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USA : Les travailleurs rejettent l’accord provisoire et remettent sur la table la perspective d’une grève cheminote nationale

3 décembre 2022 Article Monde

Traduction d’un article de nos camarades de Speak Out Now, publié le 23 novembre.

Cet article de nos camarades américains de Speak Out Now a été publié le 23 novembre. Le mercredi 30, puis le jeudi 1er, les deux chambres du Congrès américain ont voté pour imposer un accord entre les syndicats cheminots et les entreprises ferroviaires, s’appuyant sur le Railway Labor Act de 1926, qui permet au Congrès d’imposer l’acceptation d’un accord provisoire… et donc d’interdire une potentielle grève. L’interdiction ne doit désormais plus que passer par le bureau de Joe Biden. C’est d’ailleurs à l’appel même du gouvernement démocrate – qui était déjà intervenu en proposant l’accord provisoire qui sera probablement imposé – que le Congrès est intervenu. Ceci vaut y compris pour la dite gauche du Parti démocrate : Bernie Sanders a conditionné son vote au fait qu’un décret sur le paiement des arrêts maladies soit proposé au vote… qui a été logiquement refusé par le Sénat à majorité républicaine, pendant que les deux côtés votaient mains dans la main l’interdiction de la grève. La jeune « star » de cette gauche, Alexandra Ocasio-Cortez, s’est, elle, d’abord opposée, avec des tweets médiatisés de soutien aux cheminots… pour ensuite voter avec la majorité de son parti l’interdiction !

Si les cheminots américains maintiennent leur volonté d’entrer en grève malgré les obstacles, ils entameraient un mouvement illégal mais tout à fait nécessaire et légitime. Malgré ce changement de situation, nous reproduisons ici l’article de nos camarades, qui revient sur les conditions de travail, l’accord provisoire, et les arguments des cheminots qui s’y sont opposés.


Les conducteurs et travailleurs de la maintenance affiliés à la branche transport du syndicat des transports, de la métallurgie légère et de l’aéronautique (SMART-TD ) ont rejeté l’accord provisoire qui leur était présenté. Ensemble, ils représentent plus de 30 % des syndiqués du rail.

Avec cela, un peu plus de la moitié des travailleurs du rail ont voté contre l’accord, l’autre moitié ayant voté pour.

Les quatre syndicats qui ont rejeté l’accord, représentant 56 % des syndiqués, sont :

  1. Smart-TD (qui représente 30 % de tous les cheminots syndiqués) ;
  2. la Fraternité des employés de la maintenance des voies (qui représente 19 %) ;
  3. la Fraternité des aiguilleurs (6 %) ;
  4. l’Association internationale des chaudronniers et forgerons (1 %).

Les huit syndicats qui ont voté pour adopter l’accord représentent 44 % des syndiqués :

  1. la Fraternité des cheminots et ingénieurs du rail (20 %) ;
  2. la Fraternité des caristes du rail (7 %) ;
  3. l’Association unternationale des machinistes et travailleurs de l’aéronautique (5 %) ;
  4. la Fraternité internationale des électriciens (5 %) ;
  5. le Syndicat des transports et de la communication (3 %) ;
  6. le Syndicat national des pompiers et huileurs (2 %) ;
  7. la branche « mécano » de Smart (1 %) ;
  8. l’Association américaine des exploitants de trains (1 %).

Il faut ajouter que même dans ces huit syndicats, une petite majorité, souvent très peu supérieure à la moitié, a voté pour l’adoption de l’accord. Donc, même si les médias et l’administration Biden répètent en boucle qu’une majorité des syndicats ont adopté l’accord, ce n’est pas la majorité des cheminots, qui ont toujours collectivement exprimé leur colère et leur insatisfaction face aux entreprises du rail.

L’accord ne répond pas aux principales préoccupations des cheminots, comme les arrêts maladie, le sous-effectif et les plannings chaotiques. Les six dernières années, les plus grandes entreprises ferroviaires ont fait des profits record… et réduit le nombre de salariés de 30 % (environ 45 000 emplois), en laissant les trains circuler avec des sous-effectifs dangereux et en imposant des mesures plus restrictives sur les congés et les pauses.

Résultat : les cheminots ne touchent pas d’indemnités en cas d’arrêt maladie, n’ont pas de plannings fixes et doivent être disponibles 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Ils peuvent avoir des semaines de 80 heures et être absents de chez eux pour plus de 100 heures par semaine.

Ci-dessous, une vidéo dans laquelle des cheminots expliquent leur rejet de l’accord provisoire :

Une grève nationale pourrait donc encore avoir lieu, dès le 4 décembre, la première date à laquelle un des syndicats ayant rejeté l’accord prévoit d’appeler à la grève. Et il est bien probable que même si seulement un des syndicats faisait grève, les membres des douze autres respecteraient les piquets, et que le transport ferroviaire serait de fait paralysé.

Mais les entreprises ferroviaires, poussées par des secteurs reposant sur le fret ferroviaire comme l’agro-alimentaire et la chimie, exercent une pression sur le Congrès pour qu’il empêche la grève en imposant un contrat sur les cheminots, s’appuyant sur le « Railway Labor Act ». Et l’administration Biden, ainsi que des députés, démocrates comme républicains, ont déjà annoncé qu’ils n’hésiteraient pas à le faire en cas de grève.

On ne sait pas comment les choses vont évoluer. Mais on estime qu’une grève des chemins de fer coûterait jusqu’à deux milliards de dollars par jour aux entreprises du rail. Et une telle grève nationale serait une formidable expression de la force des travailleurs. Elle pourrait montrer la voie à des millions d’autres travailleurs qui souffrent des sous-effectifs, des horaires à rallonge et de l’explosion des prix. Les patrons essaient déjà de diaboliser les cheminots qui menacent de grève alors que l’on approche des vacances de Noël. Mais il ne pourrait y avoir de meilleur cadeau pour les travailleurs que donner une bonne leçon aux patrons avec une démonstration de la force de la classe ouvrière.

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