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DOSSIER : France, Europe, États-Unis. Une même sale politique anti-migrants

Les migrants, nouveaux boucs émissaires de la Macronie ?

Mis en ligne le 29 octobre 2019 Convergences Politique

Alors que Macron a amorcé un virage xénophobe, la situation des migrants refoulés aux portes de l’Europe s’est dégradée depuis plusieurs mois.

Loin de notre regard, la vraie crise

La Libye est sortie des écrans radar. Combien de bateaux partis de ses rives font naufrage en Méditerranée ? Combien de passagers meurent ? On n’en saura peut-être jamais rien. Envers et contre tout, une poignée de sauveteurs continuent de prendre la mer, quitte à braver des sanctions judiciaires comme la capitaine Carola Rackete. Entre l’Italie de Salvini, qui bloquait encore cet été les bateaux dans ses ports, et la France de Macron qui n’accepte qu’au compte-gouttes les rescapés secourus, les États d’Europe portent une responsabilité écrasante dans ces disparitions.

Il en va de même pour les réfugiés qui tentent d’échapper au chaos syrien. L’Union européenne a passé un accord avec la Turquie pour que celle-ci les contienne sur son sol. Ils sont ainsi au moins 3,6 millions selon les estimations de l’ONU, et sans doute plus, à vivre dans des camps turcs. Ces dernières semaines, plusieurs milliers sont parvenus jusqu’en Grèce. Le nouveau gouvernement de droite marche sur les brisées du précédent, celui de Tsípras. Alors que ce dernier faisait volte-face et appliquait une austérité impitoyable, il n’a pas manqué d’adopter une politique musclée envers les migrants. Les camps dans lesquels on parque les réfugiés, d’abord sur les îles grecques de la Mer Égée à quelques encablures de la Turquie, sont surpeuplés. On y fait la queue plusieurs heures devant les toilettes, les douches ou pour prendre un repas. À l’approche de l’hiver, certains n’ont qu’une toile de tente pour s’abriter. Début septembre, un incendie a ravagé le camp de Moria dans l’île de Lesbos, tuant plusieurs personnes et provoquant une émeute parmi les réfugiés désespérés de croupir dans cette prison qui ne dit pas son nom.

Un réfugié sur deux arrivant en Europe est aujourd’hui un enfant. À Moria, plus de 500 mineurs sont arrivés sans parents. Il n’y a de place dans la section B du camp, encadrée par des travailleurs sociaux, que pour 160 d’entre eux. Les autres sont exposés à tous les dangers : réseaux de prostitution ou de vol, racket, viols, etc. Les violences sont quotidiennes. Celles-ci, tout comme les noyades en Méditerranée, ne sont pas des accidents. C’est le fruit d’une politique consciemment menée par les dirigeants européens, de concert avec ceux des rives sud et est de la Méditerranée, pour verrouiller les frontières. Le Premier ministre, Édouard Philippe, a ainsi indiqué à l’Assemblée nationale le 7 octobre qu’il veut conditionner l’aide publique au développement (APD) – ces miettes avec lesquelles le gouvernement fait chaque année la charité auprès de quelques pays pauvres – à des accords pour empêcher le départ de leurs habitants vers l’Europe.

Macron démagogue

Après deux ans et demi d’attaques incessantes contre le monde du travail, Macron sent bien que l’usure du pouvoir pourrait l’envoyer rapidement dans les poubelles de l’histoire, au plus tard à la prochaine élection présidentielle. Macron est prêt à tout pour se débarrasser de son étiquette de « président des riches ». Comme Sarkozy, puis Valls, avant lui, il s’imagine que le meilleur moyen d’y arriver est reprendre à son compte le fonds de commerce de Le Pen : « Les bourgeois n’ont pas de problèmes avec [l’immigration]  : ils ne la croisent pas. Les classes populaires vivent avec » ; « La question est de savoir si nous voulons être un parti bourgeois », a-t-il affirmé devant les députés LREM le 16 septembre.

Pour ce qui est de cette dernière interrogation, la réponse ne fait aucun doute : LREM fait le job pour le CAC 40 et la grande bourgeoisie. En témoignent par exemple les statistiques sur les bénéficiaires de sa politique fiscale : ce sont les 0,1 % des Français les plus riches qui y ont vraiment gagné, et les 20 % les plus pauvres qui y ont perdu.

Mais le propos est, comme l’a à juste titre souligné Christiane Taubira, une « insulte aux classes populaires qui aident les réfugiés ». Ce n’est pas dans les quartiers où vivent les immigrés que le racisme est le plus fort. Et il faut vraiment être un bourgeois pour ignorer que ces derniers sont tout autant – sinon plus – perméables au racisme que les travailleurs. Qui se plaint que sa propriété perd de sa valeur à cause d’un camp de gens du voyage installé un kilomètre plus loin, sinon les possédants ?

Macron veut faire diversion aux réels problèmes des travailleurs en s’imaginant que cela fera oublier les attaques sans précédent qu’il a portées contre notre niveau de vie ! Les Gilets jaunes, que Macron taxait de racisme, n’ont pas mis en avant la restriction de l’immigration, mais des mesures « sociales ». C’est le même Macron qui a été tenté de faire l’inverse lors de son Grand débat, rejoignant ainsi les efforts de bien des militants d’extrême droite pour tenter de distiller ce poison parmi les Gilets jaunes. En vain. Mais il n’a pu éluder ce qui avait poussé ces derniers dans les rues : l’impossibilité de joindre les deux bouts, de vivre correctement de son travail.

Et le patronat dans tout ça ?

Le patronat se montre peu loquace sur les migrations. Là encore, le gouvernement fait très bien le travail à sa place. Les divisions entre travailleurs français et immigrés entravent leurs mobilisations. Et plus l’exploitation s’intensifie, plus il faut inoculer aux uns le poison du racisme et de la xénophobie et aux autres le sentiment de leur isolement dans le pays d’accueil.

Pour le reste, le patronat apprécie à sa juste valeur le but des lois passées contre les migrants : précariser les conditions de vie en France des travailleurs immigrés. Donc faciliter leur exploitation au travail.

Lutter pour que les migrants disposent des mêmes droits que les natifs, c’est permettre à chacun de mieux se défendre, c’est faciliter l’unité indispensable du monde du travail pour s’opposer au joug des capitalistes. C’est préparer notre victoire à tous.

Mathieu Parant

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Numéro 129, novembre 2019