24 février-10 mars : la guerre au fil des jours et de quelques brèves du site de Convergences révolutionnaires
Mis en ligne le 27 mars 2022 Convergences Monde
24 février
À bas l’invasion de l’Ukraine, mais aucun soutien à l’Otan, Biden et Macron
Ce jeudi 24 février, l’armée russe a attaqué l’Ukraine et se dirige vers Kiev. Immédiatement, Macron s’est rangé derrière l’Otan et les États-Unis, menace la Russie, et appelle à l’unité nationale derrière lui : « ne cédons rien de notre unité », dit-il. Ainsi, tant Poutine que Macron et Biden continuent de tenter de régler leurs rivalités économiques et diplomatiques sur le dos des peuples. Car ce sont les populations civiles qui sont les victimes des jeux impérialistes des « sphères d’influence », aujourd’hui en Ukraine, demain dans un autre endroit du globe.
Hors d’Ukraine les troupes russes ! À bas la guerre ! Pour le droit des peuples à se déterminer librement !
28 février
Les protestations continuent
Selon le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme, plus de 3 000 manifestants ont déjà été arrêtés ces derniers jours pour avoir manifesté contre la guerre. L’ONG russe OVD-Info signale, pour la seule journée de dimanche, des manifestations dans 45 villes différentes, de Moscou à la Sibérie, qui ont donné lieu à 1478 arrestations. Parmi les autres cibles des autorités figure le journal Novaya Gazeta qui a sorti une édition spéciale en russe et en ukrainien, avec, à la une, un titre explicite : La Russie bombarde l’Ukraine. Pour son rédacteur en chef, « seul le mouvement anti-guerre des Russes peut sauver la vie sur cette planète ». Et il estime que « plus de 70 % des Russes sont contre la guerre ». En outre, plus de 300 journalistes, dont quelques-uns travaillant pour des médias publics, ont signé une lettre ouverte contre la guerre.
28 février
Trump a tout compris
Prenant la parole à la convention annuelle des conservateurs américains, l’ex-président américain a fait l’éloge de l’« intelligent » Vladimir Poutine et critiqué les dirigeants occidentaux « si bêtes » à ses yeux. L’Otan, a-t-il poursuivi, « a l’air tout sauf intelligente » en frappant la Russie de sanctions au lieu de se décider à la « réduire en miettes – au moins psychologiquement ». Conclusion de ce discours pour le moins décousu : « Comme tout le monde le comprend, cet horrible désastre ne se serait jamais produit si notre élection n’avait pas été truquée. » Bref, avec Trump à la Maison-Blanche le monde serait plus sûr. C’est du moins lui qui le dit…
2 mars
Total ne confond pas business et principes
Alors que des groupes pétroliers comme BP, Shell ou Equinor ont été contraints de cesser leurs activités en Russie, Total a décidé de rester. Il a reçu le soutien du ministre de l’Économie, qui a tenu à souligner que les sanctions ne concernaient pas le domaine énergétique. Le groupe français détient près de 20 % de l’entreprise privée Novatek, fondée par un milliardaire réputé proche du Kremlin, et côtoie au conseil d’administration Guennady Timchenko, cible de sanctions américaines et britanniques pour sa proximité avec Poutine. Le Maire a finalement reconnu, du bout des lèvres, un « problème de principe »… sur lequel s’assoit allègrement Total. Business is business.
3 mars
All refugees welcome
C’est avec une hypocrisie sans nom qu’en France et dans l’Union européenne les États nous annoncent octroyer des titres de séjour exceptionnels pour les réfugiés ukrainiens, quand voilà près d’une décennie que l’UE laisse mourir à ses portes Syriens, Afghans, Maliens… Il y aurait donc des bons et des mauvais réfugiés. Ceux dont on lacère les tentes à Calais et les autres. Et c’est bien la couleur de peau qui fait toute la différence, puisque des images circulent de réfugiés d’Ukraine refoulés à la frontière polonaise, parce que ce sont des Noirs. Refusons ce tri entre les peuples, tous victimes, peu importe leurs origines, de la misère et de la guerre produites par le capitalisme !
5 mars
Les bons et les mauvais migrants
La maire Les Républicains de Calais a décidé d’héberger neuf ressortissants ukrainiens qui avaient tenté, sans succès, de rejoindre la Grande-Bretagne et avaient été refoulés. Son geste se veut « exemplaire », alors que jusqu’à présent elle était plutôt connue pour applaudir au démantèlement de camps de migrants, voire pour tenter d’interdire aux ONG de leur venir en aide. Mais cette fois ces migrants sont européens, à la différence d’autres réfugiés qui ont souvent le défaut d’avoir la peau plus foncée. Bref, un racisme tenace dissimulé derrière une générosité hypocrite et de pacotille.
7 mars
Loi contre « les informations mensongères », nouvelle arme de Poutine
Tous les belligérants veulent contrôler l’information. Comme l’Otan bombardant les studios de la Radio-télévision de Serbie pendant la guerre du Kosovo. Avec Poutine, ça prend des proportions ubuesques, le vote d’une loi contre « les informations mensongères » punissant de dix à quinze ans de prison et d’une lourde amende les journalistes s’écartant des mensonges officiels et utilisant les mots « guerre » et « invasion ». La guerre contre l’Ukraine ? une « opération militaire spéciale » pour libérer le peuple ukrainien d’une « clique de drogués et de nazis ». Villes bombardées, quartiers et infrastructures vitales anéantis. Poutine n’aime pas les mots qui choquent. Un assassin qui vous veut du bien.
9 mars
Le gouffre des inégalités
Selon Theresa Neef, du Laboratoire sur les inégalités mondiales, en Russie « les 10 % les plus riches accaparent près de 47 % du revenu national contre 17 % pour les 50 % les plus pauvres ». Pour le patrimoine, c’est encore pire. Et les choses risquent encore de s’aggraver avec l’imposition des sanctions économiques et financières. Bref si, dans les années 1960 l’URSS voulait rattraper l’Occident, avec Poutine la Russie est parvenue à le faire… dans le domaine des inégalités.
10 mars
Expulsion de sans-papiers… vers l’Ukraine
La cour administrative d’appel de Bordeaux a décidé d’expulser vers l’Ukraine une famille ukrainienne sans-papiers vivant depuis sept ans en France. Dans leur décision, les juges ont estimé que ce couple de personnes handicapées, qui a deux enfants, « ne produit aucun élément probant de nature à établir la réalité des risques personnels, directs et actuels, qu’il encourt en cas de retour dans son pays d’origine », ajoutant que les enfants, « compte tenu de leur jeune âge, pourront poursuivre ou débuter dans ce pays une scolarité normale ». À l’évidence ces magistrats, plongés dans leurs manuels de droit, ne suivent pas l’actualité de très près.