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DOSSIER : Le nucléaire en question

Sortir du nucléaire ? La question essentielle : qui contrôle quoi

Mis en ligne le 22 avril 2011 Convergences Société

Après l’accident de Fukushima, plusieurs États semblent avoir envisagé une remise en cause de leur programme nucléaire. Au point que Sarkozy s’est précipité à Pékin pour convaincre les autorités locales que le nucléaire tricolore serait le plus sûr du monde.

Pas de quoi cependant alarmer Areva : dans un document interne, le géant français du nucléaire note en effet qu’« il n’est pas question, hors du Japon, d’annuler des programmes de nouveaux chantiers ou de stopper des constructions en cours ». [1]

Des experts… intéressés

C’est face à l’inquiétude du public que le lobby du nucléaire a multiplié les offensives médiatiques.

Comparée à l’après-Tchernobyl, il y a vingt-cinq ans, la communication a radicalement changé (il est vrai qu’Internet est passé par là...) : les organismes concernés en France, tout comme l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), publient des communiqués, organisent des points de presse, diffusent des résultats de mesures… et regrettent même de ne pas en recevoir suffisamment du Japon ! La situation s’y prête et le discours est uniforme : hors du Japon, et encore, pas de problème. [2]

Restait à défendre les mérites du « nucléaire français ». Pour cela, Anne Lauvergeon, présidente d’Areva, a été traitée sur les plateaux de télévision à l’égal d’un ministre, sinon mieux.

Aux couleurs d’Areva, l’électricité nucléaire devient ainsi verte, renouvelable, pas chère, etc.

Disponible, aussi ; une façon de nous resservir le vieux chantage exercé par des « experts » qui, pour la plupart, émargent directement ou indirectement au budget des industriels du secteur : « Le nucléaire ou la bougie ». Comme s’il n’existait vraiment aucune alternative.

Il va de soi qu’il est impossible de fermer du jour au lendemain toutes les centrales nucléaires dans un pays comme la France, où la part du nucléaire dans la production d’électricité frise les 80 %.

Pourtant, à l’échelle mondiale, cette part n’est que de 14 %, pour quelque 440 réacteurs. Il est donc permis de se demander s’il est vraiment opportun de continuer à couvrir la planète de centrales, du moins tant que l’on ne dispose pas de toutes les assurances de sécurité.

De même que le lobby des pétroliers a toujours freiné les recherches et l’utilisation de produits de substitution, celui du nucléaire a tout intérêt à dénigrer toute proposition, toute recherche, toute initiative visant à utiliser d’autres sources d’énergie.

Un autre obstacle mis souvent en avant est le coût prohibitif du démantèlement d’une centrale nucléaire. Ce coût fait même partie des secrets d’État, et vient sérieusement contredire l’argumentation qui s’appuie sur le caractère prétendument économique du nucléaire. Économique dans l’immédiat peut-être… Mais à long terme ?

Donner à la population la possibilité de décider en toute connaissance de cause

Dans une société socialiste, gérée en fonction des intérêts généraux de la population et sous son contrôle, il serait possible d’adopter démocratiquement, en toute connaissance de cause, les solutions les mieux adaptées à la sécurité collective comme aux besoins sociaux. Les ingénieurs et techniciens les plus compétents devraient régulièrement fournir des informations, rendre des comptes publics et soumettre leurs propositions et réflexions aussi bien aux travailleurs du nucléaire qu’à l’ensemble de la population. Un tel contrôle serait parfaitement réalisable dans une société où le pouvoir appartiendrait aux travailleurs et non à une minorité de capitalistes et de hauts technocrates à leur service.

Aujourd’hui, dans la société actuelle, nous devons exiger la transparence, le contrôle par les travailleurs et l’arrêt de la sous-traitance qui expose les salariés les plus précaires aux risques les plus importants. Mais sans oublier que cette transparence ne sera jamais complète tant que le pouvoir sera détenu par la classe capitaliste. Dans l’état actuel des technologies, il semble raisonnable de tout mettre en œuvre pour réduire progressivement la part du nucléaire dans la production d’électricité jusqu’à ce que la population soit en mesure de décider en toute connaissance de cause.

George RIVIERE


[1Impact of Fukushima event on nuclear power sector - Preliminary assessment – AREVA – 25 mars 2011

[2Mais, en 1986, le Pr. Pellerin, qui se chargeait en France de la communication sur l’accident de Tchernobyl, expliquait que « ça ne menace personne actuellement, sauf peut-être dans le voisinage immédiat de l’usine, et encore ; c’est surtout dans l’usine que je pense que les Russes ont admis qu’il y avait des personnes lésées » (TF1, le 29 avril 1986).

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Numéro 75, avril-mai 2011

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