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Ukraine

Manifestations de masse dans tout le pays contre les licenciements : Bosniaques, Croates et Serbes tous ensemble, ouais !

Mis en ligne le 8 mars 2014 Convergences Monde

Presque 20 ans après la fin de la guerre en ex-Yougoslavie, les privatisations, le marché « libre » et les fortes pressions de l’Union européenne (UE) pour imposer toujours davantage de sacrifices aux peuples ont entraîné chômage, faim et pauvreté, dans l’actuelle Bosnie-Herzégovine et plus largement dans toute la région.

Vague de licenciements… et de colère !

Une nouvelle vague de licenciements, en ce début février, a déclenché des manifestations de masse dans la ville de Tuzla, au nord de la Bosnie, qui se sont rapidement propagées dans tout le pays. L’annonce de la faillite de cinq grosses entreprises a d’un seul coup menacé plus de 10 000 emplois, dans une ville de 120 000 habitants !

Depuis la fin de la guerre de Yougoslavie en 1995, sous la pression de la Banque mondiale et de l’UE, de nombreuses entreprises ont été privatisées, le plus souvent vendues au-dessous de leur valeur à des groupes étrangers. Ceux-ci les ont savamment liquidées : soit pour laver de « l’argent sale », soit pour vendre des bâtiments avec profit. Sans aucun souci évidemment des emplois perdus. C’est pourquoi en Bosnie le chômage dépasse aujourd’hui 44 % et atteint 60 % chez les jeunes. Des salariés peuvent aussi rester des mois sans salaire : à Tuzla par exemple, 50 mois entiers sans être payés pour certains ! Beaucoup de gens doivent se contenter d’un salaire moyen de 520 euros par mois, alors que le coût de la vie est similaire à celui de l’Europe occidentale.

C’est pour protester contre ces conditions de vie que travailleurs, étudiants, retraités et chômeurs sont descendus tous ensemble dans la rue : « 50 000 dans la rue pour un avenir meilleur », ont-ils scandé. Ils exigent l’annulation des privatisations, une limitation du salaire des politiciens, du travail et la sécurité sociale pour tous ! Ils ont également occupé des bâtiments gouvernementaux et bloqué des rues. Ce à quoi le gouvernement a répondu par la répression. À Tuzla, plus de 130 personnes ont été blessées, lors des deux premiers jours de manifestation…

Les Balkans, colonie de l’UE ?

Les contours de l’État ont été fixés par les accords de Dayton de 1995, qui ont taillé le tracé de nouvelles frontières, imposé une tutelle de l’ONU et de l’UE, décidé de l’architecture étatique. Un genre de gouvernorat colonial a été mis en place : un « Haut-représentant international » nommé par les grandes puissances peut abolir des institutions bosniaques, révoquer des représentants du pays ou introduire des lois, de sa propre autorité. Il est épaulé par des troupes de l’Union européenne qui continuent de stationner en Bosnie. Le Haut-représentant Valentin Inzko envisage aujourd’hui d’envoyer des troupes... pour écraser les mouvements de protestation !

Il faut préciser que ces institutions internationales n’ont pas davantage réglé les questions de cohabitation entre les différentes nationalités – Croates, Serbes et Bosniaques musulmans –, envenimées par des années de guerre sanglante. Les appareils politiques locaux n’ont cessé d’exploiter et d’attiser les nationalismes, pour diviser et faire passer au second plan les vrais problèmes d’exploitation et d’injustices.

Et si le mot « balkanisation » passait bientôt à la poubelle ?

Mais il semblerait bien que les voiles tombent. La protestation a brisé les carcans ethniques et régionaux. C’est en cela qu’à ce jour elle est exceptionnelle. Dans trente-trois villes bosniaques comme Sarajevo, Zenica, Bihac ou Mostar, des travailleurs et des jeunes luttent ensemble. À Mostar où, depuis la guerre, les conflits ethniques n’avaient pas cessé, Croates et Serbes ont manifesté et scandé ensemble « Mort au nationalisme ! », « Y en a marre des charognards ! » ou « Voleurs ! Voleurs ! », à l’adresse des propriétaires des grands groupes capitalistes et des politiciens.

Ces mouvements de protestation marquent, espérons-le, le début d’un mouvement dépassant les nationalismes, pour leur substituer la solidarité dans la lutte de tous les exploités. Ce serait un immense espoir.

19 février 2014, Kati KLEE

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Numéro 92, mars 2014

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