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Accueil > Convergences révolutionnaires > Numéro 55, janvier-février 2008

Editorial

Les municipales, une occasion manquée ?

Mis en ligne le 17 janvier 2008 Convergences Politique

En cette période où tout semble se nouer autour du pouvoir d’achat, qui se dégrade alors que Sarkozy avait promis son amélioration, les révolutionnaires pourraient se saisir des prochaines élections, c’est-à-dire d’un moment privilégié où des millions de travailleurs prêtent mieux l’oreille à la politique, pour affirmer l’urgence des objectifs en matière de salaires, retraites, emploi, logement, contrôle des travailleurs sur la production et les investissements, et la nécessité d’une lutte d’ampleur nationale pour les arracher. L’enjeu est de présenter au monde du travail le programme qui lui permettrait de sortir la tête de l’eau, et la possibilité, en votant pour ce programme, d’un geste qui, s’il était significatif, l’aiderait à se faire craindre des possédants et de leurs représentants politiques.

Se faire craindre de Sarkozy et son équipe, dont les attaques fusent, visant toutes à réduire le niveau de vie des classes populaires au profit du patronat, en votant clairement contre les listes municipales aux couleurs de l’UMP (ou autres ralliés à Sarkozy), qui soutiennent ce gouvernement.

Se faire craindre également de la gauche, regroupée derrière un PS dont les dirigeants approuvent implicitement ou même explicitement les prétendues réformes de Sarkozy, ne lui reprochent que la méthode employée pour pressurer les travailleurs encore davantage.

Qu’importe qu’il s’agisse d’élections municipales, prétendument « locales » et non nationales ! Puisqu’il n’y a pas de solutions locales à des maux qui découlent d’un système général d’exploitation et d’enrichissement des plus riches, au détriment des prolétaires et de leurs familles. Et puisque les maires des villes d’importance sont des notables, responsables des partis qui se relaient au pouvoir, souvent députés, parfois ex-ministres… à gauche comme à droite.

Les révolutionnaires seuls, se présentant avec leur programme et sous leur nom, peuvent faire la différence dans cette arène.

Les révolutionnaires, c’est-à-dire LO et la LCR, auraient dû et pu se présenter ensemble, quelles que soient leurs divergences et orientations propres par ailleurs, sur des listes à l’intitulé et au programme indiquant clairement leur choix de classe – et donnant la priorité aux objectifs nationaux. Dans ces municipales qui exigent de longues listes de candidats, l’alliance quand elle est politiquement possible augmente le nombre de villes où l’extrême gauche peut se présenter, renforce l’impact politique national, peut augmenter les suffrages obtenus et, pourquoi pas, les élus dont l’action pourrait ensuite prolonger la campagne..

Mais ce n’est pas ainsi que les choses s’annoncent.

Notre organisation Lutte Ouvrière, invoquant que la LCR plaçait les municipales dans le cadre d’un parti à construire, a décliné a priori tout accord avec cette dernière. Mais pas seulement pour annoncer qu’elle présenterait ses propres listes. Pour dire qu’elle envisageait également, dès le premier tour, de solliciter place éligible sur des listes de gauche, du PS ou du PC (qui se retrouveront de toute façon ensemble au second).

Certes, à la différence de la LCR, le PC n’ose parler de parti à construire… lui qui s’est plutôt autodétruit par des décennies d’alliance à vocation gouvernementale avec le PS. Mais, autre différence, et d’une autre importance, il ne se présente pas non plus sur un programme qui prône les luttes et le mouvement d’ensemble, et pas plus des objectifs qui changeraient vraiment et immédiatement la conditions des salariés et des pauvres. En fait si le PC accepte ici ou là des candidats de Lutte Ouvrière (ou de la LCR) sur ses listes, c’est, surtout dans les villes dont il tient encore la mairie, pour s’imposer à son allié le Parti socialiste. Tout est donc bon pour tenter de résister, y compris un zeste d’extrême gauche sur la liste, sans que rien ne puisse garantir à LO de garder bonne place au second, lors des fusions de listes entre PC, PS et quelques autres – selon les résultats du premier tour. Et, dans l’autre sens, en cas de liste commune, c’est également pour affaiblir son allié PC, que le PS peut être amené à accepter lui aussi de prendre un ou une candidate LO.

Ainsi, la LCR ayant déjà annoncé que là où elle aurait dépassé les 5 % au premier tour, elle ne reculerait pas devant des « accords tactiques » pour figurer en position éligible sur une liste de gauche au second, il est tout à fait envisageable que des notables socialistes deviennent arbitres pour décider qui, de LO déjà présente au premier tour ou de la LCR arrivée avec un bon score au deuxième, sera la mieux placée dans sa liste de mariage. Du théâtre de boulevard politique où malheureusement seule l’extrême gauche risque d’être cocufiée.

