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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 92, mars 2014

Égypte : des militants d’extrême gauche à nouveau jetés en prison

Mis en ligne le 8 mars 2014 Convergences Monde

Les organisations égyptiennes d’extrême gauche organisent une campagne de protestation contre les arrestations de leurs militants et de syndicalistes. C’est le cas par exemple de deux membres du groupe des Socialistes Révolutionnaires, condamnés à deux ans de prison par le tribunal d’Alexandrie pour organisation de manifestation illégale. Mais toute manifestation est aujourd’hui illégale !

Car depuis le renversement du président Mohamed Morsi, le 3 juillet, en surfant sur la vague de protestations contre le pouvoir islamiste, les chefs de l’armée, qui ont repris directement les rênes, ne se contentent pas de faire la chasse à leurs concurrents directs, les Frères musulmans. La lutte officiellement dirigée contre « les attentats et le terrorisme islamiste » sert de prétexte à une répression tous azimuts contre les revendications démocratiques, les grèves et tous les militants qui pourraient contester le régime. En première ligne de mire, ceux d’extrême gauche et les syndicalistes qui ne se sont pas ralliés au nouveau régime, contrairement à l’ancien fondateur de la fédération des syndicats indépendants (EFITU), devenu ministre du travail du nouveau gouvernement.

Cela n’empêche ni les luttes pour les libertés démocratiques ni les luttes sociales de se poursuivre. C’est avec elles que le nouvel homme fort, le maréchal Abdel Fattah Khalil al-Sissi, candidat à la présidence, voudrait en finir pour mettre un terme à la révolution et rétablir l’ordre qui régnait sous Moubarak. Exemple des luttes toujours tenaces, la grève qui a démarré le 10 février, une fois de plus dans les usines textiles de Mahalla pour l’augmentation des salaires, un minimum de 1 200 livres (125 €), le paiement des arriérés et le limogeage du directeur du groupe textile appartenant à l’État.

Mais ces luttes se poursuivent dans une situation encore plus difficile depuis le coup de force de l’armée. Non parce qu’en soit le régime aurait beaucoup changé, en pire ou en moins pire, entre le pouvoir direct de Sissi aujourd’hui et la période d’alliance entre l’armée et les Frères musulmans sous la présidence de Morsi. Mais surtout parce que le ralliement d’une partie de la petite bourgeoisie démocrate, qui a vu en l’armée un sauveur face à la réaction sociale et morale que voulaient imposer les Frères, isole bien plus les contestataires et le mouvement ouvrier combatif. À quoi s’ajoute la guerre que se mènent par dessus la tête de la population groupes islamistes et armée, attentats contre répression, qui sert d’étouffoir aux contestations.

En plus de la vague d’arrestations de militants, c’est toute cette situation qui semble peser sur les luttes d’aujourd’hui, même si elles se poursuivent malgré tout.

C’est en tout cas ce que l’on peut comprendre d’ici, notamment à travers ce qu’en dit une militante d’extrême gauche qui, parmi les responsables de la fédération des syndicats indépendants, s’était opposée au ralliement au gouvernement.

Elle écrit notamment :

« La période qui s’est ouverte après le 30 juin (3 juillet) semble être une période de « règlement de comptes » avec le mouvement des travailleurs en général. Nous avons vu, par exemple, des cas où les travailleurs étaient punis pour une grève qu’ils avaient lancée des mois auparavant ! […] Nous nous trouvons dans une étape où les fédérations indépendantes, telle que l’EFITU dont je suis membre, prennent des positions négatives et réactionnaires contre leurs membres. […] Une raison qui incline à l’optimisme est que l’atmosphère est très différente à la base. Il y a actuellement une vague montante de protestations sur la question du salaire minimum. [...] Le mouvement continuera. Mais les pressions violentes contre lui continueront également. » [1]

20 février 2014, Olivier BELIN


[1Fatma Ramadan, « La révolution est en Égypte dans une conjoncture critique alors que la contre-révolution gagne de l’élan », qu’on peut lire en entier sur le site de Europe solidaire sans frontières : www.europe-solidaire.org/spip.php?a....

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Numéro 92, mars 2014