BioMérieux (région lyonnaise) : un mois de grève pour les salaires
Mis en ligne le 16 mars 2022 Convergences Entreprises
Après un mois de grève, jour pour jour, le 9 mars, les salariés grévistes de production de l’entreprise pharmaceutique BioMérieux ont repris le travail.
Si l’on remonte le temps, il y a un peu plus d’un mois, les négociations annuelles obligatoires (NAO) se sont terminées sur des augmentations indécentes (environ 2 %) au vu des bénéfices nets de BioMérieux, 600 millions. Les salariés, qui ont toujours été présents lors de ces deux années de crise sanitaire, se sont sentis méprisés par la direction : celle-ci se vantait de son chiffre d’affaires record tout en distribuant des miettes à des salariés qui travaillent en 2×8 ou de nuit et qui ont parfois même un second boulot pour boucler les fins de mois.
L’organisation de la grève, pour 300 euros pour tous !
Les ouvriers ont alors décidé de se mettre en grève sur Craponne puis Marcy-l’Étoile, les deux sites principaux de production, avec comme seule revendication 300 euros pour tous. La production s’en est trouvée impactée : 200 salariés sur 350 se sont mis en grève. Les clients ont même commencé très rapidement à ne plus être livrés. Les grévistes s’organisaient en piquets de grève où ils se retrouvaient à près de 100 tous les jours sur les temps forts. Ils décidaient en assemblée générale de la suite du mouvement : tout le monde avait droit à la parole et pouvait s’exprimer. L’organisation a également passé par la mise en place d’un comité de grève qui organisait la grève, écrivait les tracts et, tous les soirs, faisait un rapport de la journée à tous les grévistes avec le rendez-vous du lendemain.
Une commission nourriture gérait les repas du midi. Une caisse de grève a été mise en place très tôt, diffusée via tout un réseau CGT et autres, via un lien Leetchi. Des grévistes eux-mêmes mettaient de l’argent pour aider ceux qui seraient le plus en difficulté. Les délégations qui allaient discuter avec la direction étaient choisies à main levée parmi des volontaires, syndicalistes ou non.
La solidarité contre le mépris, la désinformation et les intimidations
Un mois de grève a permis de renouer avec les valeurs de solidarité que le capitalisme s’échine à faire disparaître par la promotion de l’individualisme. Les relations créées ont montré que l’union des travailleurs qui s’organisent collectivement pouvait faire peur aux patrons. La peur avait changé de camp, mobilisant du côté du patronat le mépris, la désinformation, les intimidations. Mais rien de cela n’a fait faiblir la détermination des grévistes. Nous avons tenu un mois. Les discussions, les espoirs, et aussi parfois les désillusions, ont structuré le moral : on a tous énormément appris en pensant aux suites que nous allons construire ensemble maintenant.
La direction n’a rien lâché, mais nous en face, nous avons appris à nous organiser et à répondre à ses coups. Rien ne sera plus comme avant. La solidarité que nous avons créée ne disparaitra pas. Elle prépare l’avenir des luttes futures.
Correspondants
Pour plus de détails sur cette grève, voir sur notre site les articles des 13 février, 21 février et 3 mars 2022.
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Mots-clés : BioMérieux