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Ouvrières du Textile d’Asie

Bangladesh : les flammes des incendies... et celles de la colère !

Mis en ligne le 17 juin 2013 Convergences Monde

Depuis l’effondrement de l’immeuble Rana Plaza, des manifestations ont perturbé la production presque tous les jours. Dimanche 12 mai, le gouvernement annonçait la levée de certains obstacles à la constitution de syndicats et la création d’une commission composée de syndicalistes et de patrons pour augmenter les salaires. Les barons du Textile espéraient sans doute que, combinées à la fermeture des usines pour une semaine à partir du 13 mai, ces annonces mettraient fin à « l’agitation ouvrière », motif officiel du lock-out. Ils en ont été pour leurs frais. 80 % des usines de la zone industrielle d’Ashulia ont débrayé le lundi suivant. Sur l’autoroute toute proche coupée, 20 000 ouvriers défiaient à nouveau la police. Ce n’est pas la première fois que des commissions paritaires sont réunies. L’une d’entre elles avait, après un mois de grèves affectant 700 usines et 800 000 salariés, relevé en juillet 2010 le salaire mensuel minimum de 1 662 à 3 000 takas (soit de 17 à 30 euros). Ce qui n’a pas satisfait les grévistes, en lutte pour décrocher un seuil à 5 000 takas (50 euros). En juin 2012, ils ont récidivé dans 300 usines d’Ashulia. Les patrons ont répliqué par le lock-out. Entre le 11 et le 16 juin, les autorités ont dénombré 500 blessés, 300 voitures et 200 usines vandalisées. Des chiffres à la mesure de la colère ouvrière... et de la violence de l’exploitation que subissent les travailleurs.

Un aperçu de la lutte des classes au Bangladesh

En principe légale, l’appartenance au syndicat, quand un patron la découvre, entraîne le licenciement et la mise sur liste noire. La police coffre les distributeurs de tracts et porte plainte contre les militants pour les motifs les plus fantaisistes.

Après l’incendie de Tazreen de novembre 2012, les syndicalistes ont mis sur pied un réseau dans les usines d’Ashulia pour se contacter par SMS en cas de violation de l’engagement patronal de laisser les portes des ateliers ouvertes, afin que des responsables interviennent. Mais, dans un pays où 29 députés sur 300 possèdent eux-mêmes une ou plusieurs usines, on imagine les réticences de l’État à rappeler les patrons à leur parole. Ces mêmes politiciens sont d’ailleurs à l’origine de la création de la majorité des syndicats du Textile, des officines pauvres en adhérents mais fort utiles dans les campagnes électorales. Lorsqu’un syndicat un tant soit peu indépendant se constitue, il entre rapidement dans le collimateur de la justice et de la police. Le Garment Workers Unity Forum, seul syndicat dirigé par des femmes, compte 85 000 adhérents, pour la plupart incapables de payer la moindre cotisation, car disposant à peine de quoi manger. Pour la seule année 2009, il a déploré huit morts et plusieurs centaines de blessés dans ses rangs. Et, s’il a fait libérer sous caution 1 015 autres membres, près de 2 000 sont restés sous le joug de poursuites, qu’ils soient en prison... ou passés dans la clandestinité.

M.P.

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Numéro 88, juin-juillet-août 2013