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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 26, mars-avril 2003 > Chômage et licenciements

Chômage et licenciements

SNCF : effectifs et salaires dans le collimateur

Mis en ligne le 23 mars 2003 Convergences Entreprises

En annonçant cette année une baisse des effectifs de 1300 qui viennent s’ajouter aux 1000 de l’an passé, la direction de la SNCF s’attaque à l’ensemble des cheminots. Une catégorie est particulièrement visée, celle des conducteurs : 400 personnes de moins à la Traction (dont 370 mécanos) et 700 de moins l’an prochain. Cela malgré une hausse prévue des trafics de 2 à 3% selon les secteurs.

La SNCF a commencé à s’en prendre aux élèves conducteurs : bien que recrutés et formés à Brive ou Limoges, des jeunes reçus à l’examen ont appris qu’il leur fallait accepter une mutation d’office pour Paris, le Nord ou l’Est, et cela pour un minimum de 24 mois. La direction le justifie en avançant que 16 régions sur 25 seraient « excédentaires ». 140 élèves seraient ainsi concernés. Un avant-goût de la réforme de la Traction que la direction souhaitait mettre en pratique dès la fin mars.

Tripatouillages sur les primes

Dans son projet de prétendue « modernisation de la Traction », la direction se propose de réformer la prime de Traction. Certes le mode de calcul de cette prime (une prime importante, entre 30 et 40% du salaire du mécano) est devenu complètement caduc ; il est basé principalement sur le nombre de kilomètres parcourus par le conducteur. Or avec le développement des TGV, il ne peut plus y avoir de commune mesure entre la prime d’un TGViste et celle d’un conducteur de banlieue.

Mais au nom du rééquilibrage entre les différentes catégories de conducteurs, la direction propose de remplacer un mode de calcul injuste et fondé sur la productivité par un autre… qui l’est tout autant. La variable principale ne serait plus les kilomètres mais le « temps en tête » c’est à dire le temps de conduite effectif. D’autres primes s’y ajouteraient en fonction de l’amplitude journalière, de la conduite agent seul, d’horaires de nuit… Toutes ces primes variables composeraient 70% de la nouvelle prime traction, resterait donc seulement une part de 30% en moyenne garantis et fixes. Une façon de river davantage les mécanos à leur machine pour tenter de les faire « produire » le plus possible.

Manipulations sur les horaires

Dans le même sens la direction s’attaque aussi aux conditions de travail, aux grilles de roulement et aux horaires des conducteurs. Elle souhaite des mécanos disponibles et encore plus flexibles qu’ils ne le sont. Par exemple, au Fret elle envisage de créer des journées « enveloppes », où seules la prise et la fin de service seraient programmées, pas le contenu. Elle envisage aussi de créer une réserve d’agents de conduite commandés la veille pour le lendemain où même les jours de repos ne seraient plus définis à l’avance. Cela reviendrait à casser toutes les normes qui permettent encore actuellement aux conducteurs d’organiser leur vie privée malgré des emplois du temps fous.

Par ailleurs c’est la chasse aux temps morts ou prétendus tels. Une partie de la charge de travail des mécanos, comme préparer les trains ou aller les chercher… serait confiée aux conducteurs de manœuvre. Une « promotion » à bon compte puisque ces derniers sont astreints à des journées plus longues pour une paie plus petite que les mécanos.

Et comme il n’y a pas de petites économies, la SNCF envisage aussi de rogner sur la formation : elle vise « à la réduction globale des besoins (…) en réduisant la dispersion des connaissances nécessaires à chaque roulement ». En clair : des conducteurs moins polyvalents, coûteraient moins cher à former et pourraient être « spécialisés » sur un type de matériel pour le fret, les grandes lignes ou les transports régionaux.

Ne pas se faire rouler ?

Ce projet n’est pas encore passé dans les faits. Les syndicats l’ont tous dénoncé et la direction doit revoir sa copie d’ici avril. Mais derrière le refus unanime en apparence chaque syndicat avance des critiques et des propositions différentes. Par exemple sur la prime, aucun syndicat n’en dénonce le principe qui favorise le corporatisme et la productivité. Aucun ne réclame une prime fixe et intégrée complètement au salaire, ce qui permettrait de garantir celui-ci quel que soit le travail effectué. Mais la FGAAC assez radicale sur le ton défend avec la CGC le… statu-quo. La CGT plus embarrassée, énumère les « avantages » et « inconvénients » du projet sans trop se mouiller. Même Sud qui jusque là revendiquait l’intégration des primes au salaire se contente de revendiquer avec la CFDT et l’Unsa qu’une part plus grosse de la prime (66%) soit fixe.

Pour l’instant si les mécanos sont inquiets, si certains sont conscients que c’est un mouvement d’ensemble qu’il faudrait, d’autant plus que se profile aussi la question des retraites, c’est au coup par coup, dépôt par dépôt, qu’ils ont réagi aux attaques sur les effectifs ou la nomination des nouveaux. Ils ont aussi répondu présents et nombreux à toutes les journées d’action proposées par les syndicats depuis la rentrée. Mais les journées se succèdent et… la direction avance ses pions.

13 mars 2003

Cécile BERNIER

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