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Ukraine

Sous les pavés de Maïdan, la colère sociale ?

Mis en ligne le 8 mars 2014 Convergences Monde

Ceux qui se sont mobilisés pendant plus de trois mois sur les barricades de Kiev fêtent la victoire. Ils ont chassé le sinistre Ianoukovitch, représentant de cette lignée de nouveaux riches nés du croisement entre ex-bureaucrates de l’Est et capitalistes de l’Ouest. Depuis l’indépendance de l’Ukraine, de grandes fortunes comme la sienne et celle de ses fils se sont érigées sur des coups tordus mais surtout sur l’exploitation des travailleurs. Quand ceux de Maïdan ont organisé le week-end dernier la visite de son palais somptueux aux environs de Kiev, les familles venues là avec leurs gosses, et qui pourtant savaient, n’en croyaient pas leurs yeux.

100 morts pour un simple retour à la case départ ?

Cela dit la victoire a son goût amer, car ceux qui s’installent maintenant au pouvoir sont des khalifes qui briguent la place du khalife. Il existe une grande défiance à leur égard tant ils montrent d’empressement à ce que les manifestants de Maïdan rentrent au plus vite chez eux. Ce à quoi ils sont poussés par les puissances occidentales et le régime russe, qui craignent la rue, disent vouloir préserver l’unité et l’intégrité de l’Ukraine, mais veulent surtout préserver cet ordre mondial nécessaire à la bonne marche de leurs affaires. Car Obama et l’Union européenne d’un côté, Poutine de l’autre, s’ils ont fait monter la mayonnaise entre eux à propos de la mobilisation en Ukraine, sifflent maintenant ensemble la fin de la partie. L’opposition ukrainienne, coalition d’opposants politiques qui vont de nos centristes à l’extrême droite, est donc chargée d’assurer le retour au calme et s’y emploie. En tant que nouvelle majorité au parlement, elle a annoncé des élections présidentielles et législatives pour mai prochain. Elle a libéré Ioulia Timochenko, femme d’affaires et ex-ministre jetée en prison par Ianoukovitch parce qu’elle rivalisait de corruption avec lui. La même opposition a décidé du retour à la Constitution de 2004, instaurée par cette révolution orange prétendue démocratique qui a conduit… à la situation actuelle.

À juste titre, ceux de Maïdan n’ont pas une grande confiance dans les Klitschko, Iatsenouk (ami de Timochenko) ou caïds d’extrême droite qui n’ont pas grand-chose à leur offrir.

La révolte de Maïdan a éveillé d’autres espoirs. Les classes populaires d’Ukraine, qui n’avaient pas la belle vie à l’époque de l’URSS, ont vu leur vie encore bousculée par l’installation du capitalisme. Aujourd’hui 30 % de la population connaît une situation misérable, dont des millions de travailleurs qui ont été licenciés et sont sous la menace de nouvelles mesures d’austérité – celles précisément que l’UE et le FMI exigent pour débloquer des aides. Au point qu’aujourd’hui encore les cadeaux certes très intéressés de Poutine semblent plus avantageux ! Et oui, les nationalistes à tout crin, dont cette extrême droite du parti Svoboda, ont menti comme des cochons en laissant croire que l’« Occident » serait moins rapace que « l’ogre russe ».

…Ou pour un avenir vers une Europe des travailleurs en lutte ?

Il y a eu le Maïdan des podiums et des estrades, de ceux qui ont tenu le haut du pavé. Mais sous les pavés pourtant il y avait la colère sociale semblable à celle des bonnets rouges bretons ou des travailleurs grévistes de Bosnie. Les opposants politiques ukrainiens se sont évertués à la laisser enfouie, sous les prières et l’hymne national, et ont laissé au vestiaire les revendications d’emploi, de salaire, a fortiori les encouragements au contrôle populaire sur les biens accaparés par les oligarques. À commencer par cette extrême droite qui trépigne mais cherche aussi et surtout sa place dans un gouvernement.

À l’heure où nous écrivons, le bras de fer n’est pas terminé. La mobilisation qui a renversé un tyran peut davantage encore. Et pourquoi pas, à plus ou moins court terme, se muer en élan populaire massif, non pas vers l’Europe des Merkel ou Hollande, mais vers celle de millions de travailleurs de France, d’Italie ou de Grèce, soumis aux mêmes diktats de l’oligarchie capitaliste.

Éditorial du 24 février 2014 des bulletins d’entreprise L’Étincelle

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Numéro 92, mars 2014