Car même si l’orientation de LO en direction de la gauche était couronnée de succès, son apparition propre et sa campagne électorale en serait d’autant plus émoussée. Et de même d’ailleurs de la politique à venir de militants qui se seront présentés en proclamant que leur but est de permettre à la gauche de « reprendre des municipalités que la gauche avaient perdues en 2001, voire pour en gagner sur la droite » .

Il est difficile en cette mi-janvier de dire ce que seront les campagnes des révolutionnaires, LO et LCR, si ce n’est qu’elles seront séparées et probablement embrumées par les tactiques de compromis avec la gauche, de premier ou de deuxième tour.

Pour ce qui est de la LCR, il est à craindre que si elle réussit à se présenter au premier tour dans un grand nombre de villes, elle le fasse sous sa griffe « 100 % à gauche » qui n’est pas un positionnement de classe, ou sous une étiquette encore plus floue en cas d’alliances avec des « associatifs », écologistes, ou autres « citoyens » qui voudront mettre en avant des catalogues en faveur de crèches, espaces verts, etc. plutôt qu’un programme de défense des intérêts généraux des travailleurs. Comme il est à craindre que son projet d’utiliser cette campagne pour regrouper « large » dans un futur parti, ne l’incite à montrer davantage son profil « gauche de la gauche » que son profil révolutionnaire.

L’occasion qu’aurait pu constituer ces municipales pour les révolutionnaires s’annonce comme un beau gâchis. À moins d’un retournement, même de dernière minute, pour une orientation lutte de classe sans ambiguïté, l’éventuelle bonne surprise ne peut plus venir que de la fraction la plus mécontente de la classe ouvrière et de la jeunesse dont la colère contre Sarkozy mais aussi contre Royal ou Fabius, et leurs relais dans les directions syndicales qui ont nom Thibault, Mailly ou Chérèque, s’exprime par des bulletins de vote LO et LCR, là où ils seront vraiment distincts de ceux de la gauche… en attendant de le faire partout dans la rue et par la grève.

Le 13 janvier 2008

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Réactions à cet article

  • Les questions posées aux communistes révolutionnaires aujourd’hui sont nombreuses. D’où des divergences qui se traduisent par des exclusions, et parfois aussi des regroupements qui ne se font pas sur l’essentiel.

    L’organisation, l’appareil est le plus important pour Krivine, Laguiller,comme jadis pour la SFIO et le PCF. Mais les majorités ne sont pas forcément plus fidèles à l’intérêt de la Classe ouvrière vue dans son ensemble. Pourquoi s’allier avec un PS et un PCF qui n’aspirent à rien de plus qu’à conserver leurs sièges, mais n’ont pratiquement aucun programme politique capable d’attirer les voix et encore moins la volonté de satisfaire de vraies revendications : salaires, emploi, droits de l’homme et du citoyen, paix ?

    LO... LCR... UOP... On jugera les uns et les autres sur leur action et pas seulement sur leur programme.

    Ces élections municipales sont un révélateur de beaucoup d’échecs anciens dans la construction d’un parti authentiquement ouvrier, communiste et révolutionnaire. Faute d’une analyse précise de la situation des partis de gouvernement et de ceux de l’opposition, de leurs différences (leurs électeurs et leur histoire)comme de leur intérêts communs en terme de pouvoir sur la Classe ouvrière, au service des trusts capitalistes.

    Un parti n’est pas un syndicat, et on ne fera pas non plus l’économie de la critique des bureaucraties syndicales auxquelles tous nos « petits chefs » sont liés.

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  • Les municipales, suite du naufrage de la gauche. Peut-être le PS et le PCF conserveront-ils leurs municipalités et même en retrouveront-ils certaines. Mais le vrai naufrage qui se fait plus précis, moins d’un mois avant que les électeurs ne courrent accomplir leur fameux devoir, qui est aussi un des rares droits qu’ils aient de choisir entre 4 ou 7 citrouilles laquelle est la plus mure, c’est que les Fadela Amara et Patrick Besson sont partout. Autrefois, on disait des « renégats » mais il aurait fallu pour ça qu’ils aient été vraiement de gauche un jour. La confiance que LO, LCR et autres groupes dits d’extrême-gauche et trotskistes, ont manifesté à Fadela défenseuse des femmes était manifestement exagérée. Celles qui défilaient le 8 mars avec elle doivent se demander ce qu’elle feront cette année d’élections. En 1917,le 8 mars commençait la Révolution russe. Les femmes, Boutin s’en occupe... très religieusement. On peut être ministre de Sarkozy et de gauche, dit Fadela. Mais pour être ministre des banlieues, il faut avoir des sous à distribuer. Sinon c’est du vent...

    Les municipales sont comme l’élection présidentielle de 2002. Au 2e tour, s’il n’y a pas de candidats digne de nos voix. Il faut la boycotter pour entamer des luttes plus concrètes. C’est par la grève générale qu’on peut gagner sur les salaires, contre le chômage, les lois racistes et expulsions, et toutes les guerres de la France tricolore qui répandent la misère et la haine dans le monde.

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