Traduction du témoignage d’une enseignante d’Oakland, paru sur le site de nos camarades de Speak Out Now à cette page (cliquer pour y accéder) : Back to school... with Covid. (Crédit photo : Randy Vazquez, Bay Area News Group).
C’est la rentrée des classes en présentiel alors que le variant delta du coronavirus déferle sur le globe. Pour certains, l’été a permis un répit face à l’épreuve de la pandémie – dans de nombreuses régions, les activités d’intérieur ont repris, et à l’extérieur, beaucoup de personnes se déplaçaient sans masque. C’est peut-être cette accalmie temporaire du virus qui a conduit les districts scolaires à rouvrir les écoles sans plan d’ensemble. En août, alors que les cas de contamination malgré la vaccination se multipliaient, les districts et les gouvernements des États ont fait pression pour que la routine continue et que l’on reprenne les cours en présentiel. Ce n’est qu’avec la réouverture des écoles, et la possibilité d’assurer la garde des enfants, que les travailleurs ont pu être contraints de revenir sur leur lieu de travail.
Un retour aigre-doux
Le retour sur les campus a eu un goût aigre-doux pour les étudiants et le personnel. L’espace en deux dimensions de Zoom est incomparable à l’excitation de l’interaction sociale et à la motivation d’un apprentissage en présentiel. Cependant, les plans sanitaires diffèrent grandement d’une école à l’autre au sein d’un même district, ainsi que d’un district à l’autre et d’un État à l’autre. Le District scolaire unifié de Los Angeles est le deuxième plus grand district scolaire du pays et exige des tests hebdomadaires pour tous les élèves. Pendant ce temps, en Floride, les districts scolaires peuvent se voir infliger des amendes pour avoir exigé des masques, et 23 % des enfants ont été testés positifs au virus.
Un cas positif dans une classe signifie que les élèves et le personnel ont été exposés. À Oakland, en Californie, c’est à partir de trois cas dans une classe que la mise en quarantaine de la classe et la reprise d’une nouvelle forme d’enseignement à distance sont exigées, en vertu de la loi SB 130. Cette nouvelle loi de l’État de Californie, adoptée en juillet 2021, élargit la notion datant d’avant la pandémie d’étude autonome. Pourtant, l’étude autonome a une signification différente selon l’enseignant ou l’école. Avant la pandémie, l’étude autonome à Oakland consistait en une liasse de travail, mais celle-ci ne peut suffire lorsque l’exposition au Covid entraîne une quarantaine de deux semaines. Les élèves concernés par la loi SB 130, tenus hors de l’école du fait de symptômes du Covid, reçoivent ainsi peu d’éducation. Une absence de plus de deux semaines compte comme une absence dans le dossier permanent de l’élève, ce qui, en Californie, peut avoir des conséquences punitives.
Et si une classe entière en vient à fermer ? On imagine que l’enseignement à distance sur Zoom se poursuivra. Toutefois, en vertu du SB 130, un minimum hebdomadaire de trente minutes d’enseignement en direct est requis. Les élèves qui ont opté pour l’enseignement à distance reçoivent donc peu d’enseignement en direct. En outre, de nombreux élèves ne disposent plus d’appareils pour participer à l’apprentissage en ligne.
Le mois de septembre est arrivé et les districts scolaires vont continuer à ouvrir dans tout le pays. Le gouvernement fédéral et les médias ne disent pas la vérité sur ce qui se passe dans les écoles qui ont ouvert. Selon les prévisions du CDC [Centres pour le contrôle des maladies et la prévention], 91 % des enfants dans les zones à faible immunité (écoles primaires ou zones avec de faibles taux de vaccination) pourraient être infectés par le coronavirus, 86 % des enfants dans les zones à immunité moyenne (collèges) et 76 % des élèves des zones à immunité élevée (lycées). Le coronavirus se propage dans les écoles de notre pays et l’on comprend mal les conséquences à long terme sur la santé de nos enfants.
En outre, les classes individuelles, les écoles et les districts reviennent à un apprentissage à distance dans tout le pays. Les districts scolaires ont fermé dans près de vingt États différents. Dans certaines régions, comme le Texas, les districts ont complètement fermé parce que les écoles ne sont pas tenues de rattraper les jours manqués en raison du Covid.
Une colère et des revendications à faire connaître
Nous devons obtenir un soutien pour nos étudiants et nos familles. La Californie a eu un excédent budgétaire en 2020 et a injecté des millions dans les districts scolaires, mais cet argent est coincé dans les mains des conseils scolaires et des districts liés à des intérêts particuliers. L’argent doit être utilisé pour les étudiants et les familles. Nous avons besoin de tests hebdomadaires et obligatoires dans toutes les écoles du pays. Nous avons besoin de travailleurs de la santé publique qui suivent les cas sur chaque site et communiquent avec les familles et le personnel au sujet des expositions. Nos écoles publiques sont à pleine capacité depuis des décennies, et nous avons toujours eu besoin de classes moins nombreuses et de plus de soutien. Aujourd’hui, nous en avons plus que jamais besoin pour assurer la sécurité des personnes les plus importantes : les enfants.
1er septembre 2021
Lire aussi les extraits d’une lettre ouverte d’une institutrice d’Oakland
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- États-Unis : « Back to school... with Covid ! » : lettre ouverte d’une institutrice d’Oakland [extraits] — 14 septembre 2021
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