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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 88, juin-juillet-août 2013

Besançon : ras le bol à l’hôpital : des services relèvent la tête

Mis en ligne le 17 juin 2013 Convergences Entreprises

Depuis la mi-mai, la colère monte au CHU de Besançon. Le personnel du laboratoire de bactériologie a ouvert la danse en se mettant en grève à 95 % les 23 et 24 mai pour obtenir le remplacement des absences. Ce problème touche toutes les catégories de personnel : des secrétaires aux techniciennes en passant par les agents chargés de faire les milieux de culture et ceux de la laverie. Tous travaillent en permanence en sous-effectif et n’ont plus le temps d’assurer la formation d’autres collègues. Dans certains secteurs, si les techniciennes ne peuvent plus faire les analyses, ces dernières sont envoyées dans un hôpital lyonnais, ce qui revient beaucoup plus cher. Quant aux camarades qui s’occupent du ménage, elles n’ont plus le temps de le faire ! Mais, pour la directrice des relations humaines, le remplacement d’un congé maternité sur deux, c’est déjà supérieur à la norme. « Il faut faire du mieux possible avec ce qu’on a », dit-elle. Les collègues ont profité de leurs journées de grève pour faire le tour des laboratoires et inviter à une réunion le 30 mai. Cette réunion a permis de confirmer une chose : tous les laboratoires subissent cette situation de sous-effectif.

Des labos aux salles de réveil…

Le même jour, les collègues des salles de réveil pour adultes se réunissaient pour envisager une action contre le manque d’effectif dans leur secteur.

En effet, il était prévu 38 lits pour assurer la prise en charge des patients sortant des blocs opératoires. Mais, faute de personnel, tant d’infirmières anesthésistes que d’aides-soignants, seuls 28 lits sont ouverts, quand ce n’est pas 25, alors que l’activité en bloc opératoire reste constante. Cela provoque un engorgement des salles de réveil et des blocs opératoires, où les patients peuvent attendre jusqu’à deux heures avant de pouvoir être pris en charge.

… et aux blocs opératoires

Depuis qu’ils ont déménagé dans leurs nouveaux locaux, les employés des blocs opératoires ont vu leurs conditions de travail se détériorer toujours plus. Les locaux sont immenses ; nous sommes sans cesse en train de courir et on nous impose de devenir polyvalents sans formation. Si l’on nous demande d’aller servir pour l’opération d’un crâne alors que nous travaillons dans une équipe de chirurgie digestive, ce n’est plus le même travail. C’est déstabilisant et stressant pour toute l’équipe. Pour former quelqu’un correctement, il faut environ six mois alors que là, nous devons nous contenter de quelques jours. Tout cela entraîne un absentéisme très important qui provoque des modifications de planning du jour au lendemain ou des astreintes à reprendre. Tout le monde est à bout. Une infirmière du bloc opératoire raconte qu’elle est restée trois jours sans avoir le temps de préparer la stérilisation de son matériel ; cela arrive régulièrement. Il faut alors arrêter d’opérer pour pouvoir le faire. Et, s’il n’est pas formé, le camarade du bloc de chirurgie digestive ne peut pas venir faire la stérilisation dans celui de traumatologie.

Les patients s’entassent dans les couloirs et le personnel n’a plus le temps de faire le ménage. À l’entrée des blocs, il y a un immense hall qui « accueille » les malades, mêlant des jeunes aux patients plus âgés, des femmes et des hommes, de jeunes femmes devant subir un IVG à des hommes plus âgés venant pour une opération de la prostate, et cela sans aucune séparation entre eux... Bonjour l’humanité !

Le manque de personnel est généralisé sur tout l’hôpital et l’immense majorité des services travaille dans ce genre de conditions : ainsi, les agents de services hospitaliers (ASH) du pôle Cardiologie-pneumologie doivent se remplacer entre elles, même si cela implique que le ménage d’un service n’est plus fait pendant plusieurs jours.

Pour la direction, une seule chose compte : le budget à tenir.

31 mai : accueil de la ministre

Le 23 mai, le personnel de plusieurs blocs opératoires s’est réuni. Une journée de grève a été décidée pour le 31 mai, jour de la visite de la ministre de la Santé, Marisol Touraine, qui venait poser la première pierre du futur pôle Cancérologie-biologie. Le principal motif est le même que pour les camarades des autres secteurs : le remplacement, mauvais voire inexistant, des absences.

Le 31 mai, à l’heure de la venue de la ministre, plus de 250 camarades étaient présents avec les représentants syndicaux pour l’accueillir. Huée et slogans : « Marisol, on en a ras‑le‑bol, on n’est pas des guignols ; la politique d’austérité, c’est la mort de la santé. »

La ministre est venue directement vers les manifestants, prête à serrer des mains. Un infirmier la lui a refusée en s’expliquant : « ce n’est pas d’une main dont nous avons besoin, mais de bras pour venir travailler. »

Devant notre colère, la direction s’est engagée à fermer une salle d’opération pendant un mois pour réaffecter le personnel dans les autres blocs ou en salle de réveil. Mais si, dans un mois, les problèmes ne sont pas réglés, nous serons prêts à nous manifester à nouveau.

29 mai 2013, Anne FONTAINE

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Numéro 88, juin-juillet-août 2013

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