tandis que, dans les autres, les personnels en congé n’étaient pas remplacés.


[1Cf. dépêche AFP du 20-01-2014 : http://www.publicsenat.fr/lcp/politique/ivg-39-ans-apr-s-faut-il-r-crire-loi-veil-495237.

[2Voir les statistiques publiées par le Planning familial sur son site : http://documentation.planning-familial.org

[3Voir l‘article du collectif de défense du CIVG de l‘hôpital Tenon, « Les laboratoires pharmaceutiques et l‘IVG médicamenteuse ».

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Numéro 92, mars 2014

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